Ancienne gloire de l'OM

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Jerry
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Ancienne gloire de l'OM

Message par Jerry »

Cyprien : 18 mois avec sursis

Jean-Pierre Cyprien, ex-joueur de l'OM et ancien international A, évoluant actuellement à l'ES Fréjus (CFA), a été condamné mercredi à dix-huit mois de prison avec sursis par le tribunal correctionel de Draguignan pour des violences commises en mars.
L'ancien joueur professionnel comparaissait pour «violence avec usage ou menace d'une arme» pour avoir heurté à trois reprises avec son véhicule un mini-bus qui transportait les joueurs de l'équipe amateur de Luzenac, blessant deux des occupants. Le tribunal l'a également condamné à 1.500 euros d'amende et à un an de suspension du permis de conduire mais il l'a relaxé de «la mise en danger de la vie d'autrui».

C'est à la suite de la défaite de l'Etoile sportive de Fréjus face à Luzenac (1-2), que Jean-Pierre Cyprien, très en colère selon des témoins, avait heurté au volant de sa voiture le mini-bus transportant les joueurs adverses. Durant la rencontre, Jean-Pierre Cyprien avait été exclu après avoir percuté un joueur adverse, à qui il avait ensuite décoché un coup de poing devant l'arbitre.
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Niko
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Message par Niko »

Cyprien :whaou:

Que dire d'une telle attitude de la part d'un ancien joueur professionnel :nawak:
Show must go on ...
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chauvet
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Message par chauvet »

certains qui n'acceptent pas de vieillir sont devenus les pire ordures sur les terrains :eek: et il y en a pas qu'un malheureusement :oops:
"Quand le mensonge et la crédulité s'accouplent et ils engendrent l'opinion " ...et c'est encore plus vrai aujourd'hui
mercililian
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Message par mercililian »

Une autre ancienne gloire de l'OM! :smilej:

Un petit passage de Capitaine de Marcel Desailly (éditions Stock). Je suppose qu’un grand nombre d’entre vous se souvient de ce match à l’Euro 1996.
En outre, ce livre regorge d’anecdotes intéressantes, franches et approfondies, de Nantes à l’Om, de 1998 à France-Algérie et de Accra à Londres.


Sur les terrains du Calcio, je n’ai pas à souffrir du racisme de nos adversaires. Il m’arrive certes d’être insulté dans le feu de l’action, sur un tacle trop appuyé (Fais attention, Noir de merde! ou une bousculade, mais sans percevoir cela comme de la véritable haine raciale, une démarche réfléchie, préméditée. Indulgent par nature-trop peut-être-, j’ai tendance à mettre ce type de comportement sur le compte de l’énervement, de l’excitation du jeu.

Une fois, une seule, j’ai eu un accrochage plus sérieux. Avec l’équipe de France cette fois, lors de l’Euro 1996 en Angleterre. C’était contre la Bulgarie à Newcastle…
Le match est assez tendu. Nous avons une revanche à prendre contre les Bulgares. Il y a deux ans et demi, ils nous ont privé de la coupe du monde 1994 sur un but à la derniére minute dont le souvenir nous hante encore (le scénario est connu, but de Kostadinov à la dernière minute; nous en reparlerons).
Hristo Sto¨chkov, leur attaquant-vedette, est un avant-centre d’expérience, titulaire à Barcelone. Le genre roublard, truqueur, toujours prêt à exciter l’adversaire. En plein match, alors que le jeu est interrompu, il s’approche de moi et m’adresse la parole en espagnol.
Dis Desailly, tu sais que les gosses crèvent de faim dans ton pays?
Je l’écoute interloqué. Il poursuit:
Pays de merde, Noirs de merde, peau de merde.
Il a dit ca très calmement, à ”froid”, sans qu’aucun incident de jeu ne puisse lui servir d’excuse. Il l’a dit parce qu’il le pense, c’est évident, parce que cette haine est ancrée en lui.
Dans un premier temps, je surmonte ma colère. Mieux vaut ne pas réagir, je pourrais ëtre expulsé. Mais Stoïchkov récidive.
Noirs de merde, pays de merde...
Nous sommes face-à-face. Je le foudroie du regard. Il bombe le torse comme un lutteur de foire. L’envie me démange de lui balancer une droite mais je parviens á me maîtriser.

