OM 1899 Collectif Valvert a écrit :Santos Mirasierra pourrait retourner en Espagne purger sa peine de trois et demi de prison ferme. Jugé hier en appel, l’Audience provinciale de Madrid a donc confirmé la condamnation qui annule de fait la libération sous caution.
Il reste légalement vingt jours à Santos pour déposer un « appel d’incidence en annulation », ultime recours pour le Capo des Ultras. Ses avocats ont d’ores et déjà contacté l’ambassade de France en Espagne pour qu’il puisse être le cas échéant incarcéré en France.
On sait que la forte mobilisation des supporters marseillais, appuyée par les dirigeants du club phocéen et relayée par le seul quotidien marseillais « La Provence », avait pu permettre à force de persuasion de faire bouger le pouvoir institutionnel et après beaucoup de tergiversation la presse française dans son ensemble qui aura donc attendu de connaître la condamnation de Santos pour trouver sa situation pour le moins anormale, sinon scandaleuse…
La presse espagnole, elle, de son côté ne s’est pas posée de question et a affiché de manière constante un soutien indéfectible à sa police et à sa justice, parfois de manière si partiale qu’on en serait arrivé à trouver de la qualité a presse française si elle n’avait pas omis de faire son métier et de démontrer que la situation et la condamnation de Santos était tout simplement un véritable dénis de justice et cela tout simplement parce que la Police madrilène n’en était pas à son premier dérapage…
Voici donc les informations et les éléments que vous auriez du pouvoir lire dans vos quotidiens français préférés :
Peu ou plus habitué aux joutes européennes l’Atletico de Madrid a accueilli entre novembre 2007 et octobre 2008, quatre équipes étrangères en compétitions européennes : Aberdeen, Panathinaikos, Bolton et l’OM. Hormis celle face aux grecs, toutes ces rencontres ont donné lieu à de violents affrontements entre forces de l’ordre et supporters visiteurs…
Cela est un fait et peut être prouvé très simplement en effectuant quelques recherches que m’importe quel journaliste français est nécessairement en capacité de pouvoir faire…
Le scénario est toujours le même : Les policiers locaux sont agressifs et n’appliquent pas les normes de tolérance en vigueur dans les autres championnats européens. Un regard soutenu, un sourire trop provocateur, un refus de baisser la tête, une bouteille cassée, un supporter qui tarde à obtempérer, autant de broutilles, autant de provocations qui en Espagne et à Madrid en particulier peuvent valoir un rappel à l’ordre musclé.
La Police madrilène ne cherche pas à comprendre et encore moins à négocier. Lorsque des Boneheads du Frente Atletico agressent des supporters écossais paisiblement agglutinés devant un bar, les policiers accourent au pas de charge et tapent sur tout ce qui bouge, en l’occurrence les Ecossais…
Lorsque le CU 84 déploie sa bâche historique qui depuis 1992 a fait le tour des stades français et européens et qui a pour ce patch obtenu comme à l’accoutumé l’autorisation de pénétrer dans les stade Calderon, les « policiers » espagnols en appuie des stewards madrilènes se frayent un passage à coups de matraques pour la retirer, non seulement sans aucune raison mais aussi sans en référer, contrairement aux règles de l’UEFA, aux responsables de la sécurité de l’OM et aux policiers marseillais du GVU qui accompagnent les supporters olympiens lors de chaques déplacements.
Les témoignages des supporters des trois clubs (Aberdeen, Bolton, OM) sont unanimes : les policiers espagnols sont des « provocateurs » qui matraquent pour un rien. Ils tapent sur tout ce qui bouge, indistinctement : femmes, enfants, personnes âgées ou à mobilité réduite. Personne n’est à l’abri. Même pas les responsables de la sécurité, même pas les dirigeants adverses, même pas leurs confrères étrangers. Et à chacun de ces matchs, le bilan est le même : contusions, bosses, points de suture, doigts cassés et dernièrement donc, une condamnation à trois ans et demi de prison prononcée à l’encontre de Santos pour couvrir le comportement de quelques policiers finalement incapables lors du procès de faire la différence entre un siège blanc ou rouge …
Cette situation, ce comportement détestable des policiers n’est pas l’apanage des forces de police madrilènes, ainsi le 25 février 2008, quelques jours avant le déplacement du Celtic de Glasgow à Barcelone, Jim Traynor, un journaliste écossais bien connu dans sa contrée, avait lancé un appel en direction des supporters. Jim Traynor, un journaliste écossais faisant office de référence dans son pays avait lancé dans des termes « directs » ce qui aurait du être un avertissement à suivre pour les supporters du Celtic : « N’allez pas en Catalogne, c’est trop dangereux. Pas à cause des supporters de l’équipe adverse, à cause des policiers, qu’il qualifie de « brutes en uniformes » (brutes in boots). En théorie, ils sont là pour éviter les débordements et protéger les gens, mais en réalité, ils sont à l’affût du moindre prétexte pour pouvoir cogner, et une fois qu’ils passent à l’action « it’s bloody brutal ». Le sang coule…Ceux qui se rendent à Barcelone doivent donc s’attendre à être traités « comme du bétail » (like cattle) et peut-être à se retrouver aux urgences ou derrière les barreaux… »
Il cite quelques exemples, de mémoire : le Celtic à Celta Vigo en décembre 2002, Tottenham à Séville en avril 2007, les Glasgow Rangers contre Osasuna à Pampelune en mars 2007. Aberdeen et Bolton à Vicente Calderon, en novembre 2007 et février 2008 …
Jim Traynor donne cet autre conseil à ses lecteurs : n’allez pas passer vos vacances en Espagne puisque l’argent que vous dépensez en glaces sur les plages l’été est réinvesti en matraques sur votre visage l’hiver…
Selon lui, l’UEFA aurait dû interdire depuis longtemps la tenue de matchs européens dans les stades espagnols, histoire d’inciter les autorités locales à réviser leurs procédures.
