L'OM CHAMPIONS PROJECT EST UN MACRONISME

BILLET | Un article à fleur de Science-Po.

Le parallèle entre le Champions Project (sic) et la com’ présidentielle, basée sur une novlangue de startupeur sur le retour n’aura échappé à personne, et surtout pas aux plumes les plus aiguisées de la #TeamOM comme Camelus Blaah.

Mais c’est bien plus profondément encore que le Champions Project se révèle être un macronisme, c’est-à-dire une entreprise si arrogante, entêtée et antipathique qu’on en regretterait presque l’ancien monde, quand on n’est pas déjà sur un rond-point, à brûler des effigies de Rudi Garcia et de JHE.

 

 

Du Team Building ...

 

On y avait cru. On en était, début 2017, de ces fervents défenseurs de la nouvelle direction, de cette disruption, à lire dans les Echos les interviews de JHE et ses références à IAM, à se dire qu’un gars qui a un MBA et qui donne des cours à Sciences Po allait nous redresser tout ça, à croire aux vertus de l’expertise parisienne face au localisme politicien.

On y avait cru, à l’arrivée de Garcia, certes un sale gars qui sent un peu la droite (je veux dire, encore plus que JHE) mais qui avait bien géré Le Havre Lille et qui s’était même internationalisé, tout comme Macron était passé par le privé, autant de gages de sérieux face aux péquenots français réfractaires. On y avait cru, au grand nettoyage, à la fin des barons locaux, à l’arrivée de la société civile à l’OM pour remplacer les caciques mafieux, au casting du mercato avec des jeunes espoirs comme Marlène Schiappa Morgan Sanson achetés au juste prix. On y avait cru, au sérieux, à l’Europe, pendant cette belle saison 2017-2018 finie au pied du podium.

 

... Au Self-Esteem Building

 

Comme pour Macron, on les entendait pourtant, les petites phrases, les plaisanteries sur la tisane qui finissent par l’arrivée d’un Mitroglou, les petits coups de menton de JHE face aux interlocuteurs qu’il trouvait un peu trop bêtes, le regard noir du lieutenant Garcia quand il dit une banalité en conférence de presse. Le doute commençait bien un peu à s’instiller, quand on a passé l’été 2018 à faire des joutes verbales avec des italiens pénibles avant de se poser en rempart moral, quand trop de signes commençaient à laisser poindre un mépris des supporters, quand le plan du projet commençait à être « Vous verrez bien pourquoi j’ai raison ».

Et puis arriva l’automne 2018, quand JHE prolonge Garcia contre l’avis de n’importe quel supporter lambda. Il le prolonge quand tout le monde lui dit que c’est une connerie. Il le prolonge par arrogance. Il le prolonge par entêtement. Il le prolonge par amitié, peut-être, en tout cas il le prolonge parce qu’il pense que tout le monde a tort et que lui a raison. Que lui sait ce qui est bon pour l’OM, tout comme Macron sait ce qui est bon pour les gaulois réfractaires. Il le prolonge parce qu’il est persuadé, au fond de lui, avec ses deux ans dans le foot , ses convictions et ses élucubrations sur l'homme cyborg du futur, que nous tous, supporters, analystes, individus qui suivons le club depuis cinq, dix, vingt-cinq, cinquante ans, nous sommes tous bien trop cons pour avoir raison.

"C'est pas parce qu'ils sont nombreux à avoir raison qu'ils ont tort"

Dans une inversion de la célèbre maxime coluchienne, face à une opposition qu'il caricature en meute, il s'appuie sur le storytelling du "seul contre tous", comme tout bon entrepreneur "qui aura su résister aux vents contraires". Et quand les résultats vont de mal en pis, quand l’OM se fait sortir de toutes les coupes, quand les défaites s’enchaînent et que l’ambiance devient délétère, quand le rôle de notre saison est de faire briller l'invraisemblablement nullissime club de Bordeaux, il ne le renvoie pas, son Garcia.

Tel Macron faisant une allocution télévisée les mains bien posées sur la table pour expliquer aux Gilets jaunes que la récré est finie, il nous explique doctement, après une victoire contre l’ogre Caennais, pourquoi il a eu bien raison. Garcia peut se faire humilier face à tous les pitres du championnat, peut faire tous les changements absurdes qu’il veut, peut raconter toutes les inepties qui lui passent par la tête comme une Nathalie Loiseau déchaînée, il est encore là.

Le Champions project est un macronisme. C’est une entreprise messianique, où on préfère marteler ses convictions plutôt que de céder le moindre pouce à des gens qu’on trouve plus bêtes que soi. Où sous les diplômes et l’expertise autoproclamée, il y a un entêtement coupable et le mépris des petits. C’est une entreprise de démolition qui laisse derrière elle des cendres et de l’amertume.

Oh, certes, Garcia finira par partir. Certes, on aura fait des réformes, certes, on a récupéré l’exploitation du Vélodrome. Mais j’en viendrai presque à avoir la nostalgie de l’ancien monde, où si nos dirigeants étaient corrompus et incompétents, du moins ne pensaient-ils pas qu’ils étaient au-dessus de nous autre médiocres pécheurs.

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