A la conférence de presse d’après-match, j’évacue les commentaires purement sportifs pour évoquer l’incident et dénoncer les propos racistes de Stoïchkov, mais sans en préciser la teneur exacte. L’interprète censé traduire mes déclarations en anglais n’en retient qu’une infime partie et développe surtout l’aspect technique. En gros bon match, un peu engagé, mais bon match tout de même.
Mais je m’en fous, moi, du match! Peu importeque l’interprète de l’UEFA cherche à arrondir les angles, à éviter un scandale qui ferait désordre. Saisissant le micro, je réitère mes accusations contre l’avant-centre bulgare. Je n’entrerai pas dans le détail, je ne préciserai aucune des insultes pour ne pas amplifier la polémique, mais cette mise au point s’impose car la télévision a largement montré notre altercation.

Apercevant Stoïchkov à la sortie de la salle, je m’approche de lui pour une discussion d’homme à homme, sans rien laisser paraître de ma colère pour ne pas lui donner la satisfaction de m’avoir blessé.
Tu n’as pas le droit de te comporter comme ca, et je viens de le dire à la presse.
Il me regarde sans agressivité, cette fois, et me lance, le plus naturellement du monde:
Pas de problème. De toute facon, je pense ce que j’ai dit.
Stoïchkov tel qu’en lui-même: grand joueur et sinistre con. Il se complaît dans son personnage de méchant, il se vautre dans la haine et le mépris. Je plains les Noirs oules Métis qui l’ont eu pour coéquipier à Barcelone ou ailleurs. Leur a-t-il reproché cette peau de merde? Certainement pas. Mais il a sans doute pensé si fort…
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urba
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Message par urba »

Dis Desailly, tu sais que les gosses crèvent de faim dans ton pays?
Je l’écoute interloqué. Il poursuit:
Pays de merde, Noirs de merde, peau de merde.
Il a dit ca très calmement, à ”froid”, sans qu’aucun incident de jeu ne puisse lui servir d’excuse. Il l’a dit parce qu’il le pense, c’est évident, parce que cette haine est ancrée en lui.
:eek:
Hé Hristo ! :fuck:
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Message par attila2001 »

:vomit: ah-risto-crote


:oops:
Voici venu le temps des rires et deschamps
Dans l'île aux enfants
C'est tous les jours le printemps
C'est le pays joyeux des enfants heureux
Des monstres gentils
Oui c'est un paradis
http://www.youtube.com/watch?v=xyDAeByWWF0
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Winnie
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Message par Winnie »

C'est à gerber des choses pareilles... :vomit: P'tain, Marcelo t'as déconné, t'aurais du lui refaire son ratelier à cet :nono: ! :mad:
"Qui a les plus grosses maracas... ?!"
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pascom
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Message par pascom »

Dégueu ! :peur:
mercililian
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Message par mercililian »

Pas mal, hein? On en apprend des trucs. Vous en voulez encore? :grinj: :smilej:
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malachi
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Message par malachi »

Oui en en veut encore :smilej: :eek: :eek:
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mercililian
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Message par mercililian »

Bon, j'attaque un pavé consacré à sa période Olympienne.
mercililian
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Message par mercililian »

