T'as rien à dire ??? ...Alors t'es ici chez toi !
- stramboise
- franco-qatarien
- Messages : 8298
- Enregistré le : lun. avr. 19, 2004 15:44
- Localisation : Cannelé
Beaucoup auront remarqué
que l’équipe de France ne comprend
que deux ou trois titulaires
blancs. À les observer de
près, ces « Bleus » sont tout
« black » . C’est d’ailleurs ce
qu’a voulu souligner Jean-
Marie Le Pen. Jouant, comme
d’habitude, sur le non-dit
raciste, il remarquait que cette
équipe de « joueurs de couleur
» qui, de surcroît, ne
savent pas chanter La Marseillaise
à pleins poumons, était
loin de représenter sa France à
lui, la« vraie France ». On était
au tout début de la compétition,
à un moment où les
« Bleus » avaient de la peine à
trouver leur rythme et couraient
le risque d’une nouvelle
élimination au premier tour.
Toujours est-il qu’à l’exclamation
de Jean-Marie Le Pen,
Lilian Thuram a répondu :
« Moi, je ne suis pas noir ». Au
cas où on ne le savait pas, il est
Français. On est loin de Rimbaud
qui écrivait : « Je suis un
nègre ». Ou encore, plus près
de nous, d’Aimé Césaire qui,
tout en se gardant de tomber
dans une sorte de racisme noir,
affirmait récemment dans ses
entretiens avec Françoise Vergès
: « Nègre je suis, nègre je
resterai. »
Ces propos méritent qu’on s’y
arrête ne serait-ce que parce
que, de tous les joueurs français
ayant une origine africaine
proche ou lointaine, Thuram
est sans doute l’un des
plus cultivés. En proclamant
qu’il n’est pas noir, Thuram dit
plusieurs choses. D’abord, il
s’inscrit en droite ligne de la
pensée de Fanon pour qui« Le
Nègre n’est pas. Pas plus que le
Blanc ». On peut ensuite supposer
qu’en niant l’existence
desa négritude, cequeThuram
veut mettre en relief, c’est
d’abord son identité d’homme
tout court.
Indirectement, Thuram compare
ensuite l’histoire de la
France à celle des États-Unis.
Qu’en revendiquant sa francité,
il évoque les équipes américaines
de basket-ball, souvent
composées en majorité d’Africains-
Américains et signifie
qu’à ses yeux « représenter »
la France n’est pas, avant tout,
une question depigmentation.
En d’autres termes, la race ne
constituepas le visage premier
de la nation, le déterminant
premier de son identité. Cette
dernière est, de bout en bout,
une production historique et
non point épidermique. Entre
les deux, la référence aux origines
africaines a totalement
disparu.
Est-ce le prix à payer pour que
la France continue de vivre
dans l’illusion que, chez elle, la
questionracialenes’est jamais
posée et ne se pose pas ? Car,
tout de même, même si Thuram
pense qu’il n’est pas noir,
pour beaucoup de Français, il
l’est bel et bien. Comment se
fait-il que Thuram ne puisse
pas dire simplement : « Eh
bien, heureusement pour la
France, je suisblack et français,
et c’est bien ainsi. »
Peut-être Thuram est-il véritablement
fils de l’idéologie de
la République aux yeux de
laquelle il n’y a pas de races,
mais seulement une humanité
universelle. Or, c’est précisément
ce mythe et cette illusion
que dément, de manière si
spectaculaire, cette équipe
des « Bleus » si « black ». Car,
pourquoi une telle visibilité
dans les sports (et peut-être la
musique) et une telle obscurité
dans tous les autres secteurs
de la vie sociale, économique,
intellectuelle et politique ? Où
sont donc les Colin Powell, les
Condoleeza Rice français ? Et
les grands écrivains comme
Maya Angelou et Toni Morrison
? Où sont les grands
cinéastes, à la manière de
Spike Lee, et les producteurs
de télévision, à la manière de
Bill Cosby et Oprah Winfrey ?
Où sont les généraux noirs et
où sont les maires dans les
communes et les députés à
l’Assemblée nationale et les
ministres dans les cabinets
comme, paradoxalement, ce
fut le cas à l’époque de la colonisation
?
Ce vieux pays qui a encore tant
detrésors àoffrir àl’humanité,
il faut l’ interroger sans
relâche ; il faut continuer de
l’interpeller et le pousser, malgrélui
s’il le faut,àsortirdeson
sommeil léthargique, de ses
incurables vanité et narcissisme,
de son orgueilleuse
complaisance.
Il faut qu’il sache qu’il y a deux
types de sociétés racistes. Il y a
des sociétés qui tendent à
ramener toute la richesse de
l’expérience humaine à une
question de race. Et c’est faux.
