Si tu veux, l'OM est sixième du championnat et parmi les équipes qui le précédent et occupent une place européenne, il y l'AS Monaco.
Je trouve qu'un sujet à propos de son financement et la timidité médiatique à son égard (en comparaison avec le traitement de l'Olympique de Marseille), lorsqu'il s'agit d'ARGENT est intéressant et je l'ai donc proposé.
et moi ca ne me fait pas rêver Monaco.
Je demande juste que tous les participants au championnat de Ligue 1 soient traités équitablement.
Pourquoi? Parce qu'il n'y a pas de raison qu'il en soit autrement.
L'Express du 11/06/1998
Monaco guerre des juges et argent sale
par Gilles Gaetner
Paradis fiscal, le Rocher attire des fonds du monde entier, y compris mafieux. La justice tente d'y remédier. Mais pas suffisamment aux yeux de certains magistrats. Lesquels soupçonnent le procureur général de freiner, voire d'entraver, les dossiers sensibles
Monaco, c'est une part de rêve dans notre vie quotidienne, un endroit mythique pour milliardaires en mal de frissons qui aiment jouer gros au casino. C'est aussi le lieu qui accueille, en un rite immuable, le Grand Prix de formule 1 et l'Open de tennis. Avec ses stars et ses snobs. Monaco, enfin, c'est la saga de la famille princière racontée à longueur d'année, des frasques de Caroline et de Stéphanie...
Monaco est devenu, la terre promise pour les sociétés offshore
Mais derrière ce décor d'opérette se cachent des intérêts financiers considérables. En effet, la principauté de Monaco, qui ne jouit d'aucune ressource propre, a dû axer son développement sur trois secteurs: l'immobilier, les jeux, par l'intermédiaire de la puissante Société des bains de mer, propriétaire du casino et d'hôtels de luxe, et, bien sûr, les placements d'argent. Un chiffre, à lui tout seul, résume l'importance du trésor de guerre monégasque: 117 milliards de francs sont déposés dans la cinquantaine de banques de la principauté. Autant de placements effectués en toute discrétion et sans risque. Et pour cause: st un paradis fiscal.
Rien d'étonnant à ce que Monaco soit devenu, au fil des ans, la terre promise pour les sociétés offshore. Peu importe l'identité réelle de leurs dirigeants: l'argent est là. Peu importe encore qu'il soit sale ou non, qu'il provienne de la Mafia italienne, russe ou d'hommes d'affaires, voire d'élus véreux.
Pourtant, depuis qu'en 1993 le député François d'Aubert a, dans un rapport désormais célèbre, dénoncé Monaco comme plaque tournante du blanchiment de l'argent, les choses ont un peu changé. La justice de la principauté commence à mettre son nez dans certaines affaires sulfureuses. Mais hélas! timidement. Beaucoup trop, aux yeux de certains juges, qui estiment que le combat contre l'argent sale n'est qu'un leurre.
Ces magistrats vont jusqu'à dire, haut et fort, que la justice monégasque, via son procureur général, Gaston Carrasco, aurait une propension à ralentir les instructions des dossiers sensibles.
Objectif? Ne pas décourager les investisseurs. Une analyse que conteste totalement et formellement Gaston Carrasco. Interrogé par L'Express, il fait valoir qu'il a ouvert, en 1994, une information judiciaire visant la Société des bains de mer et une autre, en 1990, contre l'ancien directeur général de la Banque industrielle de Monaco (BIM), Jean-Claude Colcy, pour blanchiment d'argent. Deux informations qui ont débouché sur des condamnations.
Il n'empêche. Depuis de longs mois, le palais de justice, une superbe bâtisse en forme d'église, est le théâtre d'un conflit, tournant parfois à l'affrontement, qui oppose deux clans: d'un côté, celui du procureur général donc, soutenu par Noël Museux, directeur des services judiciaires - l'équivalent de notre garde des Sceaux; de l'autre, celui d'une poignée de magistrats, comme le juge d'instruction Charles Duchaine et le substitut Dominique Auter, exaspérés de ne plus pouvoir exercer normalement leur métier.
