Trouvé ce matin sur le forum Triumph à Donf le post du Jivaro, vieux grognard grognon. Oh ce n'est pas grand chose, juste un devoir de mémoire, prends soin de toi le Jiv'
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" Tiens, j'ai trouvé des fleurs, aujourd'hui. C'est le seize décembre, il y a soixante dix ans, ça sentait la poudre, dans mon village et dans ceux environnants. Les fridolins avaient débarqués en force, blindés légers, armes lourdes, et tout le bordel, avec du monde. Le QG Est de la résistance Auvergnate était à la Baraque Haute, à quatre cents mètres de la maison, les armes étaient planquées à Badassat, sensiblement la même distance, et il trainait aussi un peu de ferraille guerrière par chez nous. Ça sert, d'avoir des stratèges. Encerclement classique, fouille, rabattage, tri. La chasse des préhistoriques, quoi, mais avec du gibier moderne. Les premières armes ont été trouvées de l'autre coté de la vallée, en dessous de Lignols, dans un hameau de trois maisons. Les soldats ont mis tout le monde dans la plus grande maison et incendié le tout. Pas de survivants, un Oradour privé, quoi. quand je suis assis dans mon jardin pour parler à mes abeilles, je vois cette grande bâtisse avec ses fenêtres béantes. C'est comme un œil ouvert sur la haine. En arrivant à la baraque Haute, le grand père sortait vite fait pour jeter un flingue dans le puits. Ils l'ont dessoudé sur le tas de fumier, soixante dix berges, un danger pour la troupe. Et du coup, tous les hommes de dix à quarante ans ont été déportés. Il n'en est revenu que deux, sur une quarantaine. Alors, tous les seize décembre, Madame le Maire, accompagnée du conseil municipal vient déposer des fleurs au monument aux Morts, dans le bourg, puis au pied d'une petite plaque en marbre, à la Baraque haute. Oh, c'est pas grand chose, une petite gerbe, un petit mot sur le grand père, l'oncle, le cousin à qui le seize décembre mil neuf cent quarante trois à couté la vie, pour que la notre soit meilleure. Des gars tous simples, agriculteurs, artisans. Et ce sont des gars tous simples qui sont la pour eux. Au conseil, la moyenne d'âge est plus près de la soixantaine que de quarante. Et il n'y a plus d'anciens de trente neuf, ils sont peu nombreux, et trop âgés pour venir. Il y a juste quatre ou cinq anciens d'Afrique du Nord, qui vont doucement sur les quatre vingt piges. Et il n'y a plus d'enfants. Le regroupement pédagogique, et la 'rentabilité' de l'enseignement font qu'il n'y a à Isserteaux que le CP et la maternelle. Et en primaire, on ne fait plus d'Histoire. Pourquoi remuer tout cela ? Quand les gars de l'Algérie seront partis, dans pas très longtemps, en fait, il ne restera que deux ou trois vieux cons comme moi. Nous saluerons ceux qui avaient dit non à l'horreur. Puis il n'y aura personne, pour rappeler et dire. Et l'horreur aura à nouveau son terrain de jeu tout propre, sain, heureux d'accueillir à nouveau ce qui parait être un futur et qui n'est qu'un néant. Tout ce monde me fait un peu chier, quelquefois. J'ai trouvé des fleurs, aujourd'hui."
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Je ne comprends pas, et je ne demande qu'à comprendre.
