Ce fut une vraie belle expérience que de le reparcourir, particulièrement dans le RER A qui est un dungeon RPG à lui tout seul

Agréablement surpris par le scénario, qui passé quelques tartes à la crème de l'époque (le héros
qui cache un lourd secret) est vraiment très chouette, très politique.
Il y a quelques défauts, en premier lieu un système de jeu qui manque de nuances : soit on ne le comprend pas et on se fait piétiner, soit on l'intègre et le jeu nous mange alors dans la main. Il n'y a pas d'autre défi que celui de lire les entrailles du
game system, un noble challenge vu l'opacité de celui-ci (j'étais d'ailleurs passé au travers en première lecture, il a fallu qu'on me le défriche) mais le jeu n'a aucune munition de rechange, hormis un
post-game ardu mais qu'on défait avec les mêmes armes que l'aventure principale : un cercle infernal de
looting et de
crafting.
S'ajoutent d'évidentes lourdeurs d'interface pour un jeu qui exige d'adapter son équipement à ses adversaires (manquent un système de
sets d'équipement et de changement à la volée) et des pourcentages de
drop qui rendent le jeu atrocement chronophage (sur ce plan, la série des Monster Hunter est un bel héritier) à une époque où les Diablo-like ont rendu l'expérience beaucoup moins frustrante. Mais je dois dire que Vagrant Story fonctionne peut-être mieux encore si le joueur se satisfait d'être opportuniste, en essayant de tirer le maximum de son inventaire sans trop écouter ses envies de perfection. Le challenge augmente un peu, et l'ambiance se fait plus oppressante si Lea Mundis reste cette cité maudite qu'on voudrait quitter au plus vite; à force de buter en boucle sauriens, spectres et minotaures, on finit par en faire son jardin.
Reste qu'il s'agit d'un jeu
hardcore par essence, qui sème le joueur dans ses menus aussi bien que dans ses couloirs, et l'invite à se construire un nouveau sens de l'orientation. C'est également un jeu qui représente un moment particulier pour nombre de joueurs de ma génération : parce qu'il est arrivé à un moment précis de mon adolescence, et que ses atours résolument Playstation (marketing made in Squaresoft, graphismes spectaculaires, une silhouette de MGS médiéval) en ont fait un jeu faussement grand public, qui aura aidé à faire le tri entre ceux qui finalement laisseront le jeu vidéo dans le monde de l'enfance, et ceux pour qui il deviendra un centre d'intérêt majeur. Pour moi le symbole d'un été particulier, qui aura vu des amis devenir des potes, délaissant le foot et les parties de Bomberman pour des univers plus immédiatement sensuels, tandis que dans le même temps j'écourtais un "rencard", précisément pour aller jouer à Vagrant Story
