Terminé Uncharted 2.
Au début, j'ai trouvé ça incroyablement creux.
Ok c'est beau, mais le gameplay est simplissime : on appuie sur croix pour sauter parfaitement n'importe où sans aucun timing; on avance dans des couloirs de jungle; on tire avec R1 sur des gars sans viser, ils meurent; on appuie sur triangle pour ouvrir des portes ou résoudre 2-3 puzzles pétés. 3 boutons à presser, sans timing, ad lib. A côté d'un tel niveau de vide ludique, les jeux UbiSoft c'est Mario Bros Lost Levels. Il faut le voir pour le croire, il y a plus de gameplay dans l'écran titre de MGS4 que dans l'intégralité de Uncharted 2. Ca dépasse même sa réputation de jeu pour casual, Philippe Croizon pourrait le finir.
Oui mais voilà : c'est probablement le jeu vidéo vide le plus addictif de l'histoire des jeux vidéo vide. Je n'ai pas pu décrocher, je l'ai fini en 2 jours. Ce n'est pas forcément un compliment, mais c'est un jeu qui donne exactement au joueur/spectateur ce qu'il veut voir. Pas forcément ce qu'il veut jouer (puisqu'il n'y a presque rien à jouer), mais il lui donne les décors qu'il veut voir, les situations qu'il veut rencontrer. Avancer dans Uncharted 2, c'est comme parcourir une pub pour les Seychelles, puis une autre pour Chamonix, une autre pour les forêts d'Irlande... ça donne envie à tout le monde de s'y promener et de repousser l'heure de quitter les lieux. Le jeu n'a pas d'autre objectif que d'être agréable, dépaysant et pittoresque, avec quelques montées d'adrénaline sans danger pour se sentir vivant.
Y'a un moment où dans ma tête ça a basculé et je me suis dit :
Ok le gameplay est simplissime, mais c'est beau. Était-ce lorsque je me suis rendu au fin fond du Népal et où, me sentant immédiatement chez moi les pieds sur la table, moitié OSS 117, moitié Antoine de Maximy, j'ai demandé aux pauvres autochtones
"S'ils parlaient français ?". Ou alors, à Bornéo quand en bon néo-colonisateur j'ai commencé a mater chaque recoin pour y découvrir des trésors, les voler puis les revendre ? Toujours est-il qu'il y a un moment où "je me suis pris au jeu", j'en avais plus rien à foutre de ce que j'avais à y faire, j'étais juste content d'y être et de contempler le panorama.
Il ne manquait plus que la notation Tripadvisor à la fin de chaque chapitre et le fil instagram de mes pérégrinations mais voilà ça y était, j'étais devenu un authentique aventurier socialisto-EELV, l'aventurier Uncharted.
Plus antiquaire façon Laurent Fabius qu'archéologue façon Indiana Jones, plus destructeur que Lara Croft pour les populations et les monuments locaux, irresponsable comme une randonnée chez les islamistes du Bénin, un jeu 100% bourgeois-bohème mais 100% satisfait. C'est le jeu d'aventure le plus gauchiste de la génération, un jeu où le héros passe son temps à mater les culs et à lancer des punchlines DenisBaupinesques sur leur rotondité, un jeu où tu ne peux pas buter un animal (même pas un oiseau, rien !) où tu ne peux pas buter un mec du coin (même si beaucoup mourront par ton imprudence), où tu ne tues que des paramilitaires parce que
ACAB, un jeu où tu bousilles les hôtels, les temples, les rivières, les forêts, les villages, les grottes, les stèles, les ponts, les routes, un jeu où tu utilises plus d'armes que Hollande au Mali et où tu dépasses le bilan carbone de tous les voyages diplomatiques de Jack Lang à Marrakech, mais où t'en as finalement rien à battre, parce que hé, faut bien profiter de son petit temps de loisir entre ses 50 heures de travail hebdomadaire.
Dans l'écriture, c'est l'exact opposé du vigilante
droitard qu'est Max Payne 3, j'ai trouvé ça assez drôle. Moyennant ce grand écart macronien entre ces 2 extrêmes, j'ai également adoré Uncharted 2. Je vous le conseille, de préférence en
all inclusive et avec la réduc promovacances.
