Le tailleur de marbre
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- Deruda : visiblement c'est ton père qui t'a placé
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Le tailleur de marbre
Début d'un petit récit qui met du temps à sortir!
Promis, dès que j'ai du temps, je le poursuis et vous met la (les) suite(s).
Plongé dans son fauteuil, les traits tirés et les membres engourdis par tant d’années d’inactivité, c’est d’un vague grognement, qu’il accueillit le cliquetis de la poignée de la porte.
Il avait fini par y prendre goût à cette oisiveté dans laquelle on l’avait plongé malgré lui. Et la venue de quelqu’un lui arrachait toujours ce mouvement d’humeur, car elle le sortait de cette douce torpeur.
La personne qui se tenait au pas de la porte ne lui était pas encore tout à fait familière. Il ne l’avait vue que deux ou trois fois auparavant. La première fois, quand on avait présenté le nouveau patron à l’ensemble des salariés, puis une fois, dans un couloir ; peut-être deux, il ne s’en souvenait pas. Il en avait vu passer tellement des nouveaux patrons, ces derniers temps ; une vraie valse ! Et puis celui-là, si jeune et apparemment si fragile ! Mais bon, il avait entendu dire qu’en ce moment, c’était la mode dans les grosses boîtes, de donner rapidement de très hautes responsabilités à des jeunes gars brillants. Pourquoi pas après tout…
Celui-là, en plus, d’après ce qu’on disait, ne connaissait pas grand-chose dans le domaine. Encore un gars issue d’une grande école qui n’y connaissait rien. Un journaliste. Où était-on tombé ?
A suivre...
Promis, dès que j'ai du temps, je le poursuis et vous met la (les) suite(s).
Plongé dans son fauteuil, les traits tirés et les membres engourdis par tant d’années d’inactivité, c’est d’un vague grognement, qu’il accueillit le cliquetis de la poignée de la porte.
Il avait fini par y prendre goût à cette oisiveté dans laquelle on l’avait plongé malgré lui. Et la venue de quelqu’un lui arrachait toujours ce mouvement d’humeur, car elle le sortait de cette douce torpeur.
La personne qui se tenait au pas de la porte ne lui était pas encore tout à fait familière. Il ne l’avait vue que deux ou trois fois auparavant. La première fois, quand on avait présenté le nouveau patron à l’ensemble des salariés, puis une fois, dans un couloir ; peut-être deux, il ne s’en souvenait pas. Il en avait vu passer tellement des nouveaux patrons, ces derniers temps ; une vraie valse ! Et puis celui-là, si jeune et apparemment si fragile ! Mais bon, il avait entendu dire qu’en ce moment, c’était la mode dans les grosses boîtes, de donner rapidement de très hautes responsabilités à des jeunes gars brillants. Pourquoi pas après tout…
Celui-là, en plus, d’après ce qu’on disait, ne connaissait pas grand-chose dans le domaine. Encore un gars issue d’une grande école qui n’y connaissait rien. Un journaliste. Où était-on tombé ?
A suivre...
FIER D'ETRE MARSEILLAIS
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- Deruda : visiblement c'est ton père qui t'a placé
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Re: Le tailleur de marbre
Début d'un petit récit qui met du temps à sortir!
Promis, dès que j'ai du temps, je le poursuis et vous met la (les) suite(s).
Plongé dans son fauteuil, les traits tirés et les membres engourdis par tant d’années d’inactivité, c’est d’un vague grognement, qu’il accueillit le cliquetis de la poignée de la porte.
Il avait fini par y prendre goût à cette oisiveté dans laquelle on l’avait plongé malgré lui. Et la venue de quelqu’un lui arrachait toujours ce mouvement d’humeur, car elle le sortait de cette douce torpeur.
La personne qui se tenait au pas de la porte ne lui était pas encore tout à fait familière. Il ne l’avait vue que deux ou trois fois auparavant. La première fois, quand on avait présenté le nouveau patron à l’ensemble des salariés, puis une fois, dans un couloir ; peut-être deux, il ne s’en souvenait pas. Il en avait vu passer tellement des nouveaux patrons, ces derniers temps ; une vraie valse ! Et puis celui-là, si jeune et apparemment si fragile ! Mais bon, il avait entendu dire qu’en ce moment, c’était la mode dans les grosses boîtes, de donner rapidement de très hautes responsabilités à des jeunes gars brillants. Pourquoi pas après tout…
Celui-là, en plus, d’après ce qu’on disait, ne connaissait pas grand-chose dans le domaine. Encore un gars issue d’une grande école qui n’y connaissait rien. Un journaliste. Où était-on tombé ?