Chapitre 12-Marseillais



Marseille… J’aurais dû commencer par là. Avant d’adopter un club, quel qu’il soit, il faut comprendre la ville qui l’a vu naître, partir à sa rencontre, s’en imprégner sans à priori. C’est le b-a-ba du nouvel arrivant; ici plus encore qu’ailleurs. L’OM, fils de Marseille, ne peut qu’être à son image: attachant, impulsif, bouillonnant, imprévisible, passionné, roublard, généreux…marseillais.
J’ai du mal à m’habituer à l’OM mais j’aime déjà Marseille. Peut-ëtre parce qu’elle est l’antithèse de Nantes, la ville qui a fait de moi un ”Français de souche”, un Noir Blanc. L’une est sage, policée, lisse, et je suis probablement comme elle. L’autre est tempétueuse,rebelle, insoumise, et je devrais donc m’y sentir étranger. Mais voilà, elle m’attire, me fascine. Son imperfection fait son charme. Sa chaleur réveille en moi le souvenir africain, le brassage des cultures, l’anarchie contrôlée, le système D érigé en règle de vie, la mauvaise foi souriante. Marseille c’est aussi la rage de paraître, d’exister. Un Parisien l’a compris mieux que personne: le boss.

Il sait, lui, que tout nouveau joueur de l’OM passr par une phase difficile. Soit il ne s’adapte pas et renonce au défi, soit il s’adapte et devient un autre homme, plus dur, plus égoïste, taillé pour l’OM.
Il aura fallu deux mois pour y parvenir. Deux mois de peur, d’incompréhension. Deux mois à regretter Monaco. Puis, peu à peu, j’ai fini par trouver mes marques. Virginie et moi avons enfin quitté notre hôtel d’Aix-en-Provence pour emménager avec Victoria dans une belle maison du village de Pépin, prés ’Aubagne. L’endroit est superbe, nous y sommes bien. Mieux qu’à Nantes, même. Virginie s’y plaît, en tout cas. Elle assiste aux grands matches de coupe d’Europe et commence à avoir des copines. En dehors de Claude Deschamps, elle a surtout sympathisé avec Sabrina Völler, la compagne de notre attaquant allemand.

Côté foot aussi, il y a du mieux. Certes, Tapie et Goethals s’écharpent par voie de presse mais j’ai fini par conquérir ma place en défense. Je me suis fondu dans le moule olympien et mon groupe de copains s’est élargi. Avec Angloma, Pelé, Boli, Durand, Sauzée ou encore Di Meco- un gars beaucoup plus sympa qu’on l’imagine sur le terrain- , il nous arrive souvent d’aller prendre l’apéro au David, un restaurant du bord de mer. Les soirs de victoire, on se retrouve dans un restau italien, le Paradisio. Les entraîneurs ne se joignent jamais à nous, et personne ne le regrette. Nous voulons les oublier. Oublier aussi les gardes du corps aux regards d’espions, et les dirigeants, surtout les dirigeant. De toute manière, Bernès ne partage aucun de nos repas. Il se tient à distance. Je suis pourtant convaincu que ca lui ferait plaisir à Jean-Pierre, qu’il retrouverait les joies simples d’un supporter de l’OM. Mais son rôle l’accapare: il est l’œil du boss, son Big Brother.

Suis-je devenu comme lui, un autre homme? Sans doute. Un homme caméléon qui a pris la couleur dominante. Un homme buvard qui a tout absorbé, et presque tout accepté. J’ignore si c’est un signe de force ou, plus sûrement, de faiblesse, mais je suis peu à peu me paraît normal. Ces truands, amoureux sincères de l’OM, que l’on croise en coulisse et qui nous saluent comme de vieux complices… Ces élus, ces chefs d’entreprise qui paradent dans les loges… Ce public des virages, entre amour et haine… Et cette sensation, idiote mais exaltante, d’être ”marseillais” contre le ”reste du monde”. Le tunnel, le fameux tunnel d’accés à la pelouse que je reoutais tant à l’époque de Nantes, est devenu mon territoire. Je me découvre plus orgeuilleux, plus méchant, plus ”voyou”, je comprends comment d’autres joueurs, des gars réputés gentils, dignes de confiance et d’amitié, ont pu s’endurcir une fois arrivés ici. Nous sommes tous les fils de l’OM, les créatures de Tapie et de Bernès. Parfois ce constat m’effraie, je devine les dangers qui guettent ce club hors norme. Mais Marseille, Marseille tout-puissant, reprend le dessus, m’emporte dans son ivresse de la victoire. J’aime cette ville, ce public.

