Le Monde a écrit :a Fédération internationale de football (FIFA) avait saisi le tribunal cantonal de Zurich, où est installé son siège, pour que l'ouvrage soit interdit de publication et de distribution en Suisse. Carton rouge, les dessous troublants de la FIFA, du Britannique Andrew Jennings, paraît cependant en France, jeudi 4 mai, aux Presses de la Cité (462 pages, 19 euros), après sa publication en Angleterre, mardi 2 mai.
Auteur de La Face cachée des Jeux olympiques (L'Archipel) en 2000, le journaliste a enquêté quatre ans sur les coulisses de l'instance dirigeante du football mondial. Qu'y a-t-il découvert pour que la FIFA veuille empêcher la sortie de l'ouvrage ? "Une bombe à retardement", affirme l'auteur. Soit un avis de virement de un million de francs suisses (environ 650 000 euros) de la société de marketing sportif ISL (International Sport Leisure) sur le compte de la FIFA, à l'hiver 1998.
Citant "une source proche de la transaction", l'auteur, qui avait déjà relaté partiellement cet épisode en 2002 puis en 2005 dans le Daily Mail, affirme que le virement correspond à "un paiement au noir à un haut responsable du football" en échange de son aide à ISL - associé au groupe de médias allemands Kirch - pour obtenir le marché de la vente des droits de retransmission de la Coupe du monde 2002 et 2006.
Andrew Jennings rappelle que la justice suisse enquête toujours sur ISL. Les responsables de la société - qui a déposé le bilan en 2001 - sont soupçonnés d'avoir détourné 80 millions d'euros versés à ISL par la chaîne de télévision brésilienne Globo pour les droits de retransmission du Mondial 2002 et 2006. En novembre 2005, le juge d'instruction du canton de Zoug, Thomas Hildbrand, a perquisitionné les bureaux du président de la FIFA, Joseph Blatter. Selon le journal suisse Sonntags Zeitung, rapporte Jennings, un ancien responsable d'ISL poursuivi pour fraude aurait avoué au juge que l'argent détourné a été versé à des "décideurs dans le monde du sport".
Le journaliste anglais rappelle que c'est l'ancien patron d'Adidas, Horst Dassler, qui fut à l'origine d'ISL. Et que c'est lui qui porta au pouvoir le Brésilien Joao Havelange à la tête de la FIFA en 1974, avant d'imposer Joseph Blatter au secrétariat général, en 1981. Il cite l'autobiographie de l'homme d'affaires André Guelfi, ancien associé de Horst Dassler et condamné dans le procès Elf : "M. Blatter fut nommé secrétaire général, tout simplement grâce à Dassler (...), Blatter était son laquais."
Carton rouge s'adresse particulièrement au patron de la FIFA, accusé notamment de s'être fait rembourser les sommes de 12 527, 70 et 56 032 francs suisses (8 025 et 35 900 euros) au titre de sa campagne présidentielle victorieuse de 1998. "La FIFA rejette les reproches formulés dans l'ouvrage", a déclaré la fédération, mardi 2 mai, dans un communiqué, précisant que le livre contenait de "nombreuses allégations fausses et portant atteinte à des personnes morales et physiques".
En 1999, la FIFA avait également tenté d'interdire la publication d'un livre mettant en cause son fonctionnement, Comment ils ont truqué la partie, du Britannique David Yallop. L'auteur affirmait que vingt membres influents de la FIFA avaient accepté un total de un million de dollars de pots-de-vin (918 000 euros) pour faire élire Joseph Blatter en 1998.
Avant les élections de 2002, Michel Zen-Ruffinen, alors secrétaire général de la FIFA, avait rédigé un rapport interne très sévère dans lequel il accusait Joseph Blatter de "gérer la FIFA comme une dictature" (Le Monde du 28 mai 2002). M. Zen-Ruffinen y dénonçait pêle-mêle des abus de compétence, des emplois fictifs, des financements déguisés et des soupçons de corruption. A la suite de ce rapport, 11 des 24 membres du comité exécutif avaient porté plainte contre Joseph Blatter pour "détournements de fonds". Le patron du football mondial avait alors dénoncé une "machination" et M. Zen-Ruffinen avait dû quitter son poste.