Puis, il y a les sociétés où la
question de la race fait l’objet
d’un aveugle déni et d’un profond
refoulement. Et c’est faux
également. Finalement : ces
« Bleus » si « black » gagneront
peut-être la Coupe du
monde.Moi, c’estmonsouhait.
Àsupposer qu’ils ne la gagnent
pas, ils n’auront pas moins,
aut h ent iq u eme n t , é t é
l’expression d’une certaine
idée de la France. Cette
authenticité était peut-être,
au fond, ce que voulait évoquerThuram.
Il l’exprimaità un
moment où la France débat
enfin publiquement de toutes
ses histoires, l’esclavage et la
colonisation compris. Mais
c’est aussi le moment où des
dizaines de milliers de Français
se mobilisent pour des enfants
sans papiers qui, peut-être,
joueront pour l’équipe de ce
vieux pays en 2010 et en 2014
eten2018 eten 2022 et en2026
et pour les siècles des siècles ?
ACHILLE MBEMBE (*)
(Le Messager (extraits),
Douala, Cameroun)
que l’équipe de France ne comprend
que deux ou trois titulaires
blancs. À les observer de
près, ces « Bleus » sont tout
« black » . C’est d’ailleurs ce
qu’a voulu souligner Jean-
Marie Le Pen. Jouant, comme
d’habitude, sur le non-dit
raciste, il remarquait que cette
équipe de « joueurs de couleur
» qui, de surcroît, ne
savent pas chanter La Marseillaise
à pleins poumons, était
loin de représenter sa France à
lui, la« vraie France ». On était
au tout début de la compétition,
à un moment où les
« Bleus » avaient de la peine à
trouver leur rythme et couraient
le risque d’une nouvelle
élimination au premier tour.
Toujours est-il qu’à l’exclamation
de Jean-Marie Le Pen,
Lilian Thuram a répondu :
« Moi, je ne suis pas noir ». Au
cas où on ne le savait pas, il est
Français. On est loin de Rimbaud
qui écrivait : « Je suis un
nègre ». Ou encore, plus près
de nous, d’Aimé Césaire qui,
tout en se gardant de tomber
dans une sorte de racisme noir,
affirmait récemment dans ses
entretiens avec Françoise Vergès
: « Nègre je suis, nègre je
resterai. »
Ces propos méritent qu’on s’y
arrête ne serait-ce que parce
que, de tous les joueurs français
ayant une origine africaine
proche ou lointaine, Thuram
est sans doute l’un des
plus cultivés. En proclamant
qu’il n’est pas noir, Thuram dit
plusieurs choses. D’abord, il
s’inscrit en droite ligne de la
pensée de Fanon pour qui« Le
Nègre n’est pas. Pas plus que le
Blanc ». On peut ensuite supposer
qu’en niant l’existence
desa négritude, cequeThuram
veut mettre en relief, c’est
d’abord son identité d’homme
tout court.
Indirectement, Thuram compare
ensuite l’histoire de la
France à celle des États-Unis.
Qu’en revendiquant sa francité,
il évoque les équipes américaines
de basket-ball, souvent
composées en majorité d’Africains-
Américains et signifie
qu’à ses yeux « représenter »
la France n’est pas, avant tout,
une question depigmentation.
En d’autres termes, la race ne
constituepas le visage premier
de la nation, le déterminant
premier de son identité. Cette
dernière est, de bout en bout,
une production historique et
non point épidermique. Entre
les deux, la référence aux origines
africaines a totalement
disparu.
Est-ce le prix à payer pour que
la France continue de vivre
dans l’illusion que, chez elle, la
questionracialenes’est jamais
posée et ne se pose pas ? Car,
tout de même, même si Thuram
pense qu’il n’est pas noir,
pour beaucoup de Français, il
l’est bel et bien. Comment se
fait-il que Thuram ne puisse
pas dire simplement : « Eh
bien, heureusement pour la
France, je suisblack et français,
et c’est bien ainsi. »
Peut-être Thuram est-il véritablement
fils de l’idéologie de
la République aux yeux de
laquelle il n’y a pas de races,
mais seulement une humanité
universelle. Or, c’est précisément
ce mythe et cette illusion
que dément, de manière si
spectaculaire, cette équipe
des « Bleus » si « black ». Car,
pourquoi une telle visibilité
dans les sports (et peut-être la
musique) et une telle obscurité
dans tous les autres secteurs
de la vie sociale, économique,
intellectuelle et politique ? Où
sont donc les Colin Powell, les
Condoleeza Rice français ? Et
les grands écrivains comme
Maya Angelou et Toni Morrison
? Où sont les grands
cinéastes, à la manière de
Spike Lee, et les producteurs
de télévision, à la manière de
Bill Cosby et Oprah Winfrey ?
Où sont les généraux noirs et
où sont les maires dans les
communes et les députés à
l’Assemblée nationale et les
ministres dans les cabinets
comme, paradoxalement, ce
fut le cas à l’époque de la colonisation
?