J’entends d’ici les reproches: Il fallait réagir, rester toi-même, refuser l’engrenage des dirigeants au nom des principes, de ton éducation! Qui le ferait à vingt-quatre ans, sans autre talent que celui du foot, sans autre horizon que celui d’un club champion de France en titre, finaliste de la coupe d’Europe en 1991? Qui s’opposerait à un ministre? Des élus, des membres du gouvernement viennent au stade, une partie de la France s’est prise de passion pour l’OM et l’on voudrait qu’un jeune joueur aille à contre-courant? Qui ne céderait pas aux charmes ambigus et sulfureux de la ”Naples francaise”?

Je veux bien être critiqué mais á condition que mes procureurs aient l’honnêteté de rappeler les réalités de l’époque, de situer les faits dans leur contexte. Pour qu’un joueur puisse résister vraiment à l’OM du boss, en cette fin d’année 1992, il faudrait qu’il soit champion du monde, ou champion d’Europe, ou capitaine de l’équipe de France. Ou les trois à la fois. Mais ca c’est impossible…
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Message par Invité »

:eek:

:thumbup2: Je partage presque toutes les impressions et les emotions qui sont decrites la dedans.


Par contre, je doute que Desailly ait ecrit ca tout seul ! lol2
mercililian
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Message par mercililian »

Oh tu sais Vince, je n'exige pas d'un sportif aussi accompli qu'il ait en plus une fine plume que je ne posséde pas non plus. :winkv: Et puis l'essentiel est bien que c'est le bouquin de footballeur le plus sincère que je connaisse.

Vous en voulez encore? :beer: :smilej: :grinj:
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malachi
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Message par malachi »

Oui on en veut encore :smilej: lol2
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Message par Invité »

Oh tu sais Vince, je n'exige pas d'un sportif aussi accompli qu'il ait en plus une fine plume que je ne posséde pas non plus. :winkv:  Et puis l'essentiel est bien que c'est le bouquin de footballeur le plus sincère que je connaisse.

Vous en voulez encore? :beer:  :smilej:  :grinj:
C'etait juste une remarque completement gratuite... Il n'est ni le premier ni le dernier a faire ca. Le principal c'est que le fond de sa pensee soit bien retranscrite... :beer:
mercililian
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Message par mercililian »

<span style='color:blue'>Bon alors, puisque j’ai envie d’avoir la générosité sans calcul de David :langue: :grinj: :smilej: et comme on fête l’anniversaire des dix ans de 1993... ;-) </span>

Chapitre 24-Le gâchis

(...)Malgré tout quelque chose me gêne dans cette sélection version automne 1993. Quelque chose qui concerne l’entente entre joueurs et l’attitude d’une partie d’entre eux-vis-à-vis du sélectionneur, Gérard Houllier.
A titre personnel, je l’apprécie beaucoup, et pas uniquement parce qu’il est le premier à m’avoir accordé sa confiance, le 22 août 1993, en Suède (1-1), en match de qualification pour la coupe du monde 1994 aux Etats-Unis. Gérard est un technicien de qualité, sûr de lui et de ses compétences. Ses entraînements sont riches, variés, intelligents. Ils sait parler aux joueurs les inciter à oser, à créer. Bref, tout serait pour le mieux si une partie du groupe ne le critiquait pas dés qu’il avait le dos tourné. Certains, parmi les cadres mettent en cause sa légitimité, lui reprochent de n’avoir pas été footballeur de haut-niveau avant de devenir entraîneur. Chez eux, cela tourne à l’obsession, sur le thème: Il n’a jamais tapé dans un ballon et se permet de nous donner des lecons. L’argument est stupide: la qualité d’un entraîneur ne se mesure pas à son CV de joueur; le football francais est bien placé pour le savoir après l’échec de Michel Platini lors de l’Euro 92.

