

Je sais pas si c'est le "topic idoine", mais comme des fois ça me donne des envies de meurtre je vais essayer de m'expliquer sans m'emporter sur ce sujet "touchy".Monsieur Pourquoi a écrit : ↑mer. févr. 16, 2022 13:35Curieux de comprendre, sur le topic idoine, en quoi cela te "pose beaucoup de problèmes".Nico Lozzi a écrit : ↑mar. févr. 15, 2022 16:03 Ce que tu dis sur l'écolo radicale, la collapso, "pierrabhique", c'est exactement ça, c'est une niche (une grosse niche) de la gauche radicale dans laquelle je ne me retrouve pas, et même qui me pose beaucoup de problèmes. Eh ben Damasio est en plein dedans.
Je ne suis pas certains que ce soit des positions qui fassent "glisser" vers l'extrême-droite réactionnaire (ça existe une extrême-droite non-réactionnaire, d'ailleurs ?). Mais, à mon sens, c'est surtout et c'est quelque chose qui me semble dramatique, c'est que ça revient à abandonner la lutte collective et sans lutte collective pas de changement possible de paradigme et donc de type de société. C'est un abandon des autres et finalement se soi. Autrement, tout pareil.Nico Lozzi a écrit : ↑mer. févr. 16, 2022 15:52Je sais pas si c'est le "topic idoine", mais comme des fois ça me donne des envies de meurtre je vais essayer de m'expliquer sans m'emporter sur ce sujet "touchy".Monsieur Pourquoi a écrit : ↑mer. févr. 16, 2022 13:35Curieux de comprendre, sur le topic idoine, en quoi cela te "pose beaucoup de problèmes".Nico Lozzi a écrit : ↑mar. févr. 15, 2022 16:03 Ce que tu dis sur l'écolo radicale, la collapso, "pierrabhique", c'est exactement ça, c'est une niche (une grosse niche) de la gauche radicale dans laquelle je ne me retrouve pas, et même qui me pose beaucoup de problèmes. Eh ben Damasio est en plein dedans.
Politiquement, je suis issu du militantisme de gauche radicale. Je fais des manifs depuis la fin de l'adolescence, j'ai été délégué syndical pendant des années (avant que ça ne m'exaspère), même dans ma vie professionnelle je me considère "engagé".
Dans ce "milieu", on est amené à côtoyer tous types d'autres militants, et comme c'est du militantisme de gauche, presque par définition il y a une galaxie d'approches possibles. En toute logique, il est plus facile d'avoir une ligne idéologique stéréotypée quand on est conservateur - c'est du reste pour ça qu'en général, le conservatisme sort gagnant des rapports de force politiques, tandis qu'à gauche ou dans le "progressisme", comme on propose des choses nouvelles, nécessairement il y a de la variance voire de la dispersion.
Et donc disons qu'on sent monter depuis quelques années une grosse vague (dont les prémices sont bien antérieurs) de militants qui expriment leur radicalité dans un carcan idéologique qu'on pourrait définir comme "libertaire" ou "anarcho-libertaire", dont je dirais qu'il est aujourd'hui majoritaire en nombre. Les fondements idéologique de cette gauche libertaire me semblent être les suivants :
- Rejet de tout ce qui ressemble de près ou de loin à une institution
- Sacralisation de la liberté individuelle et/ou du libre arbitre
Et à l'intérieur de la gauche libertaire, il y a une proportion pas négligeable de la "variante naturaliste" (rien à voir avec le mouvement littéraire), qui ajoute deux autres prémices :
- Sacralisation de la nature mise en opposition radicale avec tout ce que produit l'homme (ou presque)
- Promotion du mysticisme au détriment du raisonnement scientifique
Or il se trouve que, tout en étant militant, j'ai aussi une formation intellectuelle qui m'a fait côtoyer les sciences et la philosophie, et je suis en désaccord majeur avec l'approche libertaire, et encore plus avec sa variante naturaliste. Comme ces dernières ont le vent en poupe, parfois je me sens comme ayant "un pied dans chaque", j'essaie de faire cohabiter dans ma tête deux trucs qui ont du mal à se marier. Mais je pense que c'est juste une impression qui découle du contexte et de l'époque, car à mon sens le militantisme révolutionnaire peut parfaitement bien se marier avec le matérialisme scientifique (il y a toute une ligne philosophique, qui part en gros d'Epicure pour aller jusqu'à Spinoza, Marx puis Bourdieu qui est là pour le montrer).