La situation est si dégradée que Dominique Auter aurait été non seulement évincé du tableau de permanence, mais aussi privé de téléphone. Ambiance. Charles Duchaine, pour sa part, dont les rapports avec Gaston Carrasco sont de plus en plus tendus, a fait l'objet d'une procédure disciplinaire devant la Cour de révision judiciaire monégasque. Une initiative rarissime.
Départs en cascade
Cette guerre sans précédent, dont les échos ont fortement résonné à Paris, inquiète au plus haut point la chancellerie. Et pour cause: les magistrats belligérants sont des fonctionnaires français détachés par le Quai d'Orsay, normalement pour une période de cinq ans. Leur détachement dépend à la fois du bon vouloir du prince Rainier et du gouvernement français. Il suffit d'un veto de l'une des deux parties pour que le magistrat ne soit pas nommé. (Actuellement, sur 20 magistrats en poste, 15 sont français.)
Malgré ces verrous, un climat délétère s'est installé au palais de justice de Monaco, avec des conséquences déjà néfastes: le juge Paul Baudoin, en poste depuis à peine deux ans, vient de partir comme substitut à Fort-de-France (Martinique).
Son collègue, Jean-Philippe Rivaud, a été moins patient. Sept mois après son arrivée, il a obtenu une disponibilité pour s'inscrire comme avocat au barreau de Lyon. Jacques Lefort, détaché, lui, depuis 1988 comme juge d'instruction financier, puis conseiller à la cour, excédé également, vient d'être promu avocat général à Basse-Terre (Guadeloupe). L'hémorragie ne semble pas devoir s'arrêter là: Charles Duchaine et Dominique Auter, qui ont exposé récemment à un membre du cabinet d'Elisabeth Guigou leurs griefs à l'encontre du procureur général, souhaitent, eux aussi, ardemment partir.
Qui est donc ce procureur général, objet de tous les mécontentements? Personnage affable, roulant outrageusement les «r», ce qui laisse percer ses origines catalanes, Gaston Carrasco, âgé aujourd'hui de 58 ans, a d'abord été commandant de CRS, avant d'intégrer, en 1975, la magistrature. En un peu plus de dix ans, il a été successivement premier substitut à Dunkerque, procureur à Ajaccio puis à Périgueux, avant d'être nommé, le 15 juillet 1988, procureur général à Monaco. Une sinécure, ce poste. D'abord, sur le plan matériel: mieux rétribué qu'un poste équivalent en France, il bénéficie d'une exemption partielle d'impôts. Ensuite, sur le plan du travail, il est (apparemment) peu exposé. En effet, la délinquance est quasi inexistante dans la principauté. «Grâce aux caméras implantées un peu partout et aux 500 policiers présents à tous les carrefours, votre femme peut se balader à 2 heures du matin avec une rivière de diamants sans aucun risque», constate un magistrat. Et d'ajouter: «Nous n'avons eu que trois meurtres en une vingtaine d'années!» Qui dit mieux?
Quand il s'installe à Monaco, il y a dix ans, le sémillant Gaston Carrasco a du pain sur la planche. Il se frotte d'emblée au directeur de la Sûreté publique (la police locale), un commissaire divisionnaire venu de Paris, Yves Majorel. Son tort? Avoir négligé, contrairement à tous les usages, de rendre une visite protocolaire au nouveau procureur général. Carrasco ne lui pardonnera pas. Mais s'il n'y avait que cela! Majorel estime que la gestion de la prison est de son ressort. Nouvelle erreur. Et nouveau casus belli entre les deux hommes. En 1990, exit Majorel.
