Tevez va donc rejouer pour Boca. Ça va peut-être vous surprendre, mais pour moi, c’est la nouvelle du mois de juin. Avec honte et peur des coups de fouet, j’avoue que le foot féminin me laisse indifférent. Quant à la Copa America, elle n’est pas facile à suivre. Et donc dans cette période dite de mercato, où le mot « projet » déborde de toutes les bouches des joueurs transférés (oui, parce que « projet » en langage footeux, c’est synonyme d’oseille ou caillasse). Cette période où le cynisme, qui accompagne souvent le business, balaye les derniers espoirs de ceux qui veulent encore voir un peu de romantisme dans notre sport préféré. Le mercato, pour le passionné de foot, c’est la fin du rêve. C’est la vilaine trace de pneu dans la cuvette, la découverte d’une épilation ratée au moment de la première nuit tant attendue…
Mais dans ce mois de juin, il y a donc Carlos Tevez. Il voulait absolument retourner à Boca. Jouer dans son club avant d’être trop vieux. Finir avec les siens, chez lui. A 31 ans, l’argument de la maison de retraite n’est même pas valable. Les rabat-joie peuvent remballer. Tevez avait encore de quoi courir le cachet en Europe. Il pouvait même viser un championnat exotique pour faire plaisir à sa comptable. Il a choisi d’embellir encore un peu son histoire.
En 2004, vainqueur d’à peu près tout avec Boca Juniors, il est temps pour lui de venir faire du blé en Europe. Via le Brésil où il est avec Mascherano une sorte de joueur d’un nouveau genre, une location. Un joueur en morceaux aux mains de la ténébreuse société MSI (qui a depuis capoté). Il apparaît alors comme un mercenaire.
Son talent doit l’emmener dans un grand club mais il atterrit à West Ham. Le club de l’ouest de Londres, là même ou Payet a trouvé un projet à sa mesure. Là où il est allé se sacrifier pour l’OM en doublant son salaire. West Ham, puis les deux Manchester et enfin la Juve, Tevez a tout gagné en Europe, comme prévu. Partout où il est passé, il aura laissé une trace. Les supporters se souviendront de lui partout. Mais son club, c’est Boca !
Quand j’ai mené mon enquête pour le livre « Racaille Football Club », il a fallu comprendre pourquoi nos joueurs étaient avant tout concentrés sur leur intérêt. Pourquoi cette déviance vers l’individualisme. Pourquoi l’appât du gain était finalement la seule motivation. Pourquoi clubs et supporters ne voulaient rien dire pour la grande majorité de nos joueurs. L’une des premières explications était à chercher dans l’origine sociale. Quand tu as manqué de tout… C’est assurément l’un des aspects importants de la réflexion. Mais s’arrêter à cet unique argument serait trop réducteur. Le jeune argentin vient également « d’en bas ». Dans le cas de Tevez, on est même en dessous de la cave ! Un cas unique !
Mais chez lui, comme chez beaucoup de Sud-américains, il y a encore la passion du jeu, l’attachement à une famille, un club. Il y a une culture, même du pauvre ! Tout cela n’existe pas dans notre foot. Les joueurs viennent quasi tous du même environnement, ils pensent tous pareil, veulent tous la même chose. Ils sont d’ailleurs quasi tous amis au fond. Une uniformité ravageuse.
C’est aussi pour cela que Tevez retourne à Boca et que Payet va à West Ham. Il vient d’où Payet ? C’est quoi son club ? Quels sont les supporters qui se souviendront de lui ? A Nantes ? A Sainté ? A Lille ? A Marseille ? Mais après tout, qu’il aille où il veut, c’est sa vie, sa carrière. Personne ne refuse un salaire doublé. Mais juste, s’il pouvait éviter de parler de sacrifice, s’il pouvait éviter de se foutre de la gueule du monde…
En Argentine, outre Tevez, plusieurs autres joueurs, Lucho, Denis, Aimar, Saviola, Osvaldo signifient d’une façon ou d’une autre leur attachement à un club, une famille. C’est une tendance absolument réjouissante. Un truc à rallumer la flamme. #Tevezvuelveacasa
http://rmcsport.bfmtv.com/football/riol ... 98011.html