(Un beau matin d’hiver, sur la place publique. Une femme attend gaiement on ne sait trop quoi)
Cob : Enfin, le 14février ! Quel plus beau jour pour être aimée ?
Les oiseaux partis en Afrique, Que ce silence est magnifique!
Le battement de nos cœurs, rythme la mélodie du bonheur.

(Un homme, l’air gris et empoté, s’avance aigri, mais décidé)
Jester : Voyez-donc comme je suis fourbu !
Cette heure d’étude m’a éreinté,
Ces malapris à éduquer,
N’ont vraiment rien d’Albert Camus.

Cob : Olala, qué boute en train,
Amuse-toi donc, rien qu’aujourd’hui
En ce jour de Saint Valentin,
Laisse donc ces viles humeurs au lit !

Jester : De mon vivant, ô grand jamais
Je ne contiendrai mon bonheur,
Dans un seul jour, fait pour aimer ?
Fait pour vendre plus cher les fleurs !

Cob (d’une espièglerie lasse) : Il est plutôt rafraichissant,
Dans ta bouche l’éternel refrain,
Que tu persifles, entre tes dents,
Soit cette fois en alexandrin.

Jester(montrant les dents) : Moque toi de cette idée fixe,
Mais surveille tes précieux deniers,
Car j’ai eu ouî dire qu’Obelix,
Mange beaucoup de sangliers.
:razz1:
Cob (outrée !!) : C’est un coup bas ! C’est d’une bassesse !
Comment oses-tu ainsi parler ?
Tes joues sont telles tes grosses fesses !!
Et puis j’irais l’dire à l’Ardé !

(Ils s’aprètent à en venir aux mains quand arrive un pizzaïolo itinérant qui, heureux hasard, est aussi marchand de bonheur)
Bud W (enjoué) : Ma gente dame, mon bel oiseau,
Plutôt qu’exciter ce bouffon,
Je t’offre une tarte, du chorizzo,
Et puis des fleurs, c’est la saison.

Quant à toi, Caliméro,
Plutôt qu’importuner la demoiselle,
Retourne auprès de tes ailes,
De celle qui t’aime, malgré tes grumeaux.
:jester:
Jester (grommelant) : Outrecuidants !!

Cob (furieuse) : Carabistouille !

Jester (magnanime): Tristes manants !

Vince (surgissant du pot de fleur où il s’était planqué) : j’aime les nouilles !

Vince : J’aime les nouilles, j’aime la vie
J’aime le pain, j’aime ma mie,
J’aime l’andouille, le salami,
Le Kafka et le Pifpi.

J’aime l’amour, mes enfants,
Pourquoi avoir peur d’aimer
La Terre, nous qui finirons dedans,
Avons-nous du temps à tuer ?

Beyonder (allongé) : Carpe Diem, eh cono !
Passe-toi donc la tête sous l’eau.
L’amour, aujourd’hui hier demain,
N’est l’affaire que du musicien.

Car la masse, triste, imbécile,
Effrayée par la bêcheuse,
De l’amour ne voit qu’un cil,
Ceux que s’épilent,
Mes volleyeuses.
:-|
Vince (grommelant) : Outrecuidant !!

Cob (furieuse) : Carabistouille !

Jester (magnanime): Tristes manants !

Si-ma-tante (survole l’agora en tapis volant) : J’aime ma nouille !

Si-ma-tante : Mais en ce jour de Février,
Mon chibre est tout flappi, pourtant,
Il résiste à la gravité,
Au froid, au chaud, aux éléments.

Rien à faire pour le redresser,
L’amour est cher en ce jour là.
A ma bourse il doit être relié,
Quand l’une se vide, les autres pas.

(Un clochard excédé traine son vin jusque sur la scène)
Vieux Buk (éméché) : Amour, qu’entends-je ? On t’émascule
Tes beaux cheveux sont pleins de boue,
Ces gens-là savent-ils le goût
L’air sucré de ta canicule ?

On dit que ta brûlure déboise,
Que tu es enfant de bohème,
Qu’importe puisque tes framboises
Ont le goût fruité d’un « je t’aime ».