Ces critiques, dont Gérard Houllier est loin d’avoir conscience, sont révélatrices d’un malaise plus profond. L’équipe a beau enchaîner les bonnes performances et se rapprocher de la qualification, elle est gangrenée par les rivalités.
Passe encore que la place de gardien, revendiquée à la fois Bruno Martini et Bernard Lama, fasse l’objet d’une vive concurrence: s’il n’y avait que ca, entre deux joueurs intelligents, on en resterait au domaine strictement sportif. Négligeons aussi les critiques externes, souvent distillées par la génération précédente: là encore, s’il n’y avait que ca, on finirait bien par se blinder. Mais d’autres frictions, plus pénibles à supporter, minent la vie du groupe, à commencer par l’opposition OM-PSG.

Même si les supporters des deux clubs se détestent, je ne pensais pas que cela pouvait rejaillir à ce point sur la sélection. Lors des stages, au Centre technique national de Clairefontaine, deux camps s’opposent: celui des Marseillais ou ex-Marseillais; et celui des Parisiens. D’un côté, Sauzée, Boli, Papin... De l’autre Ginola, Roche, Le Guen... Gérard Houllier éprouve les pires difficultés à préserver l’armistice, surtout en pleine affaire VA-OM. Pour ma part, j’ai beau être marseillais- nous sommes en septembre 1993 et le Milan AC ne s’est pas encore manifesté- , je demeure un petit nouveau, un arrière droit prudent et (presque) neutre, découvrant, dans le sillage de son copain Deschamps, les us et coutumes d’une communauté sous pression.

Au-delà des deux clans, chacun semble soucieux de tirer la couverture à soi. C’est á celui qui sera le plus en vue, le mieux payé par son club, le plus courtisé par les médias. Mais comme tout cela se fait dans la discrétion, de manière un peu sournoise, les observateurs extérieurs n’en ont pas forcémment conscience. Il faut vivre avec le groupe pour sentir ces rivalités. On se chambre plus durement qu’à l’accoutumée. Les mots font mal, ils visent à blesser, non à faire rire. Et si les gars sont bien obligés de dîner ensemble, dans la vaste salle à manger de Clairefontaine, ils s’attardent rarement aprés le café. Mieux vaut monter se coucher dés que possible, sans discuter ni jouer au billard.
La tension culmine autour des attaquants-vedettes: Jean-Pierre Papin, David Ginola, Eric Cantona. A eux trois, ils monopolisent l’attention des médias, qui passent leur temps à débattre du duo idéal: Papin-Cantona? Papin-Ginola? Ginola-Cantona? Et pourquoi pas les trois à la fois?

Je ne connais pas bien JPP, parti de Marseille au moment de mon arrivée. Il me faudra attendre d’être au Milan, en novembre de cette même année 1993, pour découvrir le personnage, ses qualités comme ses défauts (NDLR: MD sera très reconnaissant à JPP dans le chapitre consacré à son intégration à Milan, mais mis sur la touche, et bien qu’ils évoluent à des postes différents, JPP verra en lui un rival plutôt qu’un copain. Cette cassure me blesse d’autant plus que je n’ai jamais percu Jean-Pierre comme un concurrent. Il a été mon copain, mon guide, en terre milanaise, et son aide m’a été précieuse)
En attendant, je constate surtout qu’il cherche à imposer son emprise sur le groupe. Le fait d’évoluer en Italielui donne une assurance qu’il n’avait pas au début de sa carriére internationale, en 1986.

