ce matin j'avais du temps

alors :

( c'est très, très long

)
Allons voir Hero ça ne peut pas faire de mal :
Nous dîmes nous mon pote S. et moi pas plus tard que jeudi…
Passage sur tel ou tel site indiquant les horaires de cinéma… 21h, au Renoir, en v.o. ? Parfait ? parfait.
Donc, comme le disaient nos gloires locales : « Direction la frontière pour aller à Aix, où on parle pointu, où les filles sont… »… vous savez. Et si vous ne savez pas : allez à Aix. Là, vous saurez. Oui, elles sont « sex »… A ce stade-là, ça s’appelle de l’élevage en batterie.
Arrivés à la file, avec nos mines réjouies et l’espoir de voir un grand film, à défaut de charmantes filles, nous retrouvons la sinistre faune aixoise pseudo-cinéphile habituelle, notamment la sempiternelle « mémé Channel »( copyright S., merci à lui ), un pas derrière nous. Oui, vous la connaissez : elle porte son fric sur son dos, fait semblant d’être cultivée, libérée… Pire : elle fait même semblant d’être encore une femme. Et mémé de bassiner son interlocuteur, et donc nous par la même occasion, en expliquant à haute voix ( car la mémé Channel veut qu’on sache ce qu’elle a à dire, croyant donc qu’elle a quelque chose à dire… ) expliquant, disais-je, que non non non elle ne risque pas d’aller voir « Pollock » parce que je ne sais pas si tu connais mais sa peinture est pourrie alors un film sur sa vie alors là non merci.
Voilà une intéressante confusion entre la vie et l’œuvre d’un artiste... La biographie est inintéressante si l’œuvre ne plaît pas ? et réciproquement, l’œuvre d’un artiste dont la vie n’est pas intéressante ne mérite pas d’être connue ? Bofbofbof… Sans compter que le dit Pollock a mené une vie passionnante, qu’il s’est suicidé et , comme l’affirme le fameux théorème de Hendrix-Mishima : « Un artiste qui s’est suicidé avait quelque chose à dire »…
Cela dit, j’ai beau aimer Ed Harris, je ne risque pas d’aller voir ce film-là. Et, oui, mémé, t’as raison sur un point : Pollock, c’est quand même vraiment, vraiment pas beau.
7.5 euros, salle 1, bonjour ah non bonsoir désolé je n’avais pas vu qu’il faisait nuit, et hop : nous y voilà.
Fasten your seatbelt the movie va commencer :
Après quelques bandes-annonces alléchantes ( notamment le grand prix de Sundance de cette année, ça a l’air d’être du gros… ), la claque. Ce film est une claque visuelle. Et pour ce genre de baffe, j’accepte de tendre l’autre joue. Puis une encore, si j’avais trois joues.
Bon. Je n’ai pas trois joues, mais ça n’empêche d’adorer.
Réalisation virtuose, et c’était pas gagné quand on pense que le réalisateur est le type qui nous a tous anesthésiés, mais gentiment avec des « épouses et concubines » ou des « the road home »…
Beau, inventif, beau, à couper souffle, beau, beau et encore beau. Clairement onirique. Sauf que quand je rêve, je n’arrive pas à rêver aussi beau.
Pour ce qui est du scénario… Il se veut peut-être audacieux ( le bon vieux coup de la même histoire vue sous plusieurs points de vue, à la « Rashomon »… ), mais il n’est globalement qu’un prétexte à des scènes plus impressionnantes les unes que les autres. Chaque combat se retrouve lié à une couleur, un élément, un mouvement, et un art, ce qui conduit à d’hallucinants parallèles visuels : les feuilles de peuplier( sont-ce des peupliers, d’ailleurs ??? ) qui dansent dans le vent pour épouser chaque mouvement de Neige/Maggie Cheung, par exemple… ou l’extraordinaire combat sous la pluie, voire DANS la pluie… Qui a dit « correspondances » ? Personne ? Bon alors : « correspondances ».
…allez, c’est bon, j’avoue : mon Dieu que Zhang Ziyi est jolie, belle ,craquante, irrésistible, sensuelle, charismatique et j’arrête là mais je pourrais en rajouter… C’est terrible cette envie de la prendre délicatement dans ses bras pour ne pas la casser et de lui chuchoter des conneries… C’est terrible aussi cette envie de la prendre tout court.
