Désolé pour la
hot take avec 28 ans de retard (la ...
cold take donc ?), mais Sonic c'est ... nul ? Enfin, excusez mon manque de nuances, je voulais plutôt dire "c'est ... NUL PUTAIN".
J'avais jamais vraiment poussé plus loin que Green Hill Zone, dont la note d'intention "à la cool" tient toujours : y a pas vraiment de level design ici, détends-toi et cours, on n'est pas chez Mario. La suite le confirmera : on n'est pas chez Mario.
A savoir, on n'est pas dans un jeu de plateforme précis, rigoureux, juste, bien conçu. Dès l'acte 2, qui semble se dérouler dans les ruines d'Altered Beast, on découvre un jeu de plateforme pète-sec, l'archétype-même que Sonic prétendait ringardiser, avec sa sauce spéciale faite de collisions imprécises, de pièges inanticipables et hors-champ, et des règles physiques ultra-reloues : outre la sanction "castlevaniesque" en cas de dégats (je suis projeté quelques pixels en arrière, et si quelques pixels en arrière y a un gouffre avec des pics eh bien tant mieux), ces sauts du sheitan qui se font systématiquement à 90° du sol, faisant des innombrables pentes la véritable nemesis du hérisson bleu.
On pourrait dire, avec tout ça, que le jeu ne tient pas sa promesse : aller vite est la pire chose à faire ici. Le jeu te nargue avec son level design ostentatoire, ses pentes ses loopings ses half-pipes au bout duquel ne t'attend que la mort, souvent sous la forme d'un ennemi vêtu d'un casque à pointe, à se demander s'il s'agit d'un jeu de plateforme ou d'un Régine Cavagnoud simulator.
Merde, le jeu te nargue dès son écran titre !
Mais ça n'est pas qu'il ne tient pas ses promesses, c'est qu'il en tient une autre. On aura lu "
SONIC le hérisson", là ou il fallait lire "sonic
LE HÉRISSON !!!". Le jeu n'est jouable que d'une seule façon : lentement, en boule, en priant pour que personne ne te touche.
Ce jeu a tellement tout faux putain. C'est très très (très) beau, les musiques sont parfaites, félicitations mec t'as rendu un super dessin, mais t'as remarqué que c'était un contrôle de maths ? Tu m'étonnes qu'avec une référence pareille les segasex aient fini par idolâtrer Aladdin Megadrive. Quand je pense à tous ceux qui disaient "
dire qu'en face, ils ont Super Mario World ". A QUEL MOMENT C'EST UN ARGUMENT EN TA FAVEUR ? Mais frère, même Super Mario BROS te fout la tehon (ouais, à rant 90s', vocabulaire 90s').
C'est un des aspects problématiques de la sélection Megadrive Mini. Enfin, elle est fidèle au patrimoine de la console, et c'est logique qu'un objet aux visées nostalgiques le soit. C'est ce patrimoine-même qui est problématique : contraint par la communication "à l'américaine" indissociable de son succès occidental (Au Japon, la Megadrive est tout juste un caillou dans la chaussure de la Super Nintendo), il est tourné vers ce qui sert son image "edgy" plutôt que la qualité de sa ludothèque. Bien sûr, que des jeux de trente ans aient mal vieilli, c'est la norme plutôt que l'exception, surtout quand il s'agit de portages de l'arcade, mais d'autres avaient déjà mal vieilli trente
minutes après leur sortie. On imagine aisément que Kid Chameleon comptait dans son équipe moins de
level designers que de
cool sunglasses designers, et Comix Zone, bon, je ne vais pas parler de Comix Zone, je suis sûr que vous aimez tous beaucoup Comix Zone, et que vous ne m'aimez déjà plus trop.
Ca n'éclipse pas pour autant les vrais bons jeux, par ailleurs bien représentés sur la mini-console (Monster World III et IV, Gunstar Heroes, Shinobi III, Shining Force, Landstalker, Streets of Rage 2, etc), mais dans la postérité, ils arrivent souvent dans un second temps. C'est comme le pop punk, autre avatar des années 90 et de la
"too cool for school"-attitude : certes on n'oublie pas Green Day, mais on pense d'abord à The Offspring.
La bonne nouvelle, c'est qu'il existe un bon jeu Sonic : la version Master System/Game Gear, qui pour des raisons techniques est assignée à modestie. En résulte un jeu de plateforme efficace et aimable, qui paye son tribu au genre au lieu de venir toiser le petit peuple à bord de sa super invention : une Ferrari aux roues carrées.
(On trouve d'autres exemples de tension style/substance où l'épisode 8 bits fait office de
superior version : Castle of Illusion
starring Mickey Mouse, qu'on ne pourra cette fois pas accuser de vouloir aller trop vite mais dont la version Megadrive souffre d'un level design plein de fausses bonnes idées, et, en trichant un peu puisque seul l'épisode Master System/Game Gear est développé par Sega, Aladdin et sa pénible déclinaison Megadrive, soit l'alpha et l'omega du beau jeu mouaif, dont on ne s'étonnera pas qu'il ait donné naissance au studio
Shiny Entertainement. Le simple fait qu'un jeu aussi médiocre ait eu telle postérité résume bien le malentendu autour de la Megadrive, une excellente console dont on pourrait bien oublier les meilleurs jeux).