Où passeraient les 200 millions de McCourt sur trois ans ?

OMFORUM DÉCRYPTE | L'analyse des résultats de l'OM, à partir des comptes détaillés publiés au greffe, et des rapports de la DNCG, nous a permis d'identifier précisément les revenus historiques des 15 dernières années de l'OM. L'arrivée de Frank McCourt ramène l'OM dans un autre dimension, et on entend beaucoup parler d'un apport de 200 millions sur 3 ans et d'un budget ciblé de 250 millions d'euros par an. Est-ce possible ? Comment ?


1. L'OM peut-il générer 250 millions de revenus par an ?

2. Quelles sont les charges à anticiper pour l'OM de McCourt ?

3. Où passeraient les 200 millions de McCourt sur trois ans ?


L'hypothèse des 200 millions sur 3 ans était celle qui était privilégiée au mercato d'hiver, et qui n' a pas vraiment été remise en question depuis, même si certaines informations ou déclarations ont pu la compléter ou l'atténuer.

Ceux qui ont lu les deux premières parties de l'article publiées il y a quelques mois (toutes mes excuses pour le retard) ont pu facilement se rendre compte que pour atteindre un niveau de revenus ambitieux, il faut absolument investir de manière importante en amont.

Il existe donc 3 façons de comprendre ces fameux 200 millions sur 3 ans, et chacune de ces interprétations a des conséquences très importantes :
- un apport financier de l'actionnaire de 200 millions
- un budget transferts d'environ 200 millions
- une illustration de l'ambition de McCourt

Un apport financier de l'actionnaire de 200 millions

Cette première hypothèse est de loin la moins excitante. Même si un apport de ce niveau permettrait à McCourt de dépasser en 3 ans les investissements consentis en 20 ans par la famille Louis-Dreyfus (très complaisamment qualifiée de mécène), l'écart important entre un budget de dépenses construit pour se qualifier en LDC, et le risque de revenus à supporter justement par des non-qualifications fait en sorte que les 200 millions seraient clairement utilisés pour équilibrer les budgets 2016-2017 et 2017-2018, sans même un recrutement hors normes cet été.

Jacques-Henri Eyraud le sait très bien, et il l'a déclaré dans son excellente entrevue au Temps, la construction d'un OM ambitieux va nécessairement passer par deux ou trois saisons de déficit, nécessitant à l'actionnaire d'investir pour équilibrer le budget.

Cet apport financier de 200 millions serait donc très rapidement utilisé et selon toute vraisemblance ne serait peut-être pas assez important pour ramener l'OM à un niveau sportif suffisant pour concurrencer les autres prétendants à la Ligue des Champions : le PSG, Monaco, Lyon, et même Nice ou Lille.

Un budget transferts d'environ 200 millions

Ceux qui me lisent régulièrement ou qui me suivent sur Twitter savent que le concept même de budget transferts me donne des boutons. Comme celui d'une balance transferts excédentaire, ce concept n'a aucune réalité comptable.

Un budget transferts est une notion absurde car les achats sont lissés dans les résultats en fonction du nombre d'années de contrat alors que les ventes sont imputées cash (mais en retirant les valeurs "à recevoir" qui avaient été budgetées lors de l'achat).

Donc un budget transferts de 200 millions, cela ne veut rien dire. Si l'on imagine une logique de contrats de 4 ans (donc un impact transferts de 50 millions sur les résultats pendant 4 ans, hors salaires), cela peut être pour la première année :
- une année pour deux joueurs à 25 millions OU
- quatre joueurs de 30 ans à 50 millions avec un contrat de deux ans OU
- dix joueurs de 25 ans à 20 millions avec un contrat de quatre ans OU
- vingt joueurs de 20 ans à 15 millions avec un contrat de six ans...

Enfin, vous avez compris l'idée. Vous pouvez faire des hypothèses infinies pour tomber sur ce chiffre de 200 millions.

Une illustration de l'ambition de Franck McCourt

C'est cette hypothèse qui me semble la plus crédible. Ce chiffre de 200 millions est juste une punchline médiatique pour illustrer l'ambition de l'OM de Franck McCourt et de Jacques-Henri Eyraud.

Les éléments les plus pertinents à mon sens à ressortir des multiples entrevues d'Eyraud sont les deux points soulignés dans son entrevue au Temps : l'OM va être minimalement déficitaire pendant deux ou trois ans et l'objectif au terme de ce cycle d'investissements est de limiter la masse salariale à 70% des revenus opérationnels.

On peut imaginer un budget à hauteur de 200 millions en 2017-2018, puis de 250 millions en 2018-2019 avec l'objectif de finir cette troisième année qualifié pour les poules de Ligue des Champions.