Précisément, la prison, Gaston Carrasco s'y intéresse bigrement. Dès son arrivée sur le Rocher, il est abasourdi par les conditions de vie de la centaine de détenus qui y séjournent. On comprend pourquoi: dans cette prison - surnommée le «sous-marin» - située en contrebas du palais de justice, les murs des cellules ont 6 mètres d'épaisseur, avec des meurtrières en zigzag, ce qui laisse les prisonniers dans une obscurité quasi permanente. Certes, impossible de supprimer les murs! Mais Gaston Carrasco s'emploie très vite à mettre sur pied un régime de détention plus humain. Comment? En exigeant que chaque prisonnier soit doté d'un dossier médical et participe à des activités culturelles ou sportives. Enfin, Carrasco encourage le travail pénitentiaire. Bref, il souhaite que l'incarcération débouche sur la réinsertion sociale. Une première sur le Rocher.
Le procureur général remet aussi de l'ordre dans la police, dont le comportement laisse parfois à désirer. En n'hésitant pas, par exemple, à sanctionner un policier trop prompt à distribuer des paires de gifles à un prévenu. Mais les pesanteurs sociologiques sont lourdes. Carrasco en fait les frais en 1992, lorsqu'il diligente une enquête sur quelques policiers un peu nerveux qui ont sévèrement éreinté un boxeur (sic) allemand! Hélas! l'enquête ne débouche pas. En raison d'une pétition circulant contre lui, Carrasco doit stopper toute investigation...
En cette période 1988-1992, il apparaît comme un magistrat plein d'idées, soucieux de mettre fin à des mauvaises habitudes. Et ça marche: en 1993, Rainier, satisfait de Carrasco, demande qu'il soit reconduit dans ses fonctions. Carrasco entame son second quinquennat, qui va être, lui, critiqué.
Pourtant, en 1995, sous l'impulsion du procureur général et de Noël Museux, directeur des services judiciaires, un nouveau combat, délicat, est engagé: celui de la lutte contre la délinquance en col blanc, notamment le blanchiment d'argent, qui a si souvent entaché la réputation de la principauté. Témoin, le krach de la prestigieuse Banque industrielle de Monaco (BIM) au début des années 90, soupçonnée de se livrer à des trafics illicites d'argent.
Témoin, aussi, la présence à peine voilée de la Mafia italienne, trop heureuse d'investir ses revenus à Monaco ou de blanchir l'argent au casino de Monte-Carlo. Pour gagner le pari de la lutte contre l'argent sale, il faut évidemment des magistrats compétents et pugnaces. C'est ainsi que, en 1995, arrivent trois juges pleins d'allant. Le premier s'appelle Jean-Philippe Rivaud, jusque-là substitut à Villefranche-sur-Saône; le deuxième, Charles Duchaine, exerçait les fonctions de juge d'instruction à Aurillac; le troisième, Dominique Auter, était en poste à Privas. Tous trois croient à leur mission de service public, telle qu'on l'enseigne à l'Ecole nationale de la magistrature, à Bordeaux. Hélas! ils vont déchanter, s'affrontant rapidement au procureur général.
Le cas de Jean-Philippe Rivaud est exemplaire. Grand, d'un naturel souriant, ouvert, il débarque à Monaco en août 1995, comme substitut du procureur général. Il a 31 ans. Finie la routine, pense-t-il, celle qu'il a connue à Laon, puis à Villefranche... On le lui a dit et répété, à Monaco, tout est à faire: la modernisation de la justice, la lutte contre la grande délinquance... Pourquoi ne pas y croire? Pourtant, à peine arrivé, les choses ne se passent pas très bien. Première déconvenue: Rivaud doit dormir un mois à l'hôtel, alors qu'on lui avait promis un appartement. Deuxième déconvenue: il hérite d'un bureau plus que sommaire... Aucun aménagement décent n'y a été effectué. Des broutilles, se dit-il, tout en prenant avec entrain ses nouvelles fonctions. Nouvelle déception. Son travail n'offre que peu d'intérêt: chèques sans provision, petites affaires de stup, infractions au Code de la route, conduite en état d'ivresse. Rien de bien excitant.
