Riberix A Massilia

[nasir jones]

La Voix du Nord - 29 octobre 2005

Ribéry, grand coeur et « petites mentéries »...
EN l’espace de quelques semaines, Frank Ribéry, l’enfant du Plateau, ce quartier qui domine Boulogne-sur-Mer et que l’on appelle le Chemin-Vert, est devenu la coqueluche des supporteurs marseillais, toujours enclins à s’identifier à un surdoué qui mouille le maillot.
Né pour le contre-pied, « Ti Franck », comme ses potes du Plateau l’ont surnommé, a effectivement tout pour s’imposer à Marseille : un talent fou, le courage, et une faconde digne des Goudes, ce quartier pour le moins typique de Marseille où l’on relève les compteurs sans forcément travailler à EDF. Ce quartier, encore, où le Minot sait très vite que la fameuse sardine peut boucher le port.
Sur le Plateau, c’est la « mentérie » qui permet au hareng-roi de boucher le port de Boulogne. C’est que les habitants aiment les racines latines : mentir, donc mentérie plutôt que mensonge. Et c’est une des ces grossières « mentéries » qui a tiré le Francky d’un bien mauvais pas après la bagarre au « Star One », près de Boulogne, le soir de Lens - Metz, fin 2004. John Bico, son agent d’alors, qui l’a aidé à se relancer à Brest, puis guidé vers Metz, joue les magiciens : l’agressé, qui avait déposé plainte, croise Ribéry par hasard dans les rues de Boulogne et se confond presque en excuses : « Mais non, ce n’est pas ce monsieur qui m’a agressé. Ah ! bon, c’est Ribéry ? ». Un peu grosse la ficelle ? Juste Ribéryenne...


Conti et Aiglon

« Ti Franck » échappe donc à la convocation de gendarmerie, mais Carlo Molinari, le président messin, trouve tout cela trop tordu pour la Croix de Lorraine. Bico expédie donc son poulain à Galarasaray. Sceptiques dans un premier temps, les Stambouliotes sont eux aussi gagnés par le virus Ribéry. Ils lui concoctent même une chanson. Mais « Ti Franck » aime varier la partition. Et accessoirement changer de chef d’orchestre. Il « plante » Bico, signe avec un Suisse et salue le Bosphore brûlant pour Marseille, l’incandescente. Motif invoqué : « Pas payé depuis des mois. » C’est tellement limpide que la FIFA elle-même n’a pas encore tranché.
Mais qu’il soit à Brest, Metz, Galatasaray ou Marseille, « Ti Franck » n’oublie jamais son Plateau et surtout pas sa famille. Quand il revient au Chemin-Vert, c’est la fête pour les copains, le tour de rigueur du quartier dans le X5 avec la sono à « donfe », un maillot pour l’un, un souvenir pour l’autre, l’invitation massive au mariage, à Noël 2004, avec la Cadillac qui fend Boulogne. Ça, ce n’est pas une « mentérie » : « Ti Franck » a un grand coeur. Quand les dirigeants du CO Aiglon ou du FC Conti, ses premiers clubs, le sollicitent, il va donner le coup d’envoi des matchs, pose pour la photo de famille. Le Plateau, c’est là où il s’est régénéré quand la vie était moins rose, quand il a fallu bosser avec le père dans les canalisations. Alors, dès qu’il le peut, il le chouchoute son père. Le fait pleurer quand il marque à Saint-Symphorien contre Nantes, ou lui offre un home-cinéma « maousse » costaud avec un écran plasma.
Le plasma, symbole des flots dévastateurs et imprévus qu’il déversait déjà, à dix-huit ans, sur les défenses du National sous les couleurs « Rouge et Noir ». Le plasma, par référence, peut-être, à un enfant défiguré dans un accident, mais jamais dénaturé, pour qui les parents se sont fait tant de mauvais sang...

Philippe CADART

[Chourm'OM]

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[Nyrod]

c' est déjà fait pour moi