OMFORUM DÉCRYPTE | L'Analyse du Projet du Massilia Socios Club (1/2)

OMFORUM DÉCRYPTE | Comme le dit le proverbe : "Les joueurs passent, les entraîneurs passent, les dirigeants passent, les supporters restent" ; en cette année de grands changements, un mouvement de socios, le Massilia Socios Club, s'organise à Marseille. Leur but : faire entrer les supporters de l'OM dans le capital du club.

Dans cet article, nous allons analyser la possible entrée d'une association de sociétaires à l'OM et leur impact.

 


Première partie : Présentation des Différents Mouvements de Socios en Europe

Deuxième partie : Présentation et genèse du Massilia Socios Club

Troisième partie : L'Analyse du Projet du Massilia Socios Club (1/2)

Troisième partie : L'Analyse du Projet du Massilia Socios Club (2/2)

Quatrième partie : L'Interview du Massilia Socios Club


Partie 3 sur 4 | Deuxième partie : L'Analyse du Projet (1/2)

À première vue, le projet du Massilia Socios Club est solide et ambitieux. Mais pour autant est-il réellement adapté à la situation ? Quels sont ses avantages et ses inconvénients ?

Le nouvel actionnaire : Frank McCourt

Le récent changement d'actionnaire principal de l'Olympique de Marseille crée une situation idéale pour lancer un projet socios. Nous ne connaissons pas exactement les objectifs de Frank McCourt. Il y a des chances qu'il soit fortement intéressé par acheter l'OM à bas prix, augmenter la valeur du club et le revendre en faisant de substantiels bénéfices. Dans ce cas, il pourrait être intéressé par vendre une part de son capital aux socios. Ceux-ci apporteraient alors un investissement régulier qui augmenterait alors la valeur du capital du club. Sans avoir à dépenser de son argent son actif augmenterait régulièrement de valeur. Ces investissements supplémentaires seraient aussi bénéfiques pour la réussite sportive de son club, et donc son image de marque en Europe. Se faire connaître ainsi pourrait lui donner l'opportunité de faire de nouvelles affaires.

Franck McCourt

De plus, Jacques-Henri Eyraud est le co-fondateur du groupe de presse Sporever (football365). Avec son groupe de presse, il a déjà lancé des expériences dans le football participatif et les relations entre club de foot et supporteurs. Il pourrait de ce fait être favorable à une entrée des socios au sein du capital de l'Olympique de Marseille et travailler avec eux.

Le milieu marseillais

Le milieu marseillais et le grand banditisme sont des composantes à prendre en compte, surtout quand il y a des millions d'euros à la clef. Le récent changement d'actionnaire peut aussi être bénéfique de ce côté-là. Sous les anciennes directions, qui étaient au mieux laxistes, au pire complètement vérolées, des illégalités avaient souvent lieu au sein du club. Les nombreux procès sous les années Louis-Dreyfus sont là pour nous le prouver. Il est de notoriété publique que le club était infiltré par le milieu marseillais et que beaucoup de transferts ont été l'occasion de versements illégaux de grosses sommes d'argent.

Si c'était toujours le cas, est-ce que des socios pourraient payer une cotisation qui servirait en partie à financer cela ? Comment pourraient ils réagir quand ils verraient l'argent de leur adhésion payer le salaire d'emplois fictifs, placés là par clientélisme ?  Aimeraient-ils savoir que leur argent finance un racket organisé, des rétro-commissions, ou même, le salaire de joueurs gâtés qui refuseraient de jouer parce que les entraînements ne leur conviendraient pas, ou parce qu'ils sont en train de renégocier leur contrat en demandant plus de respect ?

Ce serait assurément-là, une grosse perte de confiance dans le système qui pourrait faire fuir de nombreux adhérents. De plus cet environnement mafieux a déjà eu des liens troubles par le passé avec certains groupes de supporters. Ils pourraient en venir à manipuler une partie des socios pour parvenir à leur fin, infiltrant ainsi la tête du club.

