J'ai enfin pu voir
Avatar 
(au Max Linder en 3D, 1er balcon, écran panoramique, son VOST dolby surround 7.1 kinopanorama.... ça crache

)
Déjà, c'est sans aucun doute le plus mauvais scénar de tous les films de Cameron, je m'attendais pas à des ficelles aussi grosses, tenues par des acteurs aussi caricaturaux. Venant du real de Aliens, je m'attendais franchement à mieux. Dans
Avalon par exemple, Oshii avait bien retranscrit le vertige réalité/virtualité, et j'avais bien accroché. Là, j'ai eu du mal avant de me faire à l'idée que le monde des Nav'i était "réel", et pas une simple bouillie de pixels sortie de World of Warcraft (il m'a fallu attendre la confrontation avec les humains, en fait)
L'univers est bien fouillé par contre, grande réussite. L'utilisation de la 3D, fait rare, m'a paru tout sauf gadget : quand le spectateur chausse ses lunettes 3D, le monde de Pandora lui apparait dans toute sa profondeur, de la même manière que le héros voit sa vie prendre du relief quand il bascule dans son avatar. La mise en abyme est intéressante, et les lunettes du spectateur ou le scaphandre des avatars sont autant de hubs vers de nouveau horizons
Par contre, ce qui m'a chiffonné, c'est le contexte dans lequel il s'inscrit : si
Home de Yann Arthus Bertrand,
"le syndrome du Titanic" de Nicolas Hulot sont à l'intégrisme écologique ce que les films de Goebbels étaient au nazisme, alors Avatar est l'équivalent du Juif Süss. Il n'est d'ailleurs pas sans ironie de voir le manichéisme anti-indiens, anti-noirs, anti-russes, anti-aliens des superproductions américaines habituelles, renversé en propos anti-humains. La même grammaire est utilisée : ça commence avec la déshumanisation de l'ennemi, à commencer par celle du général Franck Dubosc, monolithique comme un russe dans James Bond. Ensuite, ça se poursuit avec la partie théologique, puisque Dieu est du côté des gentils, et donc des vainqueurs. Enfin, l'histoire d'amour n'existe exclusivement que chez les Nav'i. Dans
Abyss, Cameron sauvait l'humanité au motif de "l'Amour", mais il était du côtés des deux héros, humains, face aux aliens. Dans Avatar, le salut eschatologique ne peut venir que par le reniement nihiliste de l'Homme couplé à l'adhésion à une philosophie paganisto-new-age, l'ensemble étant justifié par des postulats malhonnête empruntés à une mouvance mainstream écolo (comme le dit bien Urba) qui frôlent le fascisme. Soyons clair, moi aussi j'aime les fleurs et je suis contre la guerre en Irak ; mais ce n'est pas pour autant que je vais cautionner des films qui, dans le but de dénoncer les erreurs grave de l'humanité (la guerre, la destruction de la nature...), utilise les même moyens de propagande de masse que les auteurs des faits qu'ils condamnent.
Ceci dit, vous allez me dire qu'on s'en fout, et vous aurez raison : en sortant de la salle, les réactions étaient davantage "La 3D strobien !" que "Votez Cohn-Bendit aux régionales !" . Je pense donc que ce sous-texte politique, que je juge scandaleux, pas grand monde ne l'a considéré, et c'est tant mieux

(Ou alors, comme dans Invasion Los Angeles, j'étais le seul à posséder des lunettes me permettant de voir le fascisme rampant

).
Bref, sinon c'était un divertissement de qualité

(J'aimerais juste connaitre son bilan carbone, et le comparer avec le magnifique Mononoké de Miyazaki, sur le même thème)