Un montant de 50 millions pour le poste de dotations transferts est déjà très élevé pour les normes des grands clubs européens, le vrai dimensionnement des dépenses à terme est donc lié à celui de la masse salariale chargée. En prenant une hypothèse de revenus à 200 millions, on arrive donc à 140 millions de masse salariale (ou 175 pour 250 millions de revenus).

La stratégie pour l'OM devrait donc être d'investir massivement cet été pour recréer un actif joueurs suffisant pour être un prétendant crédible à la Ligue des Champions, puis de compléter les investissements en 2018-2019 pour finir de mettre en place une équipe pouvant viser une qualification pour les huitièmes de finale.

Cette stratégie nécessiterait en revanche un investissement très important de Frank McCourt, probablement plus proche de 400 millions que de 200 millions sur 3 ans (sauf qualification plus rapide pour la LDC). Quant à spéculer sur le montant total des transferts de cet été ? Cela dépend de beaucoup trop de facteurs pour être crédible.

11 comments

  1. Latche 8 mars, 2017 at 00:40

    250 M ça va être compliqué même en optimisant le merchandising et les recettes matchs par le biais de prestations VIP au vélodrome.
    Ce chiffre comprend probablement un apport de l’actionnaire, il parle d’ailleurs de budget et pas d’un chiffre d’affaires.

    • Professeur Urbain 8 mars, 2017 at 01:22

      Je ne pense pas que McCourt ait vocation à aligner du fric structurellement. Je pense plutôt qu’à terme, ils parient sur une qualification en 8èmes de LDC de manière récurrente.

      • Latche 12 mars, 2017 at 11:49

        Ah mais tout à fait.
        Puis le FPF ne laisserait pas faire de toute manière.
        Mais dans un premier temps l’apporte d’actionnaire est inévitable.

  2. Thibault 7 mars, 2017 at 17:28

    Bonjour Urba,

    Merci pour l’article, une petite question cependant sur ce passage:

    « Le chiffre faramineux de Dortmund démontre ce que peut réussir un club propriétaire de son stade, avec une affluence énorme et un public à gros pouvoir d’achat (avec un incroyable 39 millions de revenus de restauration, dont 14 millions consommés le jour du match) »

    Est ce que tu peux développer le rapport entre le club propriétaire du stade et les revenues de restauration? Actuellement même si le stade appartient a Arema et la mairie, l’OM paye un loyer et gagne quasiment la totalité des recettes en terme de billetterie et de goodies/restaurations non? J’imagine qu’un pourcentage est reversé aux propriétaires, mais je ne vois pas en quoi c’est ce qui fait la majeure différence avec les énormes revenus de Dortmund sur ce poste.

    Merci d’avance

  3. Professeur Urbain 7 mars, 2017 at 13:27

    Bonjour, j’ai corrigé le paragraphe qui n’était pas clair, merci ! Oui, le nouveau stade a un potentiel de revenus (et de charges d’ailleurs), mais finalement limité quand on ne joue pas la LDC. C’est la principale variable qui explique la différence relativement faible avec les dernières années de l’ancien stade.

  4. ElMiguel 7 mars, 2017 at 12:12

    Bonjour ElCommandante.
    Je pense, sans avoir non plus très bien compris cette partie-là, qu’il faut prendre en compte qu’à l’époque le club payait 1,5M de loyer pour le Vélodrome, alors que maintenant, même si j’en sais rien, il se situerait aux alentours de 8M.

  5. Elcommandante 7 mars, 2017 at 07:42

    Bonjour,
    Merci une nouvelle fois pour ce super article.
    J’ai toutefois une question sur un passage que je n’ai pas très bien compris sur les revenus liés à la billetterie.
    Vous écriviez : « il est par contre clair que les revenus du stade ne reviendront pas au niveau auquel ils étaient dans l’ancien stade ». Etant donné que les chiffres nous montrent que les revenus de l’ancien stade étaient plus importants que le nouveau, j’en déduis que vous insinuiez que ces revenus ne reviendront pas à un niveau aussi HAUT.
    Puis vous ajoutez :  » et les revenus potentiels restent nettement supérieurs  » et donnez une estimation entre 15 et 40M, soit potentiellement très supérieur aux revenus de l’ancien stade.

    Bref, en résumé est ce que vous pouvez m’éclaircir là dessus : est ce que le nouveau stade a donc bien un potentiel de revenus ?
    Et si oui, comment expliquer que même lors d’une saison à forte affluence dans le nouveau stade, nous sommes restés à un niveau revenu relativement faible par rapport à l’ancien stade ?

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