Hommage à Papa
Posté : sam. mai 12, 2018 18:41
Comme un poids sur le cœur que ma maudite nature m’empêche d’évacuer en famille ou avec les copains. Pudeur handicapante et nécessité d’ouvrir les vannes entrent chaque jour en collision. Cette présence en moi m’oppresse. Sentant l’implosion arrivée d’un moment à l’autre, je prends les devants en choisissant les armes et le terrain. Ce qui doit être fait le sera selon mes conditions : l’anonymat et le ForumOM.
Alors me voici à poil devant des dizaines d’inconnus à qui je m’apprête à parler de mon père comme s’ils étaient mes frères et comme si c’était important. Absurde mais libérateur me dis-je.
Je suis né en région parisienne, parents divorcés, je ne voyais Papa que certains week-ends sans trop savoir pourquoi. Gamin, on ne m’expliquait pas les choses des « grands » et la retenue de mon père envers moi (et dont j’ai hérité) ne facilitait pas les choses. Seul le foot semblait casser la distance.
Et par foot comprenez OM. Supporter du club de Marseille depuis toujours, il ne ratait pas un match. Nous sommes dans les années 90 et la rivalité avec le PSG est à son paroxysme. Sans trop chercher à comprendre, je plonge à corps perdu dans la passion de mon père.
Au quartier, parisiens et marseillais se tirent la bourre et je balance tous les arguments entendus de la bouche de Papa. « Paris ce club de fachos, ils aiment pas les noirs », « Canal Plus ceci », « Ginola cela ». J’y ajoute ma propre argumentation basée principalement sur l’identité banlieusarde et notre rejet catégorique des titis parisiens et leurs regards quand on s’y perd en métro.
Mais je retiens surtout une chose qui clôture systématiquement les discussions : « On a eu la meilleure équipe du monde et l’étoile sur le logo en témoignera pour toujours ».
Les années passent et se ressemblent. Je grandis et Papa vieillit mais je reçois toujours le même texto, à chaque match : « Allez l’OM » auquel je réponds par la même formule.
Ça devient notre rituel et notre façon à nous de partager quelque chose.
En devant adulte, ma passion se matérialise. Petit, je rêvais de faite parti de ces virages, être au milieu des « fous » comme les appelaient mon père. Aujourd’hui j’ai plusieurs dizaines de déplacements au compteur et je ressens toujours la même fierté quand je monte les escaliers du vel’.
Cette sensation d’appartenir à quelque chose de plus grand que moi, d’être utile. Avoir le pouvoir d’influer sur les matchs que je regardais avec mon père dans le salon.
Merci Papa de m’avoir fait découvrir tout ça. Merci d’avoir partager une partie de toi. Merci de m’avoir emmené au stade, de m’avoir acheter des maillots, écharpes, drapeaux et autres objets sans valeur pour beaucoup mais si précieux pour moi.
Mon père a été diagnostiqué d’un cancer l’été dernier. Je suis resté auprès de lui tout ce temps et la grande majorité de nos discussions tournaient autour de l’OM. Comme si on n’arrivait toujours pas, malgré toutes ces années, à parler de choses sérieuses.
En chimiothérapie, je lui amenais l’Equipe. On était tellement fiers de voir notre club redevenir comme avant. Je négociais avec les infirmières de la clinique pour largement dépasser les horaires de visite afin de regarder les matchs ensembles.
Quand j’allais au stade, je l’appelais en visio et raccrochais les larmes aux yeux. Je rêvais de retourner au moins une fois avec lui en tribunes. Epuisé par la maladie, l’un de ses derniers sourires aura été quand je lui ai annoncé la défaite du PSG face au Real. Son dernier texto, un « Allez l’OM ».
Aujourd’hui Papa est mort mais pas nos souvenirs.
Quand Rolando a finalement marqué en demi, j’ai éclaté en larmes. T’aurai tellement aimer voir ça putain !
Ça fait maintenant 2 mois que je regarde les matchs de l’OM seul et je dois dire que c’est pas pareil.
Si Dieu le veut, un jour je serai père à mon tour et je jure de transmettre cette passion.