Je ne connais pas non plus le Parisien Ginola, que mes copains marseillais chambrent sans cesse. Comme il est impulsif, il prend la mouche aussitôt. En fait, David occupe une place à part au sein de la sélection. Question de talent, de look, d’attitude. Il a son caractère, un côté star-grand joueur, beau gosse- qui agace certains. Cette image négative est-elle méritée? L’avenir m’apprendra au contraire que David a d’énormes qualités de coeur, une vraie gentillesse. Des années plus tard, à Londres, j’apprecierai sa spontanéité, son ouverture d’esprit, sa générosité sans calcul. Quoi que l’on dise de lui, David Ginola est un mec bien.

Reste le cas Cantona. Là c’est différent. Et s’il fallait choisir comme beaucoup de médias l’ont fait, entre le camp des pro-Ginola et celui des pro-Cantona, j’opterai sans hésitations en faveur du premier nommé.
Le courant ne passe pas vraiment entre Eric et moi, en cette fin d’année 1993. Le principal obstacle tient à la personnalité du bonhomme. Prisonnier de son personnage de Marseillais ombrageux, il parle au compte-gouttes, plaisante peu, discute rarement de choses sérieuses. Les Anglais s’en émerveillent, cherchant derrière ses rares déclarations d’improbables verités philosophiques. Les Francais, eux, sont plus sceptiques. Pour tout dire, la plupart des sélectionnés en ont peur.

Trois stars qui cohabitent tant bien que mal... Des Parisiens et des Marseillais qui se chamaillent... Un sélectioneur contesté en interne et en externe (Platini ne le ménage pas)... Ma premiére équipe de France n’a pour elle qu’un seul argument, mais un argument de poids: sa réussite sportive. Aprés tout, nous sommes tout de même en tête de notre groupe éliminatoire! Un match nul nous suffit contre Israël, le 13 octobre, à Paris, pour accéder à la coupe du monde. Cet objectif, á lui seul, devrait suffire à étouffer les querelles intestines.

Arrive donc le fameux 13 octobre. Les Israëliens sont supposés si faibles- l’équipe est soixante et onzième au classement mondial de la FIFA! –que notre victoire ne fait guère de doute. Houllier multiplie les déclarations présomptueuses. Celle-ci, par exemple: J’ai déjà réfléchi à plusieurs projets de préparation pour le Mondial.

Pour resserrer les liens et surtout meubler nos soirées d’avant-match, l’encadrement nous a concocté un programme festif: dîner au siège de Canal Plus, spectacle privé des Guignols de l’info... Les médias, eux aussi, nous expédient avant l’heure aux Etats-Unis. Ca sent le hamburger assure L’Equipe. Alors que le programme officiel du match annonce: Que la fête commence!, la sono du Parc diffuse L’Amérique de Joe Dassin. La suite est connue: une défaite (2-3), sur un but encaissé à trois minutes de la fin du match!
(...)
17 novembre 1993. Même stade. Même enjeu. Mêmes joueurs. Cette fois, promis-juré, l’Amérique sera vraiment au bout! Seul problème: le stage préparatoire a été marqué par une affaire Ginola. Plus isolé que jamais, David s’est plaint publiquement d’être rejetté au profit du duo Cantona-Papin. Il l’a fait à sa manière, peut-être maladroite mais sincère, en déclarant notamment qu’il n’était pas traité comme tout le monde. Houllier l’a sermonné et la situation est entré dans l’ordre, tout au moins officiellement. Car en coulisse, le malaise a persisté. On prëte à cette équipe des ressources morales qu’elle ne prëte à cette équipe des ressources morales qu’elle ne possède pas. Le public, lui, en est conscient: nous ne percevons aucun engouement autour de nous. Avec à peine 30 000 spectateurs, dont un grand nombre d’invités, le Parc des Princes n’était mëme pas plein pour la venue d’Israël. Heureusement, il le sera pour France-Bulgarie.