A suivre...

merse mais c'est le forum a Pivot


L'AGE N'A PAS D'IMPORTANCE, SAUF POUR LE FROMAGE.
Re: Le tailleur de marbre
le forum de pivot tu dis pas fils a puteDébut d'un petit récit qui met du temps à sortir!
Promis, dès que j'ai du temps, je le poursuis et vous met la (les) suite(s).
Plongé dans son fauteuil, les traits tirés et les membres engourdis par tant d’années d’inactivité, c’est d’un vague grognement, qu’il accueillit le cliquetis de la poignée de la porte.
Il avait fini par y prendre goût à cette oisiveté dans laquelle on l’avait plongé malgré lui. Et la venue de quelqu’un lui arrachait toujours ce mouvement d’humeur, car elle le sortait de cette douce torpeur.
La personne qui se tenait au pas de la porte ne lui était pas encore tout à fait familière. Il ne l’avait vue que deux ou trois fois auparavant. La première fois, quand on avait présenté le nouveau patron à l’ensemble des salariés, puis une fois, dans un couloir ; peut-être deux, il ne s’en souvenait pas. Il en avait vu passer tellement des nouveaux patrons, ces derniers temps ; une vraie valse ! Et puis celui-là, si jeune et apparemment si fragile ! Mais bon, il avait entendu dire qu’en ce moment, c’était la mode dans les grosses boîtes, de donner rapidement de très hautes responsabilités à des jeunes gars brillants. Pourquoi pas après tout…
Celui-là, en plus, d’après ce qu’on disait, ne connaissait pas grand-chose dans le domaine. Encore un gars issue d’une grande école qui n’y connaissait rien. Un journaliste. Où était-on tombé ?
A suivre...je rève ou quoi sur quel forum suis je?
merse mais c'est le forum a Pivot![]()



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(Suite et fin)
Les seuls mots que prononça Christophe sur le pas de la porte furent : « Monsieur, il se pourrait que d’ici peu de temps, nous ayons à nouveau besoin de vos services. Tenez-vous prêt. » La stupeur passée, le tailleur se laissa aller à l’incrédulité. Il se souvint en effet que quatre ans avant, quasiment jour pour jour, le patron de l’époque lui avait tenu les mêmes propos, l’accent en plus. Et Dieu sait s’il en avait souffert de cet épisode. Il était à deux doigts de reprendre du service, de tailler une et peut-être même deux lignes dans le marbre pour cette année là. Et cette trahison à la dernière seconde, ce suicide complaisant de l’ennemi héréditaire qui, blessé, avait préféré mourir plutôt que de voir la gloire revenir caresser la terre de Phocée. Non, il était vacciné. Il ne s’emballerait plus comme çà ! D’ailleurs, depuis cette époque, il avait réaménagé son bureau. Le meuble où il gardait ses instruments, il l’avait poussé au fond, de façon à l’avoir dans son dos lorsqu’il était assis. Il ne voulait plus l’avoir dans son champ de vision.
Ce meuble, cela faisait dix ans, qu’il ne l’avait plus ouvert. La dernière fois, c’était pour commettre un acte qui l’avait marqué à vie. Ce jour là, il avait compris ce que pouvait ressentir un bourreau au moment d’exécuter sa victime. Ce jour là, on lui avait demandé d’effacer ce qu’il avait taillé quelques jours auparavant dans le marbre. Et il l’avait fait ! La dernière ligne de la tablette présentait encore ce trou béant. Cette tâche, sceau de l’infamie, qui nous avait valu tant de haine, de moqueries, c’était lui qui l’avait gravée dans le marbre. Mais la pierre, elle, gardait quand même en mémoire le titre qu’il avait inscrit. Il se disait cela, pour se consoler.
Et dire que juste au-dessus de ce trou, de cette vilaine cicatrice sur cette illustre plaque de marbre, se trouvait cette inscription que toute ville française envie à Marseille. Oui, celle qui prouvait qu’on l’avait eue, nous, la seule, la vraie. On l’avait connue, cette ivresse, au milieu de la clameur de tout un peuple qui hurle sa fierté au reste du monde. Il se souvint alors du "boss" qui nous avait offert ce bonheur. Il se souvint de la flamme qui brillait dans ses yeux. Cette flamme qui ravageait tout, qui était capable d’écraser toute résistance.
