<span style='font-size:14pt;line-height:100%'>Dans une interview à Canal +, Roma, Evra, Bernardi et Givet ont mis en cause le recrutement de Monaco depuis deux saisons.</span>
DIFFUSÉ SAMEDI À LA MI-TEMPS de Marseille-Ajaccio (1-1) puis en partie à nouveau hier avant le match, un reportage de Canal + réalisé par Antoine Leroy donnant la parole à plusieurs joueurs de l’ASMonaco fait énormément de bruit sur le Rocher. Rencontrés jeudi hors des points presse officiels organisés par le clubà La Turbie, Flavio Roma, Lucas Bernardi, Patrice Evra et Gaël Givet laissent de côté l’habituelle langue de bois et mettent ouvertement en cause la récente politique de recrutement du club.
Ces cadres, tous présents lors de l’épopée européenne de 2003-2004 qui mena le club en finale de la Ligue des champions (0-3 contre Porto), ne mâchent pas leurs mots, dénonçant l’absence de recrues de haut niveau et les récentes promesses de leurs dirigeants. Des déclarations fortes et plutôt courageuses face à la caméra qui viennent confirmer l’existence d’un malaise au sein d’un club (L’Équipe d’hier) où le non-dit est pourtant une valeur ancestrale. Patrice Evra regrette ainsi que Monaco n’ait pas anticipé le troisième tour de la Ligue des champions face au Betis Séville (0-1, 2-2) pour boucler son recrutement : « C’est n’importe quoi de vouloir recruter après le tour préliminaire, c’est dès le début qu’il faut s’armer, lors du stage de préparation et des matches amicaux... Là, on va droit dans le mur (…). »
Roma, d’ordinaire très mesuré, n’est pas le moins remonté. « Ils (les dirigeants)
promettent des choses et ça n’arrive pas. Ce n’est pas correct. Moi, je ne reste pas à Monaco pour le soleil ou pour l’argent (…). Chaque année, on nous promet l’arrivée de tel ou tel joueur, mais on ne voit rien. Nous, les vieux, on n’y croit plus. On espère, mais on n’y croit plus. » Interrogé sur la valeur des renforts depuis deux saisons, Lucas Bernardi est tout aussi dubitatif : « On a quand même pris de bons joueurs. Sur le papier, en tout cas. Sur le terrain, peut-être pas. »
Quant à Gaël Givet, il espère que Monaco « conservera une équipe compétitive » malgré l’absence de Ligue des champions. « Si des joueurs importants venaient à partir, prévient le capitainemonégasque, ce serait grave et difficile à accepter.
Personnellement, je le prendrais mal. »
Deschamps : « Il faut des moyens et on n’en a pas » Quelles conséquences peut avoir ce coup de gueule d’une rare franchise ? Hier, avant le match face à Lens, l’un des intervenants de la veille est brièvement revenu sur le sujet.« Au
moins, c’est clair. On a dit ce qu’on avait à dire. Les paroles de Roma ? Le “Grand” ne parle pas souvent, mais quand il parle, c’est chaud. On en a marre de cette situation. » De son côté, Didier Deschamps n’a pas voulu commenter les déclarations de ses quatre joueurs, mais a confirmé les difficultés économiques
de l’ASM, surtout en l’absence de Ligue des champions. « Je les laisse libres de
s’exprimer. Est-ce que je partage leur opinion ? C’est une bonne question. Je ne vais pas me solidariser de mes joueurs et me désolidariser de mes dirigeants, dit-il, assez sibyllin. On a tous des ambitions, mais pas forcément les moyens d’aller au bout de ces ambitions. Je m’adapte. Parfois, les aspects économiques vont à l’encontre des aspects sportifs pour construire une équipe compétitive. Pour acheter, il faut des moyens et on n’en a pas. À la décharge des dirigeants, le
cluba un passif très lourd, un héritage sympathique et on continuera malheureusement à le payer longtemps. » Allusion à la précédente gestion de l’ère Campora, où le déficit du club aurait allégrement dépassé les 50millions d’euros officiellement annoncés. La remise à niveau financière orchestrée par Michel Pastor, ses associés au sein de MFI (Monaco Football Investissement)
et les banques monégasques ne peut se passer trop souvent de la C 1…
Mis clairement en cause, les dirigeants n’ont, eux, pas répondu en public. Toujours en convalescence, le président Pastor n’était pas à Louis-II hier et n’a pas voulu aborder le sujet ou la possibilité d’éventuelles sanctions. Gérard Brianti, vice-président de l’ASM en charge du recrutement, était, lui, présent au stade. Il a refusé de répondre à ses joueurs commele lui a proposé la chaîne cryptée et ne
s’est pas présenté ensuite à la presse. Plus tôt dans l’après-midi, il nous avait lâché un laconique : « Les reportages de Canal + ou des autres, je n’en ai rien à faire. » – S. K.

il en faut du courage, bravo à eux :vieux: