Cob a écrit : ↑mar. sept. 03, 2024 19:40
Figurez-vous qu'on a commencé une série qui me régale ! Welcome to Wrexham.
Bon, alors, peut-être étiez-vous au courant et en avez discuté dans les forums du haut, à l'époque, mais moi, j'ai complètement loupé le truc.
En 2021, Ryan Reynolds (Deadpool) et Rob Bidulechouette (Mythic Quest et a priori autre chose*) ont racheté le club gallois de Wrexham en 5e division. Ils en ont fait une série documentaire mélange de Friday Night Lights et Ted Lasso.
Maintenant, j'ai peur d'entendre parler de ce club pour apprendre qu'il est en telle ou telle division et me faire spoiler l'affaire ! Il semblerait qu'il y ait 3 saisons. Je ne sais pas si les 2 stars sont toujours actuellement au club ou pas, s'il a réussi à monter ou non et je ne veux surtout pas le savoir avant d'avoir vu la fin !!
*Edit : It's Always Sunny in Philadelphia
J’ai adoré ! Peut-être la série de documentaire que j’ai le plus appréciée !
Excellent ! Tu nous diras si le parc surprise de Rob est fini (et beau ?). On a vu que le 1er épisode de la dernière saison, je sais pas s'ils en reparlent ensuite.
J'ai eu très peur de cette saison 2 de Bref et finalement c'est bien, mais il faut expliquer pourquoi.
C'est pas bien grâce à la mise en scène, parce que c'est évident que la mise en scène est excellente. Le rythme infernal de la première version de Bref, qui a énormément influencé toute la vidéastie d'humour des dix dernières années, s'épanouit parfaitement dans des formats de 45 minutes. C'est même mieux, parce que le récit s'autorise des pauses, des digressions savoureuses et de (petites) longueurs que le format de 2 minutes ne permettaient pas. C'est découpé au millimètre, l'enchaînement et la transition entre les plans, les scènes, les sons, c'est parfait (si on tolère le style surdécoupé bien sûr).
On a une sensation de "rien n'est laissé au hasard", et à la fois de spontanéité, puisque des idées qui auraient dû rester des astuces rigolotes de 2 secondes sont poussées dans leurs retranchements pour devenir des métaphores filées (la lutte contre le cancer vue comme une scène d'action/SF, la relation de couple vue comme un véhicule de fiction, etc.).
C'est pas bien non plus grâce aux acteurs, parce que c'est évident qu'ils sont très bons, à la fois l'ancien et le nouveau casting, avec des tas de caméos plaisants, du fan-service bien entendu (Astier en psychanalyste) mais aussi des performances assez saisissantes, et pas forcément en direction de la comédie (Mikaël Alawai en Ben est glaçant par exemple).
Mais non, c'est surtout bien parce que Bref saison 2 est une excellente critique de Bref saison 1. On ne la voit pas trop venir dans les trois premiers épisodes, puis elle devient centrale dans les trois derniers.
Je n'ai jamais été un fan inconditionnel de Bref. J'ai toujours trouvé ça "sympa", "fun", "bien pensé", mais aussi bourré de clichés masculinistes avec des relents d'incels, de représentations des personnages féminins assez problématique. Je pensais que rebelote et puis finalement non puisque, parmi d'autres, un des sujets centraux est le traitement du virilisme, de la toxicité, voire du narcissisme.
Le personnage de Ben est traité comme relevant d'un narcissisme classique, dominant, grandiose, bref la forme de narcissisme la plus visible et "médiatique", engendrée par les grandes structures du patriarcat : possessif, harceleur, violent, etc. Un narcissisme dirigé vers les autres, vers leur domination hiérarchique.
Mais sans qu'on s'y attende, une vague de fond va nous faire prendre conscience vers l'épisode 4 qu'il y a un autre narcissique dans cette histoire, un narcissique vulnérable, victimaire, manipulateur, chez qui on ne percevrait pas, de prime abord, les attributs caricaturaux du narcissique dominant. Un narcissisme dirigé vers soi, vers un assujettissement volontaire et auto-complaisant. Et là c'est une bonne baffe sous forme d'autocritique, et ça devient très intéressant.
Alors bien sûr l'arc de rédemption du protagoniste est un peu "idéalisé". Je ne suis pas sûr que dans la vraie vie des prises de conscience aussi merveilleuses et radicales existent. C'est de la fiction. Mais c'est bien que soient ainsi présentés et incarnés à la fois "toxiques du haut" et "toxiques du bas", avec leurs toxicités à la fois semblables, différentes, et tout aussi destructrices l'une que l'autre.
Du reste, ne vous attendez pas à de la profondeur ou de la justesse psychologique (à l'exception des mécanismes sophistiques et rhétoriques du narcissique, qui sont très très bien rendus). L'idée de Bref saison 2 est davantage d'incarner que d'explorer. Mais ça donne des figures, des scènes, des moments, qui vous marquent, sur lesquels on peut s'appuyer.
Et en dehors de ça c'est très agréable à regarder, ça se dévore en une ou deux soirées.
Welcome to Wrexham.