Mais, surtout, au fil des jours, le jeune substitut découvre avec stupeur une justice extrêmement répressive pour les petits délinquants. Il se souvient, par exemple, des poursuites engagées contre de jeunes beurs, interpellés avec 1 gramme de cannabis. La sanction tombait, immuable: quinze jours de prison. Il se souvient encore de cette jeune femme placée en garde à vue en compagnie de son fils de 12 ans. Impensable en France!
Jean-Philippe Rivaud n'a pas davantage oublié la sévérité avec laquelle était sanctionnée toute personne qui osait pêcher au Larvatto, là où se trouvent deux plages artificielles aux eaux limpides. Certes, dans cette zone, la pêche est rigoureusement interdite, mais tout de même! Ecoper d'une garde à vue, suivie d'une présentation au parquet et d'une inculpation, voilà qui est cher payé pour avoir osé enfreindre ce règlement.
Petit à petit, Jean-Philippe Rivaud se lasse de cette répression. Survient alors un événement qui va le décider à partir. En octobre 1995, un automobiliste est interpellé dans le parking situé non loin du casino, alors qu'il vient de garer sa voiture. L'homme est ivre, mais, surtout, il vient d'être victime d'un malaise cardiaque. La situation se complique lorsque les policiers découvrent que l'homme en question est interdit de séjour dans la principauté. Le malheureux a beau expliquer qu'il a quitté précipitamment l'autoroute à Monaco en raison de son malaise, rien n'y fait: il est bel et bien en infraction. Finalement, la maréchaussée le conduit au centre cardiologique de la principauté de Monaco. La suite est ahurissante... Quelques jours plus tard, l'automobiliste, guéri, se voit placé en garde à vue et écroué pour quelques jours. Il sera finalement relaxé.
Cette histoire écœure un peu plus Jean Philippe Rivaud, qui décide de quitter Monaco. Il y sera resté sept mois! Avant de partir, il adresse une lettre au directeur des services judiciaires de Monaco, dans laquelle il dit crûment ce qu'il a sur le cœur. C'est l'émoi au palais de justice. Jamais un magistrat n'avait osé prendre pareille initiative! Pour Gaston Carrasco, le coup est rude. Le départ de l'un de ses substituts constitue un échec. Il est aussi un avant-goût d'une nouvelle bataille qui va l'opposer, de manière frontale cette fois, au juge d'instruction Charles Duchaine.
Ce dernier, 36 ans, partage les mêmes convictions que Rivaud. Il fait, comme lui, partie de ces juges qui ont pour modèle les Courroye, Van Ruymbeke et Eva Joly... Il croit, comme eux, à ce fameux espace judiciaire européen dont la création devrait faciliter la lutte contre le crime organisé. Aussi veut-il «sortir» des affaires. Quitte à déplaire au procureur général.
Dès son arrivée, Charles Duchaine s'oppose sévèrement à Gaston Carrasco, à propos d'un dossier mettant en cause un avocat célèbre soupçonné d'avoir perçu des honoraires fictifs afin de blanchir de l'argent. Pour en avoir le cœur net, Duchaine demande la désignation d'un expert. Le procureur général s'y oppose.
La guerre entre les deux hommes ne fait que commencer. Elle va aller crescendo. A l'automne 1996, c'est l'exécution d'une commission rogatoire internationale en provenance d'Italie qui envenime une première fois leurs relations. A l'époque, le procureur d'Asti enquête sur une gigantesque escroquerie: deux Italiens, les frères Franco et Devis Chiarolanza, auraient perçu frauduleusement une indemnité de 1,5 milliard de lires destinée à les dédommager des inondations subies en 1994 dans leur boutique de vêtements de luxe.