Stéphane Mandard
Article paru dans l'édition du 04.05.06
L'Express a écrit :jeudi 4 mai 2006, mis à jour à 13:39
Football
Le scandale Fifa
Alexis Dufour
Dans son livre Carton rouge! Les dessous troublants de la Fifa, le journaliste anglais Andrew Jennings dénonce un scandale de pots-de-vin au sein de la Fédération internationale de football
Preuves à l'appui, le journaliste britannique Andrew Jennings, 62 ans, révèle dans son livre Carton rouge! Les dessous troublants de la Fifa (Presses de la Cité) d'éventuelles malversations financières opérées par les dirigeants de la Fédération international de football association (Fifa). Les protagonistes de l'affaire, Joseph Sepp Blatter, actuel président de la Fifa, et son entourage, se voient accusés d'avoir touché des pots-de-vin de la part de sociétés de sponsoring.
International Sport and Leisure (ISL), société de sponsors et de gestion de droits d'évènements, et son président Horst Dassler seraient au cœur de la manipulation. ISL gérait les droits télé de la Coupe du monde ainsi que le sponsoring. A cette occasion, ISL versait de grosses sommes d'argent à la Fifa, dont certaines seraient "allées discrètement sur un compte particulier" explique Jennings en affirmant détenir une copie du bordereau confirmant la transaction.
Le journaliste décrit également comment, selon lui, ISL aurait détourné soixante millions de dollars sur le versement des droits télé de la Coupe du monde 2002. "Ils ne sont jamais arrivés sur les comptes de la Fifa", déclare-t-il. Cet argent proviendrait de la part des droits réservés à la chaîne brésilienne TV Globo et aurait servi à remettre ISL sur les rails, en situation de faillite à ce moment. Blatter aurait lui "fermé les yeux" sur ces détournements.
Jennings n'en est pas arrivé là sans rencontrer quelques difficultés. Non seulement le livre est interdit de vente en Suisse, mais aucun éditeur allemand n'a accepté de le traduire. Le Britannique affirme aussi avoir subi des pressions, et avoir été espionné à son domicile à l'aide de micros. En 2000, le journaliste avait déjà publié La face cachée des jeux olympiques (Ed. de l'Archipel), un livre qui dénonçait la corruption dans une autre instance internationale du sport, le Comité international olympique.
Football.fr a écrit :Carton rouge pour la Fifa
Par Jonathan RAPAPORT
De Football.fr
le 03/05/2006
Sepp Blatter accusé de corruption à l'approche de la Coupe du Monde. A un mois du début de la Coupe du Monde, le livre Carton rouge, les dessous troublants de la Fifa, risque de défrayer la chronique. L'ouvrage écrit par le journaliste anglais Andrew Jenings révèle les pratiques douteuses de l'organe géré par Sepp Blatter. Il accuse notamment les patrons du football mondial d'être à l'origine de corruption ou encore d'avoir truqué des élections internes de la Fifa.
Un habitué des livres polémiques
Andrew Jennings, journaliste anglais de 62 ans n'en est pas à son premier livre polémique. En 2000, il publie « les Seigneurs des anneaux » où il dénonce les pratiques de l'ancien président du CIO, Juan Antonio Samaranch et de ses membres qui perçoivent selon lui des pots-de-vin de la part des villes candidates aux jeux. Ses accusations lui valent une condamnation, par un tribunal de Suisse, de 5 jours de prison avec sursis.
Cette fois, Andrew Jennings s'attaque à une autre instance de poids, la Fifa. Après une longue enquête, il a constaté de nombreuses anomalies dans la gestion de son président Sepp Blatter. D'énormes détournement de fonds ont été révélés par le journaliste lors de la cession des droits télé de la Coupe du Monde. "Sepp Blatter réussi à vendre en un seul bloc les droits télé pour les coupes du monde de 2002 et 2006, pour un montant total de 2,3 milliards de dollars" confie-t-il à nos confrères de Libération. "60 millions de dollars ont été versés : ils ne sont jamais arrivés sur les comptes de la Fifa ! Blatter savait qu'ISL était en faillite et que l'argent était utilisé pour le remettre à flot. " L'International Sport et Leisur (ISL), est une société de sponsoring et de gestion de droits d'évènements sportifs basée en Suisse et fondée par Horst Dassler en 2002, dont un des protégés n'est autre que Sett Blatter.