Parce que le foot et l’OM sont plus que ça. Ils ont été pour moi une passerelle pour atteindre mon père.
Et je sais maintenant que derrière ses « Allez l’OM » se cachaient des pudiques « Je t’aime ».
Alors me voici à poil devant des dizaines d’inconnus à qui je m’apprête à parler de mon père comme s’ils étaient mes frères et comme si c’était important. Absurde mais libérateur me dis-je.
Je suis né en région parisienne, parents divorcés, je ne voyais Papa que certains week-ends sans trop savoir pourquoi. Gamin, on ne m’expliquait pas les choses des « grands » et la retenue de mon père envers moi (et dont j’ai hérité) ne facilitait pas les choses. Seul le foot semblait casser la distance.
Et par foot comprenez OM. Supporter du club de Marseille depuis toujours, il ne ratait pas un match. Nous sommes dans les années 90 et la rivalité avec le PSG est à son paroxysme. Sans trop chercher à comprendre, je plonge à corps perdu dans la passion de mon père.
Au quartier, parisiens et marseillais se tirent la bourre et je balance tous les arguments entendus de la bouche de Papa. « Paris ce club de fachos, ils aiment pas les noirs », « Canal Plus ceci », « Ginola cela ». J’y ajoute ma propre argumentation basée principalement sur l’identité banlieusarde et notre rejet catégorique des titis parisiens et leurs regards quand on s’y perd en métro.
Mais je retiens surtout une chose qui clôture systématiquement les discussions : « On a eu la meilleure équipe du monde et l’étoile sur le logo en témoignera pour toujours ».
Les années passent et se ressemblent. Je grandis et Papa vieillit mais je reçois toujours le même texto, à chaque match : « Allez l’OM » auquel je réponds par la même formule.
Ça devient notre rituel et notre façon à nous de partager quelque chose.
En devant adulte, ma passion se matérialise. Petit, je rêvais de faite parti de ces virages, être au milieu des « fous » comme les appelaient mon père. Aujourd’hui j’ai plusieurs dizaines de déplacements au compteur et je ressens toujours la même fierté quand je monte les escaliers du vel’.
Cette sensation d’appartenir à quelque chose de plus grand que moi, d’être utile. Avoir le pouvoir d’influer sur les matchs que je regardais avec mon père dans le salon.
Merci Papa de m’avoir fait découvrir tout ça. Merci d’avoir partager une partie de toi. Merci de m’avoir emmené au stade, de m’avoir acheter des maillots, écharpes, drapeaux et autres objets sans valeur pour beaucoup mais si précieux pour moi.
Mon père a été diagnostiqué d’un cancer l’été dernier. Je suis resté auprès de lui tout ce temps et la grande majorité de nos discussions tournaient autour de l’OM. Comme si on n’arrivait toujours pas, malgré toutes ces années, à parler de choses sérieuses.
En chimiothérapie, je lui amenais l’Equipe. On était tellement fiers de voir notre club redevenir comme avant. Je négociais avec les infirmières de la clinique pour largement dépasser les horaires de visite afin de regarder les matchs ensembles.
Quand j’allais au stade, je l’appelais en visio et raccrochais les larmes aux yeux. Je rêvais de retourner au moins une fois avec lui en tribunes. Epuisé par la maladie, l’un de ses derniers sourires aura été quand je lui ai annoncé la défaite du PSG face au Real. Son dernier texto, un « Allez l’OM ».
Aujourd’hui Papa est mort mais pas nos souvenirs.
Quand Rolando a finalement marqué en demi, j’ai éclaté en larmes. T’aurai tellement aimer voir ça putain !
Ça fait maintenant 2 mois que je regarde les matchs de l’OM seul et je dois dire que c’est pas pareil.
Si Dieu le veut, un jour je serai père à mon tour et je jure de transmettre cette passion.
Parce que le foot et l’OM sont plus que ça. Ils ont été pour moi une passerelle pour atteindre mon père.
Et je sais maintenant que derrière ses « Allez l’OM » se cachaient des pudiques « Je t’aime ».