
Au procès des transferts suspects de l'OM, voilà la phrase magique : «C'est Marcel.» Qui a négocié les transferts ? Silence, ou : «C'est Marcel.» Il a bon dos, Marcel Dib, ex-joueur à trois poumons. Aujourd'hui au chômage, toujours beau comme un coeur, il fut bombardé un temps directeur sportif de l'OM, parce qu'il lui fallait un poste et que celui-là était libre. Il n'en a pas fait grand-chose. Quelques voyages en Amérique du Sud, téléguidé par Rolland Courbis, mais il devait épeler le nom des banques au téléphone. Pas au niveau, Marcel, mais bien pratique, aujourd'hui, pour les autres prévenus, qui se déchargent sur lui. «Qui a envoyé Marcel en Angleterre ?» demande le président du tribunal correctionnel de Marseille. Personne. «Il y est allé tout seul, le Marcel ? Chauffe Marcel... C'est affligeant !» Les prévenus regardent leurs chaussettes. On se croirait à une réunion de famille de la Camorra. Personne ne peut dire qui a pris l'initiative d'un transfert. Personne ne sait qui a signé un chèque. Le président le projette, demande : «Qui a signé ? Une fois, deux fois... Personne ?»
Tous pensent qu'en se faisant passer pour des pieds nickelés, en contestant l'abus de biens sociaux et en exploitant les failles de l'instruction, ils s'en sortiront. Mais certains silences sonnent comme autant d'aveux. Mardi, le président craque. Marre d'être pris pour un «imbécile». «Il y a des pièces qui montrent, comme le nez au milieu de la figure, que vous êtes pris comme des rats, lance-t-il. En comparution immédiate, les gens reconnaissent... Vous, qui êtes la crème de ce qui peut se faire dans certains milieux, non... On tourne autour du pot comme des minables... Il n'y en a pas un qui va pouvoir parler et dire ce qui se passe dans le football ?»
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