Quant à Maggie Cheung, je ne l’oublie pas. Ok, elle commence à faire son âge, mais celui-ci ne lui en tient aucune rancune, en un mot, ouaouh. Si c’était ma voisine, je n’attendrais qu’un chose : le jour où je tape à sa porte lui apporter son courrier car le facteur s’est trompé, elle m’ouvre en peignoir échancré, les cheveux mouillés, et lâche la réplique culte de tout bon film porno des années 70, « Vous prendrez bien une orangeade ? »… oups, je m’égare.
‘faut bien parler des acteurs aussi, ne laissons pas notre hétérosexualité l’emporter sur la partialité… Jet-Li manque de charisme. Il en manque d’autant plus qu’il fait face à Tony Leung, qui, lui, a dû voler la part de charisme de pas mal de types sur Terre ( parmi ces gens à qui il l’a volée, je risquerais par exemple les noms de Raffarin, Perpère, ou Thomas Hugues, qui ont le charisme d’un radiateur mort, je sais ça n’a pas de rapport avec le cinéma ).
Evidemment, ce film est quand même destiné au public chinois en premier lieu, c’est d’ailleurs le plus grand carton de l’histoire au box-office là-bas… Ce qui induit certaines « idées-force » du scénario…
Un peu « La chine est rouge, vive la Chine » dans la morale aussi, mais à la limite on s’en fout… un peu « notre pays s’est construit sur la grandeur des hommes », également…
…en sortant de la salle, nous étions tous plus ou moins groggy, abasourdis.
Les remarques fusaient, mémé Channel a aimé mais ça rappelle quand même beaucoup Tigre Et Dragon non enfin je trouve ça très bien de s’ouvrir au cinéma d’autres pays et…
..euh… mémé Channel... ta gueule. Merci. ( je lui ai dit deux cents fois dans ma tête, mais pas une seule dans la réalité, me contentant d’un regard glacial qu’elle ne comprit pas )
aaaaaaaaaaaaah puisque les comparaisons sont inévitables et qu’il y a peut-être deux-trois intellos en mal de références ici, voici le paragraphe pédant optionnel pour les fans, les lettrés et les menteurs de tout poil :
Le jeu des 7 erreurs :
J’avais lu ça et là pas mal de comparaisons avant d’aller voir « Hero », et je me suis demandé ce qu’il en était. Comme je suis poli et que je me suis demandé quelque chose, je me suis répondu.
_Tigre et dragon : oui, la comparaison est inévitable. D’abord parce que dans les deux cas il s’agit du premier « film de sabre » de réalisateurs habitués jusque-là à du beaucoup plus intimiste, en tout cas moins tape-à-l’œil ( à ma gauche Ang Lee, passant de « Ice Storm » et « Garçon d’honneur » à « Tigre et dragon », à ma droite Zhang Yimou, hasardant « Hero » après des « épouses et concubines » ou « The road home »… )… pour ne rien arranger, Zhang Yimou a confié la musique au même compositeur, ce qui donne un sacré air de déjà-entendu à chaque note de violoncelle et à chaque percussion rythmant les combats…
La comparaison s’arrête là, car il y a une différence fondamentale, dans « Tigre et dragon », les combats et le parti pris esthétique servent une poignante histoire d’amour ( voire deux ), alors que dans « Hero », l’histoire ne sert qu’à justifier chacune des scènes d’anthologie.
_je passe rapidement sur la comparaison avec « Rashomon ». Pour ceux qui ne connaissent pas : c’est un film vieux d’une cinquantaine d’années, l’un des plus grands de tous les temps, qui raconte quatre versions de la même histoire… Différence majeure : dans Rashomon, c’est vraiment toujours exactement la même scène qu’on raconte ( ou presque ), et « Hero » est loin d’autre aussi formel… En termes moins choisis : loin d’être aussi prétentieux, quoi…
_Pour les fans de cinéma asiatique : j’ai surtout trouvé un air de connivence avec « les cendres du temps », de Wong Kar Wai… même couple Tony Leung-Maggie Cheung ( puis plus tard dans « In the Mood for Love » aussi… film chiant comme la pluie quand elle est chiante ), même importance des symboles… Mais dans « Hero » de l’action, de l’action, de l’action, alors que dans les Cendres : pas d’action, pas d’action, pas d’action…
Voilà, j’en ai marre d’écrire, vous en avez marre de lire. Normal.
Pour conclure : Beau. Bien réalisé. Mais certain de rebuter ceux qui n’aiment pas le cinéma asiatique en général.
Ouf.... 'vais boire une 'kapomme moi...