Et dire que tout le monde avait cru revivre tout cela quelques mois auparavant, lorsqu’il était revenu, le "boss". Tous, mais pas lui, le tailleur de marbre. Ce qui s’était passé quatre ans auparavant l’avait vacciné des joies trop hâtives. Et puis, il l’avait vu que la flamme avait disparu. Le tourbillon qui avait entraîné dans le même enfer club et "boss" avaient eu raison de cette flamme. C’était quelqu’un de fatigué, d’usé par les trahisons, qui avait perdu cette infini espoir en lui-même, qui était revenu. Il n’était pas resté longtemps d’ailleurs.
« Vous m’avez entendu ? » s’impatienta Christophe, sur le pas de la porte. Ces quatre mots tirèrent le tailleur de marbre de sa rêverie. « Mouais, ça va, ça va! » grommela-t-il. Il leva à ce moment là son regard vers celui qui se tenait toujours là devant lui.
Il fut soudain envahi d’une immense stupeur. Non, cela ne pouvait être ! Ce regard, cette flamme…
Oh ! A peine perceptible.
Mais elle était là ! La même que celle de l’époque. La même que celle qui aurait pu le guider jusqu’au bout du monde.
« Bien, j’ai bien compris, Christophe, j’y vais ! » Ces mots le surprirent lui même. Il avait l’impression que sa voix et ses gestes étaient guidés par un nouvel élan.
Christophe, lui, on l’avait prévenu que le tailleur était un vieux personnage, aussi entaillé par les joies et les détresses que les plaques dont il avait la garde. Il ne s’étonna donc pas de ce changement d’attitude. Il tourna les talons, les pensées déjà ailleurs.
Le tailleur compris que ce moment tant attendu était arrivé. Pour éviter de souffrir, il avait fini par refuser d’y croire. Son cœur était lui aussi devenu de marbre. Mais sans le savoir, ce cœur gardait quand même une partie vivante, qui distillait encore ce sang blanc et bleu à son corps. Et cette parcelle de vie allait de nouveau s’exprimer, reconquérir l’espace abandonné à la pierre.
Il se dirigea vers le fond de son bureau. Il se rendit compte que c’était facile. Oui c’était facile de regarder de nouveau vers cette direction. Arrivé à hauteur du meuble qu’il avait livré à l’abandon, il leva la main. Il le caressa. Ses caresses dessinaient des courbes complexes au milieu de la poussière.
Enfin, il se décida à en ouvrir la serrure. Une odeur âcre de moisissure mêlée à celle de cette graisse dont on se sert pour conserver les outils métalliques s’en dégagea. Il se saisit du paquet entouré de toile épaisse qui s’y trouvait. Il le déroula et les revit enfin, son marteau et son burin. Dix ans après. Le bruit du burin sur le marbre allait enfin retentir à nouveau en terre de Phocée. La pierre allait à nouveau partir en étincelles pour laisser place à des titres de gloire. La légende allait enfin revivre.
Il saisit un instrument dans chaque main, comme par le passé. Ses mains, ravagées par le temps, tremblèrent. Il comprit que ce ne pouvait plus être lui qui allait maintenant reprendre ce travail.
« Je sais, je vais prendre un minot ! Je vais tout lui apprendre. Ca, mes vieilles mains sauront encore le faire. »
<span style='font-size:25pt;line-height:100%'>Fin</span>
Les seuls mots que prononça Christophe sur le pas de la porte furent : « Monsieur, il se pourrait que d’ici peu de temps, nous ayons à nouveau besoin de vos services. Tenez-vous prêt. » La stupeur passée, le tailleur se laissa aller à l’incrédulité. Il se souvint en effet que quatre ans avant, quasiment jour pour jour, le patron de l’époque lui avait tenu les mêmes propos, l’accent en plus. Et Dieu sait s’il en avait souffert de cet épisode. Il était à deux doigts de reprendre du service, de tailler une et peut-être même deux lignes dans le marbre pour cette année là. Et cette trahison à la dernière seconde, ce suicide complaisant de l’ennemi héréditaire qui, blessé, avait préféré mourir plutôt que de voir la gloire revenir caresser la terre de Phocée. Non, il était vacciné. Il ne s’emballerait plus comme çà ! D’ailleurs, depuis cette époque, il avait réaménagé son bureau. Le meuble où il gardait ses instruments, il l’avait poussé au fond, de façon à l’avoir dans son dos lorsqu’il était assis. Il ne voulait plus l’avoir dans son champ de vision.