Supporters de l'OM

Fort heureusement, Frank McCourt et Jacques-Henri Eyraud ne sont pas les Louis-Dreyfus et semblent vouloir faire le ménage de ce côté-là.

Les politiques et la Politique

Pour le moment, les socios n'ambitionnent de n'acheter qu'une part minoritaire du capital de l'Olympique de Marseille. Mais certains les poussent déjà à devenir majoritaires. Dans ce cas-là, on entrerait dans un système politique et plusieurs problèmes se poseraient. Ça serait alors aux socios d'élire le président du club. Les exemples espagnols du FC Barcelone et du Real de Madrid ont montré qu'il s'agit là souvent de moments d'incroyable démagogie. Comme dans la politique du pays, les candidats préfèrent plutôt niveler le débat par le bas. Au lieu de parler de stratégie et de développement à long terme, ils préfèrent s'écharper sur des promesses électorales de transferts hors de prix. Ces élections ont été les responsables de graves dérives financières. Nous avons alors là de fortes chances de n'avoir plus que des professionnels de la politique, qui penseront d'abord à leur réélection avant de penser au bien commun et à la réussite sportive et durable du club.

Si on rajoute à ça le fameux contexte marseillais, où les liens entre les politiques et la mafia sont nombreux, et où le clientélisme est roi, nous aurons alors à faire face à une faillite programmée de notre club bien-aimé.

Vauzelle, Gaudin et Guerinni

Sur la pétition des "Socios Phocéens", avec plus de 4 000 signatures, il n'y a qu'environ 13% de marseillais. Cette proportion ne traduit pas la part des marseillais parmi les supporters de l'Olympique. Mais plutôt que ceux-ci sont moins convaincus par la réussite d'un programme socios à l'OM. On peut supposer que l'une des raisons est qu'ils connaissent bien le contexte local et qu'ils n'ont pas envie que celui-ci imprègne encore plus leur club.

La démocratie et son illusion du pouvoir

Certains avancent l'argument que le fait que les socios élisent le président constitue un garde-fou suffisant envers les problèmes mentionnés ci-dessus.  Il ne faut pas croire cela. Une démocratie participative ne donne qu'une illusion de pouvoir à ceux qui votent. Le pouvoir réel est toujours détenu par celui qui est élu, et on ne peut voter que pour un candidat qui se présente.  Que se passerait il alors si dans une élection il n'y a que des candidats corrompus qui se présentent ? Ou bien qu'un candidat manipule une masse d'électeurs ou achète des voix ? Souvent dans une élection seul le populisme est gagnant. Les exemples dans l'Histoire ne manquent pas : le meilleur choix n'est pas souvent celui qui est fait par la majorité.

L'Assemblée Nationale

On en revient aussi à un autre problème qui concerne les citoyens français. Si la démagogie et le populisme sont souvent gagnants, c'est parce que les votants ne sont pas suffisamment éduqués sur les enjeux d'une élection et sur les implications des programmes des candidats. Quand les choix ne se font pas par réflexion, ce sont les émotions qui dominent. Le supporter de l'OM a envie que son équipe gagne. Mais va-t-il vraiment avoir la patience de miser sur un projet à long terme d'un candidat au lieu d'un projet à court terme ? Comment peut-il juger du bilan d'un président qui se représente concernant la négociation d'un nouveau contrat de sponsoring ? Quelles sont ses compétences sur les sujets du développement d'un centre de formation et d'un réseau de recrutement efficace ? Gérer un club de football demande des multiples compétences et connaissances que peu de personnes ont. Si la plupart des supporters ne l'ont pas, vont-ils pouvoir faire le bon choix au moment de l'élection ? Et c'est quand l'électeur est ignorant qu'il est le plus facilement manipulable par les émotions.

Les nombreuses faillites économiques et sociales actuelles de pays démocratiques sont là pour nous rappeler qu'elle n'est pas un gage de réussite.

 

Accéder à la troisième partie du dossier : L'Analyse du Projet du Massilia Socios Club (2/2)

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