Damasio et Pierre Rabhi sont de bons exemples de ce qui me pose problème dans ce type de gauche radicale. La lutte contre le système socio-économique et ses émanations, la création de systèmes alternatifs (directions qui sont aussi les miennes), glissent chez eux en direction de plein de trucs qui me font horreur : la technophobie de principe, le mysticisme new age, l'antiscience, les pseudo-médecines, le repli communautaire. Pour être plus clair, je pense que leur position glisse irrémédiablement vers l'extrême-droite réactionnaire.
Evidemment, tout ceci est très personnel, se prête à discussion et interprétation, n'a rien de figé et définitif dans ma tête. Je suis juste un peu fatigué de passer ma vie à convaincre mon prochain, rationnellement et méthodiquement, des méfaits du capitalisme (par exemple), et de voir tout ce boulot sapé par les élucubrations d'homéopathes, de rebouteux et de biodynamistes qui nous font passer pour des guignols quand on essaie de défendre une position déjà complexe par essence.
Pareil, tout pareil. Ca me fait, d'ailleurs, chez certains, passer pour un réactionnaire, pour ne pas dire pire. Merci, pour la vidéo que je ne connaissais pas et pour le rappel des travaux de Clouscard que j'avais totalement oubliéNico Lozzi a écrit : ↑jeu. févr. 17, 2022 13:33 C'est exactement ça je peux pas mieux dire. Il y a, à mon sens, une méprise terrible à gauche sur la notion de "liberté" (qui n'est pas l'apanage du "libéralisme" pour rien), qui se traduit trop souvent par "ma liberté de faire ce que je veux". Regardez en ce moment le fameux "convoi de la liberté", et plus généralement les raisonnements à l'oeuvre chez les antivax, le mouvement colibri, les zadistes, les cabanes, le new age, ce ne sont que replis sur l'individu ou la communauté, expressions tonitruantes de la sécession, de la fuite, du retrait. Aucune construction collective à grande échelle n'est envisagée.
J'ai peur d'avoir une analyse un peu "clouscardienne" de ce type de raisonnement (bien que je ne porte pas Clouscard aux nues, loin de là), je pense que les libertaires sont des libéraux qui s'ignorent. J'ai un exemple : une citation qui revient inlassablement dans les débats avec ces courants théoriques, c'est "Une société qui sacrifie un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l'une l'autre, et risque de perdre les deux" (citation de ce putain de libéral de Benjamin Franklin, avec évidemment la notion de "mérite" en plein milieu). Bon ben pour moi c'est la citation la plus con du monde.
Parce qu'en définitive, sacrifier de la liberté pour de la sécurité, c'est presque une définition de ce que c'est, "faire société". On est protégés par des structures collectives, qui nous aident à subsister, nous soutiennent, nous émancipent. En contrepartie, on ne fait pas ce qu'on veut, il y a des règles à suivre pour garantir l'équité collective. Ce que je viens de décrire là est une horreur absolue pour un anarcho-libertaire.
Le "glissement" dont je parle (des valeurs de gauche, un comportement de droite) est super bien expliqué dans la dernière vidéo du Stagirite :
[/video]
Chamrousse
Le pire reste l'affreux "impacter".G.bédécarrax a écrit : ↑ven. mars 11, 2022 13:00 "fraude", comme traduction littérale de "fraud", en parlant par exemple d'un joueur de foot qui serait surestimé. Imposteur ? Supercherie ? Arnaque ? Une fraude, c'est une fraude aux assurances.
"narratif" (en tant que nom), comme traduction littérale de "narrative" (ex : "le narratif de la dénazification permet à Poutine de justifier l'invasion de l'Ukraine"), néologisme relou quand "récit" fait parfaitement l'affaire.
Et je ne compte plus les gens qui ont un date avec leur crush, ou ceux qui sont impatients de parler "de l'éléphant dans la pièce".
(En vrai c'est pas grave, il n'y a pas de bonnes ni de mauvaises évolutions d'une langue)
(Et je suis conscient de l'ironie de voir ce reproche être émis par un type qui a passé la première moitié de sa vie sur le forum à abuser du franglais et à mettre du "dude" à tout bout de champ)