ET bien... ils sont accueillant les flics du Nord...
Etre ou ne pas être supporteur du PSG. Samedi soir, à Lens, il valait mieux figurer dans la deuxième catégorie au risque de passer quelques heures au commissariat. C’est la mésaventure survenue à de nombreux spectateurs lambda de la rencontre Lens - PSG, qui ont eu pour seul tort de vivre dans la région parisienne ou de circuler dans un véhicule immatriculé en Ile-de-France.
Plusieurs personnes se plaignent aujourd’hui de s’être fait confisquer leurs tickets de match avant d’être emprisonnées. Bilan d’une drôle de soirée.
Un dispositif efficace
Le dispositif imaginé par la préfecture du Pas-de-Calais a fait ses preuves. Aucun fait de violence n’a été déploré autour du stade ou dans la ville et les supporteurs nordistes ont pu assister au match sans désagrément. D’autre part, la décision du PSG de ne pas vendre de places à ses supporteurs s’est révélée efficace.
La tribune visiteurs est en effet restée vide. Cela prouve que, lorsque les pouvoirs publics se décident à employer les grands moyens, cela fonctionne. Samedi soir, la sous-préfète de Lens Isabelle Bonnet s’est félicitée de la verbalisation de 70 supporteurs parisiens et de 5 gardés à vue qui souhaitaient assister au match. Mais à quel prix ? Entre Lens et Paris, pas moins de 500 policiers et gendarmes ont été mobilisés pour une seule rencontre de championnat. Le tout aux frais de l’Etat.
Un arrêté liberticide ?
Pour empêcher les supporteurs du PSG de rallier Bollaert, le préfet du Pas-de-Calais a pris un arrêté spécifique interdisant « le stationnement et la circulation sur la voie publique de personnes se prévalant de la qualité de supporteur du club du PSG ou connues comme étant supporteur de ce club ». En se fondant sur ces termes volontairement flous, les policiers ont ratissé large. Au risque de manquer de discernement et de porter atteinte à la liberté de circulation ? Certains spectateurs originaires de l’Ile-de-France le pensent. Ils affirment avoir été traités comme des hooligans subissant au passage une véritable discrimination géographique. « La police a bien fait son travail et si des personnes estiment le contraire qu’ils s’adressent aux autorités compétentes », affirmait hier la préfecture du Pas-de-Calais qui renvoie les mécontents vers les tribunaux.
Originaire de Cergy-Pontoise, Ludovic Riaux, 23 ans, voulait assister à Lens - PSG avec trois amis. Ce technicien en téléphonie mobile n’a pas vu le match. Arrêté aux abords du stade, il a passé quatre heures au commissariat. Son seul tort ? S’être rendu avec une voiture immatriculée dans le Val-d’Oise à ce match interdit aux supporteurs du PSG.
Informés de ce témoignage, les policiers lensois confirment l’interpellation de Ludovic Riaux et précisent : « Nous n’avons fait qu’appliquer l’arrêté préfectoral. »
Pourquoi êtes-vous allé à Lens samedi ?
LUDOVIC RIAUX. Je n’avais jamais vu un match au stade Bollaert, on s’était dit que c’était l’occasion de voir la bonne ambiance de ce stade. On avait acheté nos places il y a trois semaines à la Fnac.
Pourquoi avez-vous été arrêté avant le match ?
Simplement parce que ma voiture est immatriculée 95. J’étais avec trois amis, deux d’entre eux soutiennent l’OM, l’autre le PSG et moi, je suis plutôt supporteur de Rennes. On savait qu’il allait y avoir beaucoup de contrôles et aucun d’entre nous n’avait d’écharpe ou de maillot. Arrivés dans le centre de Lens, des gendarmes ont vérifié nos papiers, notre coffre, il n’y avait rien. Ils nous ont demandé de nous garer et, une heure plus tard, un fourgon de police est venu nous chercher pour nous emmener au poste.
Que s’est-il passé au commissariat ?
Il y avait entre 50 et 70 personnes. Des gens comme nous, ils avaient ratissé super large ! Il y avait une famille de Lensois qui venait du Val-de-Marne. Quand j’ai dit aux policiers que cette situation était hallucinante, ils m’ont dit que des supporteurs parisiens pouvaient mettre des maillots de Lens…
Dans quelles conditions avez-vous été retenu ?
On s’est retrouvé à six dans une cellule de 5 m2 . Du grand délire ! On a été considérés comme des délinquants. On a été appelés tour à tour pour une audition. Les policiers étaient plutôt compréhensifs, ils nous disaient qu’ils ne faisaient qu’appliquer les consignes. Ils nous ont libérés à 21 heures.
Qu’allez-vous faire maintenant ?
Avant de quitter le commissariat, j’ai insisté pour porter plainte contre les forces de l’ordre pour arrestation arbitraire et détention abusive. Il faut prendre en compte le préjudice moral. La police a saisi nos places d’une valeur de 30 €. Il ne me reste que le justificatif d’achat. Je ne sais pas quoi faire, je vais contacter le PSG et le RC Lens.

Assez affligeant tout de même
