Le droit d'inventaire
Le recrutement marseillais de l'été dernier ne constitue pas un échec total mais c'est loin d'être une réussite. L'OM devra en tirer les enseignements avant son prochain mercato.
Le 3 septembre au matin, lorsque l'Olympique de Marseille boucla son recrutement estival, tous les voyants étaient au vert. La défaite enregistrée 48 heures auparavant face à Monaco (1-2) au stade vélodrome ne suffisait pas à ternir le tableau. Après quatre journées de Ligue 1, l'OM occupait la deuxième place du classement et presque tous les observateurs saluaient un mercato rondement mené pour obtenir un savant mélange d'éléments confirmées (Payet) et de grands espoirs (Thauvin, Imbula...). Même si le bilan s'effectuera sans concession dans quelques semaines, à deux mois du terme de la saison, on peut tirer les premières conclusions et surtout dégager des enseignements pour l'avenir.
Payet trop inconstant
Le bilan sportif, s'il se confirme par une absence de podium, est sans appel. L'OM n'a pas remporté de trophées et ratera son objectif majeur à savoir la Ligue des champions. Mais au-delà de ce constat, le club marseillais devra admettre que ses choix souvent onéreux n'auront pas été validés avec succès sur et en dehors du terrain. Aucune recrue estivale n'aura réalisé une saison pleine. Et certaines ont même déçu par leur comportement.
Premier renfort de l'intersaison, souhaité par Elie Baup, Dimitri Payet était attendu comme un leader d'attaque. Recruté pour 9 millions d'euros, l'ex-Lillois a inscrit sept buts. S'il franchit la barre des dix, il s'estimera heureux. Mais pour une première saison à l'OM, les dirigeants et les supporters espéraient plus d'un joueur (26 ans) talentueux dont la carte de visite offrait des garanties. Payet a surtout brillé par son inconstance.
Thauvin pas encore au top, Imbula le flop
Florian Thauvin a lui aussi coûté très cher, entre 12 et 15 millions d'euros. Décrit comme un prodige, l'ancien Bastiais a flambé en fin d'année avant de rentrer dans le rang. Il n'a pas éclaboussé la L1 de son talent. La faute à un été tronqué et un style de jeu qui peine à le mettre en valeur dans une équipe en difficulté. Il sera jugé sur la durée et... sur le prix de son transfert à la revente. Mais pour l'heure, même s'il a offert quelques détails de classe, Thauvin n'a pas dépassé le stade du "grand potentiel" pour le stade vélodrome.
Giannelli Imbula, lui, est d'ores et déjà le flop de la saison. Recruté pour 7,5 millions d'euros alors qu'il évoluait en Ligue 2 à Guingamp, le milieu de terrain a sombré au fil des mois jusqu'à disparaître de la circulation après des débuts prometteurs. Critiqué en interne pour sa mentalité, Imbula, qui a été titularisé dans moins d'un tiers des matchs de l'OM, va devoir décoller l'étiquette de jeune arrogant qu'il traîne désormais. Mais c'est surtout sur le terrain qu'il va lui falloir démontrer qu'il n'est pas une arnaque. A l'OM ? Peut-être pas car il se murmure que son départ n'est pas exclu. Celui de Saber Khalifa est quasiment acté. Le Tunisien, qui a failli partir en janvier, n'a jamais été en mesure de s'imposer à l'OM. Il n'est même pas un recours quand il manque du monde. Embauché pour ses belles stats à Evian Thonon Gaillard (20 buts en 2 saisons), l'attaquant (27 ans) a vu que la marche était trop haute.
Mendy et Lemina en apprentissage
Pour Benjamin Mendy et Mario Lemina, on le saura bien assez tôt. Le latéral gauche a beaucoup joué et souvent déçu. Au club, on estime qu'il est en phase d'apprentissage du haut niveau et qu'il s'imposera tôt ou tard. Pour Mario Lemina, c'est une autre histoire. L'ex-joueur de Lorient a mis du temps à intégrer l'équipe avant d'y faire sa place au début de l'hiver puis de disparaître à nouveau au retour des cadres. Mais à cinq millions d'euros, Lemina a tout intérêt à prouver qu'il n'est pas qu'un caprice de Vincent Labrune. Lors de ses quelques titularisations, il n'a pas offert l'image de ce joueur qu'on présentait comme impressionnant lors des entraînements... tenus à huis clos à la commanderie.
Le futur coach devra les faire exploser
Pour tous ces jeunes joueurs, l'intersaison et le prochain exercice livreront le verdict. Impossible dès aujourd'hui de tirer un bilan définitif de leur expérience marseillaise. Si l'OM a misé près de trente millions sur eux, c'est pour leur donner une chance sur le moyen terme. Ce sera une partie de la mission du prochain entraîneur : faire franchir le dernier palier à ces jeunes pour qu'ils passent du stade de promesses à celui de valeurs sûres. Pour Dimitri Payet, le défi sera différent. Après une saison d'adaptation au contexte marseillais, il lui sera demandé d'élever son niveau. C'est le schéma qu'il avait reproduit dans ces précédents clubs. S'il n'y parvient pas alors on pourra sérieusement se pencher sur son inventaire à l'OM.
Au final, si les cas individuels seront jugés sur le long terme, le fameux recrutement à 40 millions d'euros laisse un goût amer. Pas un échec total mais loin d'être une réussite. A l'aune de son nouveau projet, l'OM doit aussi en tirer les leçons. Miser beaucoup d'argent sur des gamins sans expérience ne peut constituer la seule ligne directrice. La foi en un potentiel ne doit pas être le seul critère d'un club de ce standing. Surtout si la grande lessive des cadres se déroule comme prévu. Des joueurs confirmés à la mentalité irréprochable mais aussi à fort caractère, capables de jouer le rôle d'aboyeur, devront garnir les rangs du casting olympien sous peine de voire se reproduire les mêmes effets.
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