Est-il nécessaire de raconter ce match? Les images tant de fois revues á la télévision figurent en bonne place au grand bêtisier du football national...
David Ginola entre en jeu à vingt minutes de la fin du match, à la place de Papin. Surprise: JPP l’embrasse! La paix, enfin? C’est le moment ou jamais: nous tenons le match nul (1-1) synonyme de qualification!
(...)
Pour être franc, je ne suis pas totalement abattu. Décu, vexé, incapable de trouver des explications techniques à la percée du météorite bulgare, mais pas aussi abattu que l’on pourrait l’imaginer. Un sentiment étrange, inavouable un soir de déroute, prend le dessus: je n’ai pas l’impression que cette défaite soit vraiment la mienne, ni celle des joueurs de ma génération (Lizarazu, Petit, Deschamps...). Cet échec est avant tout celui des joueurs cadres, qui voient ainsi s’échapper leur ultime chance de disputer une coupe du monde. C’est aussi celui de Gérard Houllier, qui tourne en rond dans le vestiaire en répétant: Ce n’est pas possible, c’est un crime! En poussant la réflexion, je me dis que je n’éprouve peut-être aucunamour pour cette équipe sans âme ni coeur. J’en attendais autre chose, je l’imaginais plus soudée autour d’un objectif commun.

Dans les coulisses du Parc, la polémique gronde. Un homme est désigné à la vindicte populaire: Ginola, accusé à la fois d’avoir perturbé le groupe et de s’être trop vite débarrassé du ballon en fin de match. Houllier va plus loin en emplyant à nouveau le terme de crime; ce qui provoque l’indignation de certains joueurs dont Franck Sauzée. Gérard cherche une excuse à l’élimination mais il n’a pas le droit d’utiliser de tels mots contre David. C’est l’ensemble du groupe-Houllier et Ginola inclus-qui est responsable de ce gâchis! Le fait d’avoir centré au lieu de conserver le ballon est un incident de jeu, un choix qui relève de l’incertitude sportive, non du Code Pénal.
(...)
JPP n’est pas au mieux, que ce soit à Milan ou au Bayern. Les deux autres brillent en Angleterre mais restent isolés en séléction. David, victime du syndrome bulgare ne fait pas l’unanimité, malgré ses qualités de joueur et d’homme. Cantona, qu’Aimé a pourtant promu capitaine lors d’une tournée au Japon, pose aussi un problème. Les Anglais ont beau voir en lui un champion exceptionnel , il tarde à s’imposer hors du contexte britannique et n’a jamais rien gagné en France. Eric a du talent mais il rechigne à le mettre au service de la collectivité. Il parle toujours aussi peu aux jeunes, attend trop que l’équipe joue pour lui, néglige les täches défensives. J’ai maintenant suffisamment de poids, chez les Bleus et á Milan, pour me permettre de lui en faire le reproche en déclarant à France-Football:
Quand il fait une aile-de-pigeon sans conviction, ca m’énerve. Mais quand il aura le même comportement avec les Bleus qu’avec Manchester, tout ira bien et l’équipe de France sera au top.

En parlant ainsi, je ne cherche pas à le blesser mais à susciter une réaction, à le placer devant ses responsabilités. Le jour même, son frère m’appelle. Morceaux choisis...
-Marcel?
-Oui.
-Joël Cantona à l’appareil.
-Oui, salut.
-Pédé que tu es! Pourquoi te te permets de dire ca? Pour qui tu te prends? On va te dérouiller!
-Bon, tu t’arrêtes maintenant! Tu parles au nom de ton frangin, tu fais son larbin et ce que tu me dis ne me touche pas...


