urba a écrit : ↑mer. sept. 27, 2023 13:20
Nico Lozzi, fais-moi un texte en 10 lignes à la façon de Stephen King sur l’arrivée de Gattuso
Un bruit mou et sourd avait heurté la panneau extérieur de la porte du vestiaire, comme si on avait lancé sur elle un crâne humain fraîchement arraché à sa colonne vertébrale. Les joueurs assemblés dans la pénombre avaient, sans s'en apercevoir, resserré leurs rangs. Ils étaient seize, mais le tremblement imperceptible de leurs corps les reliaient en une terreur commune. Les bancs vibraient. On entendait des claquements, mais ce n'étaient que les ballons qui s'entrechoquaient dans le filet porté par Leonardo.
"C'était loui, vous pensé ?" hasarda l'Argentin en maintenant entre elles les carcasses de cuir des balles dégonflées.
"Impossible, répliqua Amine. Les collègues ont promis qu'ils le retiendraient à l'entrée de la Commanderie. Il ne peut tout de même pas gagner à un contre trois, non ?"
Personne ne répondit. Les sens aux aguets, chacun se concentrait sur la porte. Allait-elle trembler de nouveau ? S'ouvrir tout d'un coup ? S'effondrer sous le coup de boutoir d'une puissance destructrice ? Valentin se leva, l'air déterminé.
"J'en ai marre de me planquer. Elles sont passées où, vos couilles ? Ce serait quoi, ce type-là ? Un monstre ? Un extra-terrestre ? C'est des fables, tout ça, des contes pour faire peur aux enfants. On a affaire à un être humain comme nous, qu'on peut regarder face à face.
- Mais Valentin, dit Jordan, mes potes en Italie ils m'ont dit que...
- Tes potes en Italie c'est des tapettes, vociféra Valentin en posant la main sur la barre de la porte. Je sors."
Mais il n'eut pas le loisir de terminer son geste. Une force prodigieuse avait envoyé valser le panneau à travers le vestiaire, écrasant contre le mur la tête de Leonardo comme une pastèque trop mûre. Un cri d'horreur monta à l'unisson des coéquipiers sidérés.
"Oh non ! Le voilà !"
Leur capitaine avait été saisi par un bras musculeux qui lui enserrait le cou. Au-dessus de la tête écarlate de Valentin, dont les yeux menaçaient de sortir de leurs orbites, flottait un visage démesuré. Un masque de démon, tout rouge lui aussi.
"ALLORA ! CHI E IL FROCIO, BASTARDI ???"
Sans attendre la réponse à ce qui n'était qu'une question rhétorique, la créature exposa une double rangée de dents pointues, de celles qu'on s'attend à trouver dans la mâchoire d'un grand requin blanc. D'un geste précis, elle croqua le crâne de son otage. Après avoir séparé et recraché l'occiput, l'ogre cannibale plongea sa langue dans la cavité comme dans un bol de soupe pour en extraire le contenu. Il dégusta le cerveau avant de s'en lécher les babines, projetant sur les footballeurs terrifiés des postillons de matière grise dégoulinante.
"Regardez, il a aussi eu les autres !"
En effet, sur le corps de la bête enragée s'étalaient les restes de ses précédentes victimes, comme s'il s'était roulé dans leurs dépouilles après les avoir vidés de leur sang. On devinait là une oreille de Pierre-Emerick, une main d'Azzedine, la peau du visage de Joaquin. Ils n'avaient pas survécu à l'intensité absurde réclamée par un tel colosse.
Il éleva ses épaules jusqu'à hauteur du plafond et toisa les quatorze survivants sans dire un mot. Geoffrey comprit que c'était le moment de se soumettre.
"On fera tout ce que vous voudrez, M. Gattuso."
Le grognement qui s'éleva ressemblait à un râle de satisfaction.
"Allora... pourrrr commencer, vingt tourrrrs de terrain."