FEMMES, FOOT : MODE D'EMPLOI

EDITO | La plume de Nanardstef est de retour, titillée par les ignominies parfois lues sur les réseaux sociaux ou les analyses indigentes entendues sur les ondes radiophoniques. Plus affûtée que jamais, elle va goulûment s’abreuver des inepties à sa portée, les digérer sous vos yeux ébahis et les transformer en une chronique pleine d’une mauvaise foi aigre-douce et d’une sémillante subjectivité.

Au menu du jour : LES FEMMES ET LE FOOT

Et dire qu’on croyait cela réservé aux lyonnais, toujours prompts à vouloir exclure de leurs tribunes toute sorte de minorités (footballistiques) comme les gens un peu trop colorés, les homosexuels et … les femmes, à qui une banderole de 2017 intimait l’ordre de rejoindre leurs cuisines. Outre le paradoxe que ceci intervienne dans le meilleur club de football féminin européen de la dernière décennie, personne n’en était réellement surpris au regard des autres griefs pouvant être retenus contre cette frange de supporters lyonnais.

Et voilà qu' au sein de ce qu’il est convenu d’appeler la #TeamOM de Twitter, on a pu voir apparaître des messages pour le moins indélicats à l’attention du sexe féminin, l'invitant avec plus ou moins de tact, à s’occuper d’autre chose que de football.

Des Gaulois réfractaires au changement

C’est particulièrement choquant pour moi, et à plusieurs points de vue :

  • D’une manière générale tout d’abord, rappelons que la proportion d’hommes dans la footixerie née en 1998 est tout à fait comparable à celle de ces mêmes hommes dans le supporterisme en général. On ne voit donc aucune raison pour ceux qui se prétendent des « experts » de réserver leurs quolibets aux seules femmes alors qu'ils pourraient être envoyés sans discernement à l'ensemble de cette frange honnie des amateurs de foot ;

  • On peut également constater que, sur les médias sportifs, la pertinence (ou souvent l’absence de pertinence) des analyses n’a absolument rien à voir avec le sexe. Qui peut soutenir sans rougir que Carine Galli énonce plus de contre-vérités que Gilles Favard ? Qui peut affirmer, sans être la risée du monde entier, que Nathalie Iannetta ou Alessandra Bianchi connaissent moins bien le football que Vincent Duluc ou Pierre Ménès ? Qui ne voudrait pas installer sur le siège du poste de commentateur des matchs de L1, n’importe quelle femme de sa connaissance plutôt que Stéphane Guy ?

  • Hormis sur le terrain, où les différences de niveau entre hommes et femmes sont stratosphériques, à quel niveau des femmes auraient de moins bonnes aptitudes dans le football ? Entraîneur ? Corinne Diacre prouve année après année le contraire. Arbitre ? vous voulez aborder la question de la légitimité des Tony Chapron ou autres Florent Batta ?

Ça chante, la marseillaise

Plus particulièrement à l’OM, ce type de commentaire est encore plus révoltant. Avez-vous vu le nombre de femmes dans les tribunes du vélodrome, et jusque dans les groupes les plus bouillants ? Ceux qui critiquent, ont-ils été dans des parcages en déplacement pour y assister, ébahis, aux exploits vocaux de nos consoeurs qui n’ont de leçon à recevoir de personne, y compris dans la vulgarité (ce qui me peine d’ailleurs) ? Je ne serais s’ailleurs pas mécontent de voir une femme prendre le pouvoir du bas du Virage Depé : ça ne pourra être que mieux que ce qu’on y a vu depuis dernièrement.

Enfin, y’aurait-il un profil type de la femme supportrice de l’OM ? Ceux qui fréquentent tweeter peuvent pourtant y croiser de nombreux spécimens, les mêmes que dans la gent masculine : la spécialiste de mercato, l’ultra vindicative contre la Direction, la mesurée qui rappelle les autres à la raison, celle qui kiffe les beaux footeux (quand les mecs kiffent les femmes des footeux), celle qui aime juste l’OM et attend le prochain match avec impatience…

Alors, j’invite ceux qui veulent marginaliser ou exclure cette frange essentielle de notre communauté olympienne qu’est la section féminine, à retrouver mesure et discernement, et à vilipender ou inviter à aller se faire enculer (un peu) sans aucune discrimination tous ceux dont l’avis diverge (et qui diverge, ne dit pas forcément masculinité).

Et si vous voulez vous défoulez, venez m’insulter après ce billet d’humeur [ou me rouler des galoches, comme bon vous semblera]. Ce sera de toute façon beaucoup plus légitime !

1 comment

  1. El Sancho Manchot 3 septembre, 2018 at 20:19

    Sérieux, pas un seul commentaire pour un billet si cool? On connait tous un gars qui se sent agressé dès que des femmes ont des revendications au sujet de leur condition. Moi c’est mon frangin. Si un jour il lui arrive de lire ton billet et qu’il a passé deux trois niveaux en intellect, je lui dédie ta conclusion. Elle aura le mérite d’ouvrir ses chacras. Shakkra. Chakhra. Merde. Qu’il aille se faire enculer.

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