MERCATO OM | Carlos Bacca, le lauréat ?

MERCATO | Il n’aura sans doute pas échappé à la sagacité de nos lecteurs que la rumeur #BaccaOM enfle et désenfle au rythme frénétique du mercato le plus intoxiqué de tous le temps. Au point, et pour partager une once d’intimité avec vous, que Madame RasSimmons, s’en émut lors de notre dernier débat post match se fendant d’un : « Mais je ne comprends pas, il n’a pas déjà signé Bacca ?!! ». Twitter et ses affres mythomanes avait encore frappé…

Carlos, profession buteur

On entend bien des échos au sujet de ce cher Carlos, et notamment venus de Milan. Les tifosi rossoneri chercheraient à s’en débarrasser. « Ne voyez-vous point les atours de l’escroquerie entourer ce joueur ? » arguent pleins de morgue @KevinLe100du13 ou @Paf13 (jumeau maléfique notre Pof adoré) dans une prose moins élégante.
Qu’en est-il vraiment ? "L’OM est en contact avec Bacca", nous relatent les sources les plus fiables. Il serait tantôt une priorité tantôt un objectif secondaire pour Jacques- Henri, Andoni et Rudi… Mais qui est vraiment cet avant-centre qui ébranle les pages profondes des forums et réseaux sociaux ?

Né le 8 septembre 1986 à Barranquilla (Colombie), et donc bientôt âgé de 31 ans, Carlos Bacca est issu d’un milieu très modeste (synonyme politiquement correct de pauvre). Son père, humble pêcheur, lutte chaque jour pour assurer la subsistance d'une grande famille.
Passé par plusieurs clubs colombiens, et notamment l’Atletico Junior, avant de rejoindre l’Europe sur le tard en 2011 - à donc 25 ans - Carlos Bacca appartient à cette espèce d’avant-centre en voie de d’extinction ou disparition : le buteur monomaniaque.

A ce titre, il constitue un objet parfait pour l’analyse statistique. Le meilleur indicateur pour éclairer ses performances est bien évidemment le nombre de buts marqués. Malgré des débuts tardifs, il inscrit lors de ses premières années professionnelles 111 buts en 205 matchs soit 0.54 buts/matchs. Un compteur suffisamment éloquent aux yeux du FC Bruges qui concrétise les rêves d’enfance de celui que l’on surnomme au pays El Peluca – La Perruque- pour ces longs cheveux bouclés et constamment désordonnés.

Pourtant, avant ce départ pour l’Europe et ses dollars, tout ne fut pas simple pour El Peluca. Son père : « Il rêvait de devenir footballeur. A l'école, l'instituteur a demandé aux enfants ce qu'ils voudraient faire plus tard. La plupart ont répondu: avocat, médecin, l'un d'eux voulait être bourgmestre. Carlos, lui, a répondu: footballeur. Il l'est devenu. Il a répété ce souhait à une institutrice plus tard. Je trouvais son frère meilleur mais bon. » Le frère de Carlos Bacca un honnête gardien de but de championnat régional qui dut abandonner tôt ses rêves pour aider sa famille à subsister.

Carlos lui ne garde pas les cages, il les transperce. C'est un buteur et ce, dès sa tendre jeunesse. Comme son aîné, la misère manque de peu d'emporter ses espoirs. A 16 ans, alors aspirant dans le club de Barranquilla, il abandonne son club pour aider sa famille : le matin à la pêche avec son père, l’après-midi, en tant que guichetier de fortune dans les transports en commun.

A force de travail et d’abnégation, Bacca décrochera son premier contrat professionnel et se fera remarquer en deuxième division puis en en première pour ses talents exceptionnels de chasseur de but.

Big bisous de Bruges

Au FC Bruges, après des prémices délicates liées à la nécessaire adaptation à une nouvelle culture, il explose les compteurs et inscrit 25 buts en 35 rencontres de Jupiler League.  Il est élu meilleur buteur et Footballeur pro de l’année en Belgique.

Le Séville de Monchi et du coach Unai Emery flaire la belle affaire et signe le colombien contre un chèque de 9 millions d’euros à l’été 2013.