Or cette somme aurait atterri sur le compte d'une société monégasque, Cogetra, animée par les frères Chiarolanza et par Daniel Ducruet, mari, à l'époque des faits, de Stéphanie de Monaco. Une affaire sensible donc, qui risque d'éclabousser la famille princière.
Le procureur d'Asti envoie donc une commission rogatoire à Duchaine pour qu'il fasse la lumière sur cette histoire. Fidèle à son habitude, le juge ne mollit pas. Et décide de placer sur écoutes les quatre lignes téléphoniques de la société Cogetra. La moisson est fructueuse: le juge apprend que Ducruet a manifesté, à plusieurs reprises, auprès de ses interlocuteurs son inquiétude à propos de cette affaire. Il apprend encore que l'époux de Stéphanie a appelé une avocate italienne pour l'informer de l'arrestation d'un des frères Chiarolanza. Visiblement, Ducruet est soucieux...
Décidément pugnace, le juge Duchaine perquisitionne, le 12 novembre 1996, à la Cogetra et fait conduire les trois hommes qui s'y trouvent, Daniel Ducruet, son frère Alain et un certain Didier Gambino, au siège de la direction de la sûreté publique. Là, on les fait patienter dans un local sonorisé. Une façon commode d'entendre leur conversation. Les investigations du juge avancent à grands pas. Seulement voilà: Carrasco découvre que cette «sonorisation» a été faite à son insu et que seul le procureur d'Asti en a été informé, au cours d'un entretien secret avec Duchaine.
Furieux, Gaston Carrasco demande l'annulation d'une partie de la procédure. Motif? Le juge a exécuté la commission rogatoire dans des conditions totalement irrégulières. Il aurait dû alerter le procureur général. Ce qu'il n'a pas fait. La Cour d'appel donne raison à Carrasco, à la stupéfaction de Duchaine. Ce dernier ne peut s'empêcher de penser que derrière cette annulation se cache un objectif inavouable: empêcher qu'un scandale, via Daniel Ducruet, ne rejaillisse sur la famille princière.
Polémique au palais de justice
La tension monte d'un cran entre le procureur général et Charles Duchaine. Elle va même s'amplifier à propos d'une énorme affaire de drogue à laquelle est mêlé un certain Moshe Binyamin, citoyen israélien.
Au début de 1997, Charles Duchaine estimant ses investigations terminées, souhaite renvoyer Binyamin en correctionnelle. Nouveau refus du procureur général qui, estimant l'enquête incomplète, interjette appel. Et nouvelle victoire: la Cour d'appel confirme qu'il faut poursuivre les investigations. Une fois encore, Duchaine a le sentiment qu'on veut étouffer une affaire sensible.
Alors, le 22 mai 1997, Charles Duchaine adresse une lettre cinglante au directeur des services judiciaires, Noël Museux, dans laquelle il écrit: «Je viens de prendre connaissance de l'arrêt de la Cour. Cette décision est de nature à entraîner l'enlisement du dossier (...). Je ne peux assumer cette responsabilité. Les liens de cet inculpé [Binyamin] avec les narcotrafics sont évidents.» Et le juge de conclure: «J'exécuterai cet arrêt avec loyauté et célérité, mais sans aucune conviction.» Pour faire bonne mesure, il en adresse une copie au Quai d'Orsay, qui atterrit à la chancellerie. Cette initiative est maladroite. Duchaine, en effet, soumis aux lois de la principauté, n'a pas à alerter le gouvernement français du conflit qui l'oppose à sa hiérarchie locale.
La réaction des services judiciaires monégasques ne se fait pas attendre. Le 16 juin, Noël Museux répond à Charles Duchaine en des termes extrêmement durs: «Votre attitude met gravement en cause le mécanisme institutionnel de l'appel. Elle montre que vous ne paraissez pas en mesure d'instruire ce dossier à charge et à décharge, comme il sied à un juge d'instruction recherchant la vérité dans la sérénité. Monsieur le Président de la Cour d'appel demande que vous soyez écarté de l'instruction et qu'il soit mis fin à vos fonctions à Monaco, où vous n'avez plus votre place. J'ai donc décidé d'engager [contre vous] une procédure disciplinaire.»