Des élections truquées à la Fifa
Andrew Jennings a observé également "quelques irrégularités" lors de l'élection de ce dernier à la tête de la Fifa en 1998 : "Il s'en sort miraculeusement face à Lennart Johansson, puis en 2002, face à Issa Hayatou, le président de la confédération africaine." Plus grave encore, l'homme chargé de gérer les finances de l'instance mondiale du football, l'Argentin Julio Grondonna, proche de Blatter, a été accusé d'avoir tenu des propos antisémites d'après le journaliste anglais. "Il a été capable de déclarer à la télé argentine, à propos de l'absence d'arbitres juifs en Amérique latine, que les juifs ne pouvaient pas être arbitre car ils n'aimaient pas travailler. "
Pour le moment, Foul, le titre original du livre d'Andew Jennings, a été interdit à la vente en Suisse. Il est par contre sorti depuis hier au Royaume-Unie et a été traduit en français, espagnol, hollandais, italien, danois et norvégien. Il n'a trouvé aucun éditeur dans le pays qui accueille la Coupe du Monde le mois prochain : l'Allemagne. Le journaliste est pessimiste sur l'avenir de son livre. Il estime en effet, qu' "il n'est pas dit que la Fifa ne tente pas d'interdire le livre en France, et même ici en Grande-Bretagne. "
Concernant les élections truquées, j'ai entendu sur France 2 que lors de son élection le représentant de Haïti, un de ses opposants, était absent mais a tout de même voté pour... Blatter.Le Figaro a écrit :Football [03/05/2006 19h00]
«Carton rouge» pour Blatter
Photo : Panoramic
Football, Zoom sur la FIFA
Rédaction Sport24.com, Sport24.com
Dans une enquête-choc qui sortira jeudi en France, Le journaliste britannique Andrew Jennings tacle allègrement le président de la FIFA Joseph Blatter et lève le voile sur la face la moins reluisante du football.
Laurent Suply (lefigaro.fr)
Un mois avant le début de la Coupe du Monde en Allemagne, Sepp Blatter risque d’avoir à gérer un dossier autrement plus brulant que celui des querelles de sponsors. Le patron de la Fédération internationale de football est la cible directe de «Carton Rouge ! Les dessous troublants de la FIFA*», une enquête de 462 pages d’Andrew Jennings. En 2000, le jounaliste s’était attaqué au Comité International Olympique, et à son ex-président Juan Antonio Samaranch, dans son livre «Le Seigneur des Anneaux». Selon lui, les membres du CIO recevaient des pots-de-vin de villes candidates à l’organisation des Jeux. Deux ans plus tard, le scandale éclate et confirme l’enquête de Jennings aux JO d’hiver de Salt Lake City.
Interdit en Suisse
Le réquisitoire de Jennings contre Blatter et la nébuleuse qui l’entoure à la FIFA est aussi long que virulent. Corruption, truquage des élections internes en 1998 et 2002, train de vie somptuaire des cadres de la fédération, détournement du pactole des billets de la Coupe du Monde, etc. La FIFA a d’ores et déjà réagi. Dans un communiqué publié sur son site internet le 28 avril, elle déclare : «Après l'avoir parcouru, la FIFA constate que le livre ne contient essentiellement rien de nouveau.» Pourtant, dans un entretien accordé à Libération, Jennings déclare : «Un tribunal de Zurich a interdit mon livre en Suisse la semaine dernière alors qu'il ne l'avait pas vu. D'ailleurs, Blatter non plus ne l'a pas lu. Comment peut-on interdire un livre qu'on n'a pas eu entre les mains ?»
La nébuleuse ISL
Le 28 février 2002, le journaliste britannique accusait déjà Sepp Blatter d'avoir bénéficié de soutiens financiers irréguliers lors de son élection de 1998. Mais Blatter n’a jamais été condamné par la justice, ni désavoué par la FIFA. Jennings évoque un bordereau de versement dont il affirme avoir une copie. Le versement proviendrait d’International Sport and Leisure (ISL), une société créée dans une zone franche suisse en 1982 par Horst Dassler. Le patron d’Adidas de l’époque, dont Blatter serait le protégé, selon Jennings, a l’idée visionnaire d’utiliser les manifestations sportives comme support publicitaire, et monnaye également les droits de retransmission de la Coupe du Monde pour le compte de la FIFA.
«ISL reversait d'importantes sommes d'argent à la FIFA sans que l'on sache exactement où cet argent atterrissait. Un jour, un virement d’un million de francs suisses est arrivé au siège de la FIFA (…) L'argent n'a pas été encaissé par la FIFA. En revanche, il est allé discrètement sur un compte particulier. J'ai une copie de ce bordereau», prévient Jennings dans Libération. Il y évoque également les 60 millions de dollars versés par la chaîne brésilienne TV Globo pour les droits de diffusion des Coupes du Monde 2002 et 2006, touchés par ISL, mais, eux non plus, jamais reversés à la FIFA. En bref, un véritable dossier à charge contre le président de l’instance mondiale. La prochaine élection interne de la FIFA en 2007 dira s’il est suffisamment solide pour renvoyer Blatter aux vestiaires.
* Les Presses de la cité, 462 pages, 19 euros. Sortie jeudi 4 avril 2006.