Un milliardaire bulgare veut s'offrir Luis Fernandez
CSKA Sofia
ROISSY, VENDREDI dernier, 16 H 30. Luis Fernandez quitte la France. Après une escale à Munich, l'ancien entraîneur du PSG, accompagné d'Eric Blondel, son homme de confiance, atterrit à 22 h 25 à Sofia où l'attend Vassil Bojkov, le milliardaire le plus populaire du pays.
Les deux hommes se sont rencontrés deux semaines plus tôt dans les salons cossus du Plaza Athénée à Paris. Bojkov est le président du plus prestigieux club bulgare, le CSKA Sofia. Propriétaire de la plupart des casinos de son pays, il a également racheté certaines entreprises d'Etat, dont celle qui régit les autoroutes. Sa fortune personnelle est estimée à plus de 800 millions d'euros. C'est le Roman Abramovitch bulgare. Comme le milliardaire russe, Bojkov a un hobby, le football, et un rêve, voir son club briller en Ligue des champions.
Il aura les pleins pouvoirs sportifs , mais il réfléchit Le CSKA est premier de son championnat, mais l'entraîneur, incapable de mener son équipe au-delà du premier tour de la Coupe UEFA, va être remercié. Aujourd'hui, Bojkov pense que Luis Fernandez est l'entraîneur qui peut mener son club vers les sommets européens. « Monsieur Bojkov veut Luis Fernandez car monsieur Bojkov a l'ambition de disputer la Ligue des champions, explique une femme d'affaires proche du milliardaire, actuellement à Paris pour ficeler le dossier. Luis Fernandez a gagné une Coupe d'Europe et, pour le CSKA, c'est beau. » Il reste à savoir si le CSKA Sofia est assez beau pour Fernandez. Depuis que son contrat avec l'Espanyol Barcelone n'a pas été prolongé, en juin dernier, l'ancien entraîneur parisien voit les propositions se succéder. Jusqu'ici, rien ne l'a emballé. Mais cette fois, vu les sommes en jeu, il hésite.
Le contrat que lui propose Bojkov court jusqu'en juin 2005 (reconduit un an en cas de titre) avec un salaire mensuel de 60 000 €. Surtout, en cas de (probable) qualification en Ligue des champions, ce serait le jackpot : 1 million de dollars (750 000 €) .
<span style='font-size:14pt;line-height:100%'>Luis Fernandez peut tout demander, il aura les pleins pouvoirs sportifs, s'installera avec son staff de quatre personnes et pourra recruter trois stars de renom dès cet hiver.<span style='color:red'>*</span></span>
Mais, pour des raisons familiales, il réfléchit.
Pour se montrer plus persuasif, Bojkov a demandé à Hristo Stoichkov de servir d'intermédiaire. Luis et Hristo, deux vieux amis, ont longuement disserté samedi. L'ancien joueur du Barça a-t-il trouvé les mots justes ? La réponse de Luis est attendue demain. Bojkov croise les doigts. Si Fernandez refuse, il se tournera vers un autre technicien français.
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Dans un entretien au Parisien, Luis Fernandez a annoncé qu’il ne serait plus l’entraîneur du PSG la saison prochaine. «Ma responsabilité est engagée», a-t-il dit. Guy Lacombe pourrait lui succéder.
par Stéphane Dubourdieu
Mais cela suffira-t-il à relancer le PSG ?
Vandystadt
«Je ne pouvais pas réussir seul»
C’est donc 48 heures après une large victoire à Marseille (3-0) que Luis Fernandez a annoncé officiellement une décision qu’il avait de toute façon prise depuis longtemps : il ne sera plus l’entraîneur du PSG la saison prochaine. L'entretien qu'il a accordé à notre confrère du Parisien a été réalisé quelques jours après la défaite face à Guingamp (2-3), mais publié ce 12 mars avec l'accord de l'intéressé.