La police espagnole est effectivement violente. Les nationalistes basques et l’extrême gauche espagnole se rejoignent pour dire qu’elle est la plus brutale d’Europe occidentale. Il suffit de visionner cette vidéo de 50 secondes pour mesurer que les policiers, là-bas, ne sont pas trop stressés par la perspective d’avoir à rendre des comptes pour un coup de matraque inopportun…
Début novembre, Frédéric Hermel, correspondant en Espagne du quotidien L’Equipe et correspondant de RMC a publié un édito dans As pour critiquer la campagne de soutien à Santos Mirasierra « parce qu’elle tend à discréditer la valeur démocratique de l’Espagne d’aujourd’hui ».
En 2004, la commission des droits de l’homme de l’ONU dirigée par Theo Van Boven a rendu public un rapport sur l’usage de la torture en Espagne. UN says Spain tortured ETA ‘terrorists’, The Independent.. Il serait intéressant de savoir si Frédéric Hermel a critiqué l’ONU dont la démarche tendait là aussi à « discréditer la valeur démocratique de l’Espagne » ?
Ce ne sont pas les campagnes de soutien à un détenu qui discréditent la « valeur démocratique » d’un pays. Ce sont les pratiques de sa police et de sa justice, le déroulement de ses scrutins, etc. Or si l’on se penche sans à priori sur le cas de Santos Mirasierra, il faut admettre que le dossier est singulier et ne plaide pas en faveur des notions démocratiques de nos voisins ibériques…
Cela fait seulement 33 ans que Franco est mort, au terme d’une dictature militaire qui aura duré presque 40 ans. Il n’est pas difficile de concevoir, c’est d’ailleurs le contraire qui serait étonnant que son régime ait marqué d’une empreinte durable la société espagnole, en particulier certaines branches de l’état comme la Justice, l’armée, la police, qui sont les piliers de base de tout pouvoir autoritaire. La plupart des cadres de la police et du système judiciaire espagnol ont grandi sous Franco. Il est probable que beaucoup adhéraient pleinement à l’idéologie du régime lorsqu’ils ont décidé de faire carrière dans l’autorité. Devenir policier dans une dictature, quelle plus belle vocation ?
Un supporter « ultra » de Liverpool, de la Juventus ou de l’OM a généralement une certaine expérience des dispositifs de sécurité. Il a déjà participé à des rencontres à hauts risques dans son pays et en Europe, il arrive à sentir quand il y a de la tension dans l’air (et généralement ça lui plait…) ; il sait comment réagissent les carabiniers, les CRS ou les stadiers. Il sait grosso modo ce qu’il doit faire (ou ne pas faire) pour éviter de se prendre (trop) des coups, il sait où commencer et où arrêter la provocation, voire les affrontements…
Mais ce vécu, valable pour l’essentiel des grands pays du football, devient désuet dès qu’on franchit la frontière espagnole. « Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà » disait Blaise Pascal qu’auraient peut-être dû relire les ultras pendant le voyage jusqu’à Madrid…
Un policier madrilène n’est pas un agent de police chargé de faire respecter la Loi, en fait il se charge lui-même d’édicter et d’imposer sa « propre Loi », il a une conception totalement différente de l’ordre, de l’autorité, et des prérogatives qui sont les siennes pour les faire respecter. Il sait qu’il peut cogner, même devant les caméras espagnoles, sans risques et sans reproche. Les supporters marseillais, comme avant eux leurs homologues britanniques, n’étaient pas suffisamment conscients de ce décalage horaire démocratique !
En fait et au regard de ces évènements, le prochain mort du hooliganisme pourrait bien être ramassé un de ces jours en Espagne, d’un coup de matraque trop violent, porté par un homme en uniforme…Platini enverra des fleurs à la famille et un autographe peut-être…
Reste la situation de Santos…