Duchaine est abasourdi. Quarante-huit heures plus tard, Dominique Auter tente d'intervenir auprès de Noël Museux en faveur de son collègue. En vain.
Le 17 octobre 1997, cinq heures durant, l' «affaire Duchaine» est examinée par la Cour de révision judiciaire, l'équivalent de notre Cour de cassation. L'atmosphère est pesante. Quatre magistrats, ainsi que le chef de la sûreté monégasque, Maurice Albertin, viennent témoigner en faveur de Charles Duchaine. Rien n'y fait. Gaston Carrasco, qui occupe le siège du ministère public, réclame une sanction exemplaire contre son collègue: la révocation. En clair, le retour immédiat de Duchaine en France. Il n'est pas suivi. La Cour se contente, en effet, d'infliger la censure avec réprimande. Autrement dit, une sanction minime. C'est un camouflet pour Carrasco. Duchaine peut rester à Monaco.
Pareil affrontement n'a jamais eu lieu entre magistrats à Monaco. Certes, l'enterrement ou à tout le moins le ralentissement du cours des dossiers sensibles n'est pas un phénomène nouveau. La France n'est pas exempte de telles pratiques... Mais là, à Monaco, il s'agit de dossiers de droit commun.
Même si, à Paris, la chancellerie affiche une prudence évidente concernant la mise en cause de Duchaine, de peur d'une brouille avec les autorités monégasques, elle est prête à en tirer les leçons. Ainsi, la ministre de la Justice, Elisabeth Guigou, aurait décidé de ne pas renouveler Gaston Carrasco à son poste de procureur général. Officiellement, parce que les deux mandats de cinq ans qu'il a accomplis sont amplement suffisants. Le même sort devrait être réservé au premier président de la Cour d'appel, Jean-Charles Sacotte, dont le détachement se termine bientôt. Quant à Noël Museux, le directeur des services judiciaires, il devrait, lui aussi, partir. Mais pour cause de retraite. Un affaire qui montre, pour le moins, que la justice de la principauté connaît une crise sans précédent.
Comme tu le sais, malgré un passif estimé à 53 millions d'euros (?...) et une rélégation virtuelle, la DNCG a autorisé l'AS Monaco à participer au championnat l'été dernier. Le groupe qui a apporté les garanties financière s'appelle Monaco Football Investissement.
Or, à l'époque de Bernard Tapie, récemment avec Robert-Louis Dreyfus (entendu 5 heures à grand renfort de médias, pour ensuite repartir complètement innocenté) et plus généralement dés qu'il s'agit, non seulement de l'Olympique de Marseille, mais aussi de la ville de Marseille, on assiste à un déchaînement de tout ce que le football francais et la justice compte comme forces vives de la morale, de l'éthique.
Je suis très content que le club OM compte aujourd'hui parmi les clubs sains ou du moins plus sains et je trouve donc tout à fait légitime de m'étonner sur la relative clémence, tant juridique, mais surtout journalistique dont bénéficie l'ARGENT de l'AS Monaco.
Bref, Scalpette, j'ai parfois l'impression que l'on se sert de l'OM pour systématiquement y coller des adjectifs sulfureux, alors que parallèlement, on devrait être soumis au Prince Albert, à la Principauté de Monaco et à l'AS Monaco qui semblent jouir d'une espèce d'immunité de précieuses.
Où en sont donc ces affaires qui ont par définition un lien avec le financement de l'AS Monaco et auraient pourri l'OM pour dix ans si d'aventure, elles avaient eu un lien avec Marseille.
Où sont les juges? Où est Eric de Montgolfier? Où sont les courageux journalistes qui se la jouaient