Amoureux du club («ce maillot rouge et bleu, c’est ma deuxième peau», dit-il), Fernandez a reconnu, dans une sévère autocritique qu’il avait «échoué» dans sa mission et commis des «erreurs de fonctionnement». «Quand on gagne, on est le roi du monde, dans le cas contraire, on se tait (…) L’histoire est toujours racontée par les vainqueurs». Il ajoute : «Je ne pouvais pas réussir tout seul». En fin d’entretien, il dira même ne plus se «reconnaître dans le fonctionnement actuel».
Installations indignes
Luis Fernandez, arrivé au club le 3 mars 2000 pour succéder à Bergeroo, avoue qu’il a peut-être vu trop grand pour un club «exsangue» financièrement. «Lors de ma première venue, j’ai signé et après on m’a précisé que l’on était interdit de recrutement, note-t-il. Cette fois, il y avait des restrictions budgétaires, il fallait faire des économies». Fernandez dit s’être «surimpliqué» mais reconnaît qu’il a «perdu le recul nécessaire pour agir avec lucidité». «On s’est trompé de stratégie, (concernant le recrutement d’Anelka, notamment). Avec la morosité du marché qui s’annonçait, une réflexion globale aurait été nécessaire. Il aurait fallu construire une structure solide, expérimentée avec des Létizi, Pochettino, Heinze, Dehu. Ensuite, nous aurions pu lancer des jeunes. Si vous lancez tous les jeunes ensemble dans le grand bain, ils se noient».
Le cas Ronaldinho
Fernandez a également évoqué l’environnement du club, les supporters qui ont réclamé sa démission après le match de Troyes, en indiquant qu’il ne savait pas s’il avait été recruté pour, dit-il, jouer le rôle de «bouclier entre Canal + et les supporters» ; il a aussi parlé des installations indignes, selon lui, d’un club comme le PSG. «Je les ai montrées à Xavier Couture, et je lui ai dit : «ton fils, tu le laisserais une journée là-dedans?» Il a tourné la tête».
Fernandez évoque aussi ses relations tendues avec Ronaldinho, et reconnaît que s’il avait fallu prendre le Brésilien sous son aile, il l’aurait fait. «Au club, personne ne s’occupe de lui. Moi, le gamin, je le prenais à mon domicile, je lui faisais une chambre et je le restais 24h sur 24h avec lui. (…) Avec un Ronaldinho à 100%, on est champion de France avec 10 points d’avance. Le problème ? Entre son but contre Marseille à l’aller et son match génial au Vélodrome dimanche, il a connu des hauts et des bas. Je suis responsable de son travail quotidien mais je ne peux pas être responsable de ses à-côtés. J’étais son entraîneur, j’aurais dû être son papa et son psy». Fernandez ajoute : «Quand Ronnie est champion du monde, mon staff et moi avons notre part de responsabilité ! Il était resté six mois sans jouer. Nous l’avons remis sur pied. Je n’ai aucune leçon à recevoir sur la gestion du cas Ronnie» Et pour finir, il revient sur le différend avec le Brésilien, né après la victoire contre Lyon (2-0), en décembre. «Il n’a pas respecté le règlement intérieur, cinq joueurs le voient de leurs yeux. Je décide de le suspendre contre Lens. Ma hiérarchie m'en dissuade, et je perd ma crédibilité, je suis déconsidéré (…) On perd 2-3, et dans le vestiaire, le président vient féliciter Ronaldinho». Il s’est également senti abandonné par ses dirigeants lorsque Laurent Perpère, président du PSG, avait déclaré : «Si je dois choisir entre Ronaldinho et Fernandez, ce sera le joueur».
Eludant la question de son avenir personnel, Fernandez - dont le contrat expire fin juin - indique qu’il souhaite «offrir la Coupe de France» au PSG. Par ailleurs, on évoque la possible arrivée de Guy Lacombe la saison prochaine, au poste d'entraîneur.