Et comme chacun le sait, c’est sous les couleurs du club andalou que Carlos Bacca va se faire un nom en Europe. Premier préalable à sa progression fulgurante, le coach basque du FC Seville exige de lui qu’il perde 5 kilos… Il en fait dès lors la pointe de son 4-5-1 offensif et possessif. Porté par la confiance de son entraineur, une foi et dévotion religieuse omniprésentes et cette nouvelle et insoutenable légèreté, El Peluca ponctue son premier exercice avec 14 buts et 9 passes décisives en Liga…

Son sens du but, sa rage de vaincre feront des ravages durant 2 saisons avec en point d’orgue le doublé du club en Europa League. Non seulement Carlos marque souvent mais il est décisif dans les instants importants. Au total, il inscrit 49 buts toutes compétions confondues.

Dans une formation au sein de laquelle il partage l’affiche avantageusement avec Kévin Gameiro, ses performances marquent indubitablement les esprits. Il score dans les grands matchs et est désigné par Marca comme la meilleure signature de la saison 2013-2014 en Liga.

Pour sa deuxième saison, il finit l’exercice à 20 buts en championnat et porte le FC Seville en Europa League en inscrivant 7 buts sur la compétition…

Star à Séville puis au Milan AC, mais…

En juillet 2015, un Milan AC ambitieux le recrute contre un chèque de 30M€. Les tifosi salivent d’avance sur l’attaque Bacca-Luiz Adriano alimentée par El Shaarawy et Jérémy Menez… Ils n’ont pas fini de déchanter. Seul, le colombien trouvera grâce aux yeux des fans du Milan réussissant une très belle première saison dans une formation et une équipe dont le niveau décline de saison en saison. Les rossoneri finissent à une décevante 7ème place mais Carlos Bacca s’impose comme le fer de lance et le meilleur joueur d’une équipe dont l’ambition a sans doute été rattrapée par la dure réalité de sa qualité.

Carlos Bacca est alors courtisé par toute l’Europe à l’été 2016. Unai Emery tente de le convaincre sans succès de le rejoindre à Paris. Qu’importe, le Milan AC n’entend pas céder et mise sur Vincenzo Montella comme coach pour la saison 2016-2017.

Le début de saison du goléador est tonitruant puis il se blesse, revient et ne parvient pas à retrouver son efficacité. Pire, il devient petit à petit la cible des railleries et quolibets des fans du Milan. Une saison calamiteuse, entrecoupée de longue période de disette pour le buteur critiqué pour son investissement, sa maladresse et son manque de participation au jeu d’une équipe qui peine à imposer sa patte et son « fond de jeu » sur les rencontres du calcio.
Après un interminable feuilleton, le club est racheté. Son recrutement est spectaculaire et la direction sportive du Milan AC, vivement encouragée par les supporters acerbes, entend bien se débarrasser prestement de l’avant-centre colombien à l’heure de reconstruire sa grandeur.

Le Señor Golazo de l’Olympique de Marseille ?

Mais où est donc passé le buteur dont le mythique coach Carlo Ancelotti tressait les louanges ?

« Le Milan doit trouver son identité de jeu. Il possède des joueurs très importants comme Carlos Bacca, un grand attaquant qui a fait de très bonnes choses en Espagne. C'est un attaquant très dangereux que j'aime vraiment. Il ressemble à Filippo Inzaghi. Il est très bon quand il attaque avec des mouvements profonds derrière les défenses adverses. Je l'aime. »

Il s’est sans doute perdu dans le style de jeu inexistant d’un Milan moribond.

Est-il l’attaquant dont tout Marseille se délecterait ? Le successeur rêvé de nos gloires : Drogba, Ravanelli, Cascarino, Voller, Boksic, Papin, Skoblar et tant d’autres ?

Je formulerai volontiers en guise de réponse un non violent et définitif. Ce n’est pas l’avant-centre complet sur lequel faire reposer le jeu d’une équipe… Carlos Bacca est un joueur de surface, l’un des derniers renards ou chasseur de buts qui sévit dans les surfaces de réparations d’Europe. Un 9 pur et dur sans les fioritures.

Ses qualités tiennent essentiellement dans son sens du placement et du déplacement mais également sa vitesse (relative) et sa puissance. Capable d’appels soudains et tranchants depuis et vers toutes les zones des 30 derniers mètres, et notamment en profondeur, son rôle sur un terrain se bornerait presque à pousser le ballon au fond.

Carlos Bacca en ligue 1 c’est l’assurance de 15 buts marqués. Un chiffre pas si courant vous en conviendrez. C’est aussi un joueur mue par une rage de vaincre, une grinta que nombre de supporters phocéens réclament à cors et à cris depuis des milliards d’années.