Ce meuble, cela faisait dix ans, qu’il ne l’avait plus ouvert. La dernière fois, c’était pour commettre un acte qui l’avait marqué à vie. Ce jour là, il avait compris ce que pouvait ressentir un bourreau au moment d’exécuter sa victime. Ce jour là, on lui avait demandé d’effacer ce qu’il avait taillé quelques jours auparavant dans le marbre. Et il l’avait fait ! La dernière ligne de la tablette présentait encore ce trou béant. Cette tâche, sceau de l’infamie, qui nous avait valu tant de haine, de moqueries, c’était lui qui l’avait gravée dans le marbre. Mais la pierre, elle, gardait quand même en mémoire le titre qu’il avait inscrit. Il se disait cela, pour se consoler.
Et dire que juste au-dessus de ce trou, de cette vilaine cicatrice sur cette illustre plaque de marbre, se trouvait cette inscription que toute ville française envie à Marseille. Oui, celle qui prouvait qu’on l’avait eue, nous, la seule, la vraie. On l’avait connue, cette ivresse, au milieu de la clameur de tout un peuple qui hurle sa fierté au reste du monde. Il se souvint alors du "boss" qui nous avait offert ce bonheur. Il se souvint de la flamme qui brillait dans ses yeux. Cette flamme qui ravageait tout, qui était capable d’écraser toute résistance.
Et dire que tout le monde avait cru revivre tout cela quelques mois auparavant, lorsqu’il était revenu, le "boss". Tous, mais pas lui, le tailleur de marbre. Ce qui s’était passé quatre ans auparavant l’avait vacciné des joies trop hâtives. Et puis, il l’avait vu que la flamme avait disparu. Le tourbillon qui avait entraîné dans le même enfer club et "boss" avaient eu raison de cette flamme. C’était quelqu’un de fatigué, d’usé par les trahisons, qui avait perdu cette infini espoir en lui-même, qui était revenu. Il n’était pas resté longtemps d’ailleurs.
« Vous m’avez entendu ? » s’impatienta Christophe, sur le pas de la porte. Ces quatre mots tirèrent le tailleur de marbre de sa rêverie. « Mouais, ça va, ça va! » grommela-t-il. Il leva à ce moment là son regard vers celui qui se tenait toujours là devant lui.
Il fut soudain envahi d’une immense stupeur. Non, cela ne pouvait être ! Ce regard, cette flamme…
Oh ! A peine perceptible.
Mais elle était là ! La même que celle de l’époque. La même que celle qui aurait pu le guider jusqu’au bout du monde.
« Bien, j’ai bien compris, Christophe, j’y vais ! » Ces mots le surprirent lui même. Il avait l’impression que sa voix et ses gestes étaient guidés par un nouvel élan.
Christophe, lui, on l’avait prévenu que le tailleur était un vieux personnage, aussi entaillé par les joies et les détresses que les plaques dont il avait la garde. Il ne s’étonna donc pas de ce changement d’attitude. Il tourna les talons, les pensées déjà ailleurs.
Le tailleur compris que ce moment tant attendu était arrivé. Pour éviter de souffrir, il avait fini par refuser d’y croire. Son cœur était lui aussi devenu de marbre. Mais sans le savoir, ce cœur gardait quand même une partie vivante, qui distillait encore ce sang blanc et bleu à son corps. Et cette parcelle de vie allait de nouveau s’exprimer, reconquérir l’espace abandonné à la pierre.
Il se dirigea vers le fond de son bureau. Il se rendit compte que c’était facile. Oui c’était facile de regarder de nouveau vers cette direction. Arrivé à hauteur du meuble qu’il avait livré à l’abandon, il leva la main. Il le caressa. Ses caresses dessinaient des courbes complexes au milieu de la poussière.
Enfin, il se décida à en ouvrir la serrure. Une odeur âcre de moisissure mêlée à celle de cette graisse dont on se sert pour conserver les outils métalliques s’en dégagea. Il se saisit du paquet entouré de toile épaisse qui s’y trouvait. Il le déroula et les revit enfin, son marteau et son burin. Dix ans après. Le bruit du burin sur le marbre allait enfin retentir à nouveau en terre de Phocée. La pierre allait à nouveau partir en étincelles pour laisser place à des titres de gloire. La légende allait enfin revivre.
Il saisit un instrument dans chaque main, comme par le passé. Ses mains, ravagées par le temps, tremblèrent. Il comprit que ce ne pouvait plus être lui qui allait maintenant reprendre ce travail.
« Je sais, je vais prendre un minot ! Je vais tout lui apprendre. Ca, mes vieilles mains sauront encore le faire. »
<span style='font-size:25pt;line-height:100%'>Fin</span>
FIER D'ETRE MARSEILLAIS
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- Flamini : tu postes comme un fou mais on sait que tu cherches un autre forum
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