Praud - Et si Marseille jouait toujours comme ça ?
Un téléspectateur qui regarde le clasico et ne sait rien du budget des équipes serait surpris d'apprendre que le PSG possède 35 points d'avance sur l'OM !
PAR PASCAL PRAUD
Ce n'est pas un hasard si les deux meilleurs matches de Marseille cette saison le sont face au Paris Saint Germain. Il est clair que, si l'OM mettait à chaque sortie une même envie, une même détermination, une même discipline ou concentration, l'OM ne traverserait pas le championnat sur un manège de montagnes russes. Hélas, les footballeurs de Marseille choisissent leur soir et enfilent le costume de gala au gré de leur humeur. Certaines pelouses sont zappées et les Marseillais (comme les Bordelais, les Lyonnais et tant d'autres) pensent souvent à autre chose, à moins qu'ils ne récupèrent sur le terrain d'une vie agitée en dehors.
Quand vous pénétrez l'intimité d'un vestiaire en 2016, vous n'êtes pas frappé par l'exigence professionnelle. Prenez le cas de Rémy Cabella. Comment expliquer qu'il soit au top contre Paris, que ses dribbles empoisonnent durant 90 minutes Thiago Silva et ses coéquipiers, qu'il marque un but somptueux et que, la semaine prochaine, il sera peut-être aux abonnés absents ?
Trélissac, le vrai test
Je comprends souvent la colère des dirigeants. Ils estiment vivre parmi les divas et sont lassés des caprices de pseudo-stars : « J'en veux aux joueurs », a déclaré ce dimanche Willy Sagnol, l'entraîneur des Girondins, après la défaite de Bordeaux 1-4 à domicile contre Saint-Étienne et de regretter « le manque de discipline ». CQFD.
Le plus dur, quand vous êtes un professionnel, ce n'est pas d'affronter le PSG. C'est même le plus facile. Vous ne jugez pas un footballeur sur un match de prestige, mais vous voyez ce qu'il a dans le ventre quand il enchaîne les performances, quand il affiche une régularité, quand les efforts ou sa préparation ne changent pas, qu'il affronte Paris ou Troyes.
Je me souviens qu'au théâtre Philippe Noiret affirmait qu'on devient un véritable professionnel le soir où on monte sur scène même si on n'a pas envie. Au foot, c'est pareil. Ce n'est pas une partie de plaisir. C'est un métier. Les champions le savent et quand le PSG, le Bayern ou le Real recrutent des stars, ils achètent des cerveaux, des guerriers, des volontés. Pas des dilettantes ni des reines d'un jour.
Marseille affronte jeudi Trélissac (CFA) en Coupe de France. Après le smoking, le bleu de chauffe. Un match pour les pros.
Pascal Praud -
Article disponible sur le site du Point, lePoint.fr