Dans une formation, pourvue en joueurs susceptibles de délivrer des amours de passes décisives, dans une formation qui évolue haut sur le terrain et impose une possession du ballon à l’adversaire, dans une formation ambitieuse footballistiquement et au collectif huilé, Bacca est l’élément capable d’arracher la victoire. Car oui le colombien convertit près de 25 % de ses frappes en buts* et cadre diablement la majorité de ses tirs.

Le corollaire, et le problème à évoluer avec ce type de profil c’est que le personnage est obsédé par le but et a besoin que le staff technique et ses coéquipiers placent en lui une profonde et indéfectible confiance. Le joueur a un caractère bien trempé et son jeu tout en intensité et engagement physique souffre si l’efficacité et l’environnement collectif font défaut… Difficile d’imaginer donc Bacca alterner en attaque avec Valère Germain. En revanche, il formerait une paire diablement complémentaire à l’image de l’attaque de l’AS Monaco version 2016 Falcao-Germain.

Il n’aura pas échappé aux observateurs attentifs, que le Milan AC 2016-2017 était loin de réunir tous ces facteurs clés de succès du goléador. L’animation offensive et le style de jeu instaurés par Montella, peu soucieux de la possession, ne convenaient clairement pas au style de jeu de Bacca. Et se sentant moins important et essentiel à son équipe, l’investissement du colombien pour le maillot a franchement décliné.

Au rayon des défauts notables que l’on peut lui opposer, si sa technique est simple et efficace avec une bonne qualité de contrôle, protection du ballon et conduite de balle, constatons néanmoins que son « absence » de pied gauche en fait le meilleur footballeur unijambiste du monde. Disons que son gauche lui sert uniquement à monter dans le bus pour reprendre l’expression consacrée.

Mais qu'est-ce que tu coûtes ? (doudou dis-donc)

La valeur marchande de Carlos Bacca a considérablement baissé au cours du dernier exercice, notoirement raté (malgré les 14 buts en championnat). Au-delà de performances sportives décriées, le joueur entre dans ses dernières années. Il aura ainsi 31 ans en septembre. Si sa cote approchait aisément les 40 millions d’euros après sa première saison réussie au Milan AC, il en est tout autre aujourd’hui.

Le Milan AC ne s’y trompe pas et chercherait à négocier un transfert à 20 millions d’euros. Quand on sait qu’il émarge en Italie à 3.5M€ nets, le coût mensuel pour l’OM placerait l’investissement dans la catégorie des joueurs les plus chers du club. Malgré la « loi sur l’éthique, la transparence et la compétitivité du sport professionnel français qui permet aux clubs d’économiser sur les cotisations sociales versées aux joueurs étrangers notamment, le salaire chargé de Carlos Bacca serait équivalent à celui de Dimitri Payet soit environ 480 000 euros bruts par mois.

Si l’OM a les moyens de l’opération, est-il bien sage d’offrir 4 années de contrat (sans doute la demande du joueur) à un élément qui ne pourra exprimer la plénitude de ses qualités que durant 2 années ? Tel est l’arbitrage qui appartient à la direction olympienne.

Toutefois, si l’investissement initial, l’indemnité de transfert pouvait être négociée entre 10 et 15 millions d’euros, l’affaire pourrait sans doute se conclure plus sereinement. Certains échos évoquent par ailleurs une demande de prêt de l’OM. Une manière pour le club d’économiser les charges salariales sur la première année en négociant la prise en charge du salaire par le club milanais. Un prêt pourrait aussi permettre d’offrir au club un peu plus de latitude dans ses investissements en limitant le déficit du premier exercice.

Bacca à l’OM à des conditions financières bien négociée, cela pourrait relever de la superbe affaire sportive. Il pourrait s’agir, au regard de la volonté du Milan AC de s’en débarrasser, d’une véritable opportunité sur la fin de mercato. Reste que d’ici là d’autres pistes peuvent être explorées au risque que les prétendants se déclarent et emportent la timbale…

 

 

* Sur ses 4 dernières saisons, hors penalty, Monsieur Bacca a tenté 237 tirs et marqué 48 buts, soit 20.25% de taux de conversion.

Sources :

http://sportmagazine.levif.be/sport/foo ... 59299.html
http://www.sofoot.com/bacca-et-le-milan ... 35523.html
http://papinade.com/carlos-bacca-lautre ... mbien/6150
http://www.chroniquestactiques.fr/grand ... ssi-14431/
https://omalytics.net/ (un grand merci à lui)

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