Mes trois sous, nous irons nous les boire,
Pas de suspense, pas de mystère,
« Tes yeux d’ton âme sont le miroir »,
Tu finiras les pattes en l’air

CAR J’EN AI BAISE DE L’AIXOISE
Y’A BIEN DES FLEURS A MON CANON
ET DES MEDAILLES A MON PLASTRON
CAR J’AI BAISE COMME D’AUTRES SE CROISENT !!!

(Il sifflote l’air de la grosse bite à Dudulle, titube jusqu’à la fontaine, et s’y noie en même temps qu’il y vomit. Au sommet de la fontaine, un bel inconnu joue du violon).
Bel Inconnu : Il est très clair que je t’aime,
L’amour c’est comme un théorème,
Le mien dit qu’à la fin du jour,
Y’aura comme un air de basse-cour

J’entends déjà qui sont nichées,
Aux épaules de leur fiancé,
Et vas-y que je te caquette,
Que je t’aime comme j’aime les blettes.
:romeo2:
Ce sentiment aussi profond,
Aussi puissant, aussi subtil,
Que cette fosse où des cochons
Se contemplent, fiers, le nombril

Avec leur queue en tire-bouchon,
Avec leurs cheveux bien laqués.
C’est toc comme du Robert Bresson,
L’amour c’est du contreplaqué.

(Le narrateur est bien emmerdé, il n’a aucune idée de comment conclure cet acte)
(Non loin de là, un marin est en pleine conversation avec un belge chauve)
jAIROME : Il n’y a rien d’autre à fêter
Je n’t’aime pas plus en Février,
Qu’en d’autres heu-eu-res

Bad Boy : Commence donc pas à me faire chier,
Y’a des requins qui ont pas becqueté
D’puis la Chand’leu-eu-r

(Un lyonnais, comme souvent, tape l’incruste)
Joeuf (tristounet) : Qu’ils mangent donc mon cœur mon âme,
J’espère d’eux être au moins la came.
Personne ne m’ai-ai-me

J’ai pourtant bien tout essayé,
A croire qu’elles veulent être mal traitées,
Qu’elles aiment les bei-ei-gnes.

D’façons les françaises sont des veaux,
Moi qui suis doux comme un agneau,
J’ai pas la cô-ô-te

J’la vois dans les bras de ce boeuf,
D’un cheval c’est qu’il a la queue
Mais quelle idio-o-te.

(Un Aveyronnais joufflu arrive en caribou volant, laissant dans son sillage un arc en ciel qui illumine les cœurs d’une foule pourtant excédée. Tous se réconcilient autour du feu de l’Amour, et le narrateur est soulagé, il va pouvoir aller bouffer).
Urba (apostrophe le lecteur de son sourire le plus agaçant) : Je suis allé au Canada,
Et du Tarn jusqu’en Colombie,
J’ai vu des gens, des chiens des chats,
Ah ça j’en ai vu, du pays !

Tu es peut-être au fond du trou,
Et même du bout de ton abîme,
Tu sens que l’Amour est partout,
Pourtant tu n’as pas de copine.

Tu te crois seul et incompris,
Triste jusqu’aux bouts des yeux,
J’ai moi aussi été ici.
Moi aussi j’étais amoureux.

Sauf que toi t’es lanterne rouge,
Pendant que je finis champion,
Chez toi y’a plus grand-chose qui bouge
En route pour la relégation.

Bud W : Fallait pas tout r’mettre à demain,
Fallait pas trop r'garder Candy,
Pendant que je demande sa main,
Avec la tienne toi tu mendies.

Tous (Dans la joie et la bonne humeur) : Car la morale tête de bigot,
Pendant qu’on s’engueule pour savoir,
Si cette fête c’est fait pour les veaux,
Nous on n'sera pas seul ce soir.

(La nuit tombée, la foule se disperse enfin. Au même moment, entre en scène un jeune éphèbe bien taillé, gladiateur de son état.)
spartakus (essouflé) : "Ah ces maudites parques blèmes,
Quel est ce fil qu'elles ont coupé ?
J'aurais crû qu'dans les parcs de Brème
Y'avait moins d'chances de s'faire enc..."

Bonjour!