Ce vieux pays qui a encore tant
detrésors àoffrir àl’humanité,
il faut l’ interroger sans
relâche ; il faut continuer de
l’interpeller et le pousser, malgrélui
s’il le faut,àsortirdeson
sommeil léthargique, de ses
incurables vanité et narcissisme,
de son orgueilleuse
complaisance.
Il faut qu’il sache qu’il y a deux
types de sociétés racistes. Il y a
des sociétés qui tendent à
ramener toute la richesse de
l’expérience humaine à une
question de race. Et c’est faux.
Puis, il y a les sociétés où la
question de la race fait l’objet
d’un aveugle déni et d’un profond
refoulement. Et c’est faux
également. Finalement : ces
« Bleus » si « black » gagneront
peut-être la Coupe du
monde.Moi, c’estmonsouhait.
Àsupposer qu’ils ne la gagnent
pas, ils n’auront pas moins,
aut h ent iq u eme n t , é t é
l’expression d’une certaine
idée de la France. Cette
authenticité était peut-être,
au fond, ce que voulait évoquerThuram.
Il l’exprimaità un
moment où la France débat
enfin publiquement de toutes
ses histoires, l’esclavage et la
colonisation compris. Mais
c’est aussi le moment où des
dizaines de milliers de Français
se mobilisent pour des enfants
sans papiers qui, peut-être,
joueront pour l’équipe de ce
vieux pays en 2010 et en 2014
eten2018 eten 2022 et en2026
et pour les siècles des siècles ?
ACHILLE MBEMBE (*)
(Le Messager (extraits),
Douala, Cameroun)
- Cob
- Anigo : On sait pas comment mais t'es toujours là
- Messages : 23754
- Enregistré le : mar. janv. 01, 2002 1:00
- Cob
- Anigo : On sait pas comment mais t'es toujours là
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- stramboise
- franco-qatarien
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- Localisation : Cannelé
- attila2001
- Anigo : On sait pas comment mais t'es toujours là
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- Enregistré le : ven. mai 03, 2002 19:14
- Localisation : côté obscur de la force
Cob a écrit :et je vais ouvrir mes Paninis en croisant les doigts (non, ce sera pas facile, merci Jester).

arf dommage pour les paninis :cry2:
Voici venu le temps des rires et deschamps
Dans l'île aux enfants
C'est tous les jours le printemps
C'est le pays joyeux des enfants heureux
Des monstres gentils
Oui c'est un paradis
http://www.youtube.com/watch?v=xyDAeByWWF0
Dans l'île aux enfants
C'est tous les jours le printemps
C'est le pays joyeux des enfants heureux
Des monstres gentils
Oui c'est un paradis
http://www.youtube.com/watch?v=xyDAeByWWF0
- Jerry
- Zubar : Eternel espoir, tu feras jamais tes preuves
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- Enregistré le : sam. mai 03, 2003 21:26
Ben Ardisson himself.Joeuf de Paimboeuf a écrit :De toute façon, comme l'a dit je sais plus qui dans la dernière, Ardisson a été viré 2 fois de France2 et il est revenu.
Bon après, je vais pas rentrer dans le débat pro/pour-Ardisson mais force est de constater qu'il ne laissait pas indifférent, & ça c'est déjà pas donné à tout le monde.
- Juliensw
- Anigo : On sait pas comment mais t'es toujours là
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- Juliensw
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- Bakayoko : Tu as beaucoup posté, souvent hors cadre
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En même temps des finales de Coupe du Monde avec l'EdF ça arrive pas souvent.
Et même si je regarde un match de l'OM j'ai du mal à regarder non stop car c'est pas terrible à voir. :|
Putain, j'avais une putain de discussion intéressante avec une nana sur MSN et elle est partie se coucher.
Vivement demain pour la continuer. 

Et même si je regarde un match de l'OM j'ai du mal à regarder non stop car c'est pas terrible à voir. :|
Putain, j'avais une putain de discussion intéressante avec une nana sur MSN et elle est partie se coucher.


- Juliensw
- Anigo : On sait pas comment mais t'es toujours là
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- beyonder
- Flamini : tu postes comme un fou mais on sait que tu cherches un autre forum
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- Enregistré le : mar. janv. 01, 2002 1:00
- Localisation : Between nowhere and goodbye
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- Enregistré le : mer. nov. 20, 2002 15:38
- Localisation : Dans le Truman Show
- Jerry
- Zubar : Eternel espoir, tu feras jamais tes preuves
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- Enregistré le : sam. mai 03, 2003 21:26
- urba
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- Enregistré le : mer. nov. 20, 2002 15:38
- Localisation : Dans le Truman Show
- si-ma-tante-en-avait
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- Enregistré le : ven. juil. 23, 2004 17:23
- Localisation : En face de Carrefour
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