Il faudra plusieurs minutes pour que Joël se calme. Nous finirons par discuter plus tranquillement, d’Eric et des Bleus. Mais cela ne changera pas grand-chose à l’affaire. Jamais plus il ne me dira bonjour quand je le croiserai ici ou là. Quant à Eric, il restera Canto, une énigme dans l’histoire du football national.
Aimé Jacquet en est conscient. Fin 1995, quand l’équipe se qualifie dans la douleur pour l’Euro 96 en Angleterre, il sait que la priorité des mois à venir devra être l’état d’esprit du groupe. Déjà, l’ambiance entre nous s’est améliorée. Les joueurs, à défaut d’être amis, commencent à prendre un réel plaisir à se retrouver à Clairefontaine, en pleine forêt de Rambouillet. Et même si Jacquet ne le nous dit pas, chacun devine que ni Cantona ni Ginola ne participeront à l’aventure anglaise. Le coach se moque par avance des réactions indignées de la presse britannique. Il a ses certitudes et garde en mémoire l’implosion de novembre 1993. Cette fois, c’est une évidence: une nouvelle équipe de France est née.
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omausommet
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Message par omausommet »

<span style='color:blue'>Bon alors, puisque j’ai envie d’avoir la générosité sans calcul de David :langue: :grinj: :smilej: et comme on fête l’anniversaire des dix ans de 1993... ;-) </span>

Chapitre 24-Le gâchis

(...) Marcel?
-Oui.
-Joël Cantona à l’appareil.
-Oui, salut.
-Pédé que tu es! Pourquoi te te permets de dire ca? Pour qui tu te prends? On va te dérouiller!
-Bon, tu t’arrêtes maintenant! Tu parles au nom de ton frangin, tu fais son larbin et ce que tu me dis ne me touche pas...


.
Pas le style de Jojo ça :???: :grinj: normalement y'a inculé après dérouiller
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Invité

Message par Invité »

Sylvain t'aurai pu me dire que tu t'étais pris 18 moi avec sursis lol2 lol2 lol2 :fuck2: :beer:
Voypoy
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Message par Voypoy »

Quel homme ce Cyprien :beer: :roll:
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malachi
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Message par malachi »

On en veut encore lol2
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mercililian
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Message par mercililian »

lol2 mdr Malachi

Cette fois j'abandonne, car il faudrait qu'un plus grand intérêt soit manifesté. Mais c'est pas mal hein?! :beer:

Certes, il est rare que littérature et football fassent bon ménage et surtout soit pleinement accepté sans mépris.
Je ne dis pas qu'un certain nombre de ces bouquins sont plutôt légers, mais en ce qui concerne celui là, sache qu'il est vraiment bon. Il a eu une vie assez exceptionnelle ce garcon et en parle sans pudeur poétique et parfois avec une grande auto-dérision.
D'ailleurs Le Canard enchaîné l'a vivement conseillé, ce qui fait un alibi snob de poids pour ceux qui en ont besoin. :smilej: ;-) :beer:
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malachi
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Message par malachi »

Bon bah comme tu la lu tu vas me l'envoyer maintenant lol2 Non je plaisante :winkv:
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lolo
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Message par lolo »

Chapitre 12-Marseillais


.

J’entends d’ici les reproches: Il fallait réagir, rester toi-même, refuser l’engrenage des dirigeants au nom des principes, de ton éducation! Qui le ferait à vingt-quatre ans, sans autre talent que celui du foot, sans autre horizon que celui d’un club champion de France en titre, finaliste de la coupe d’Europe en 1991? Qui s’opposerait à un ministre? Des élus, des membres du gouvernement viennent au stade, une partie de la France s’est prise de passion pour l’OM et l’on voudrait qu’un jeune joueur aille à contre-courant? Qui ne céderait pas aux charmes ambigus et sulfureux de la ”Naples francaise”?

Je veux bien être critiqué mais á condition que mes procureurs aient l’honnêteté de rappeler les réalités de l’époque, de situer les faits dans leur contexte. Pour qu’un joueur puisse résister vraiment à l’OM du boss, en cette fin d’année 1992, il faudrait qu’il soit champion du monde, ou champion d’Europe, ou capitaine de l’équipe de France. Ou les trois à la fois. Mais ca c’est impossible…
j'ai pas compris on lui reporche quoi au marcel sur son passage à l'om???
hasta la victoria siempre, patria o muerte!
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