NintendOM : Les jeux sont faits, rien ne va plus !

Vous les attendiez, les voici enfin. Deux titres arrivent en même temps pour la NintendOM. Mais le moins que l’on puisse dire est qu’ils n’apportent pas une grande variété de jeu.

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Calanques grecques

Si l’on excepte « Morse », qui s’apparente davantage à un simulateur de décryptage linguistique en milieu hostile, la NintendOM restera dans l’Histoire comme la première console de jeux à être mise en vente sans jeu. C’est un peu comme un sportif qui essaierait de gagner sans dopage. Ou un candidat qui espérerait se faire élire sans programme.

Les annonces nous promettant du jeu se sont succédées ces derniers temps, mais leur concrétisation était toujours remise aux calanques grecques. Aussi étions nous impatients de découvrir ce que la NintendOM pouvait offrir. Et même si on n’est pas là pour spoiler, autant dire tout de suite qu’il va encore falloir attendre.

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Un jeu pour le prix de deux

« Where in the World is Lassana Diarra ?» et « Dorria l’exploratrice » sont deux licences différentes, mais elles partagent la même thématique. Toutes deux proposent d’incarner un joueur de football dont le but principal est de se trouver un nouveau club, et si possible au plus vite.

Cela justifie-t-il pour autant que les deux titres présentent le même environnement graphique (pauvre), le même gameplay (ennuyeux), et les mêmes bugs (à répétition)? Cela serait-il lié au fait qu’ils aient été créés au même moment, par les mêmes programmeurs du même studio de développement? Les responsables de « Margarita Vision » n’ont pas souhaité répondre à nos questions.

Nous voici donc confrontés à un exercice difficile, et quasi-quantique, qui consiste à comparer une chose avec elle-même.

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De la Tasmanie au T.A.S. maniaque

« Where in the world is Lassana Diarra ?» est une série bien connue, dont les multiples rebondissements nous tiennent en haleine depuis des années. Tout le monde a en tête l’épisode mémorable dont l’inaction se déroulait en Russie. Le portage sur NintendOM est de la même veine, de sorte que les amateurs de voyages et de transferts financiers y trouveront leur compte, tout comme le héros.

Le jeu débute par une cinématique très soignée, dans laquelle le personnage principal déclare que le projet sportif de son club ne correspond plus au statut ni aux ambitions du grand footballeur qu’il est. Pour l’exfiltrer, un choix très riche de destinations nous est proposé, toutes plus exotiques les unes que les autres, de la Chine à la Tasmanie, en passant par le pays Qatar. Une opportunité pour réviser sa géographie, et se rappeler qu’il y a davantage de pays membres de la FIFA qu’il n’y en a au sein de l’ONU.

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Le dépaysement est garanti, mais l’on s’étonne cependant de voir chaque négociation systématiquement ponctuée d’une escale à Lausanne, siège du T.A.S. (tribunal arbitral du sport).

Helvète underground

Ces épisodes helvètes récurrents sont l’occasion de croiser quelques figures emblématiques, convoquées en guest-stars, avec leurs avocats. Michel Platini, Mathieu Flamini, et une tripotée d’athlètes russes sont de la partie. Il n’en demeure pas moins que les allers et recours incessants de Lassana en Suisse suscitent une certaine lassitude.

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Intelligence artificielle

Le même T.A.S. d’esprit préside aux phases de communication. Ainsi, chaque rumeur de transfert doit être justifiée à l'aide d'un argument spécifique et spécieux. De très nombreuses excuses nous sont heureusement proposées, qui vont de l’accord verbal T.A.S. cite au démenti des déclarations, sans oublier les agents doubles ou l'imparable désir de l’épouse. Comme dans les meilleures simulations de stratégie politique, le nerf (ou l’art ?) de la guerre est la maîtrise du storytelling.

Reste que le plaisir machiavélique de l'embrouille est gâché par l'omniprésence des erreurs de programmation. Il est peu crédible, par exemple, qu’un joueur puisse devenir capitaine d’une équipe juste après avoir tenté de rejoindre un concurrent direct. Un tel cas de figure serait impossible dans la réalité, et ce type d’aberration affecte directement le réalisme du jeu.

Il en est de même avec les entretiens accordés à la presse. Loin d'être aussi bien simulés que les blessures, ils tournent trop souvent à la caricature. Et que dire des déclarations attribuées aux journalistes? Elles laissent à penser que l’analyseur de syntaxe mérite bien la dénomination d’intelligence artificielle.

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Explora triste

« Dorria l’exploratrice » nous invite à vivre les aventures d’une jeune joueuse de football. A moins qu’il ne s’agisse d’un garçon, on ne sait jamais très bien avec les brésiliens. Quoiqu’il en soit, le but affiché est manifestement de trans-poser l’inaction de « where in the world… » dans un univers féminin et enfantin. A ceci près que la trans-position tourne ici au copier-coller.

Beaucoup plus sympathique que le héros de la licence concurrente, la petite Dorria ne cherche pas systématiquement à être trans-férée, mais elle y est contrainte parce que personne ne veut d’elle. On devine sans peine que les auteurs se sont très largement inspirés de grands classiques tels que «Sans famille» ou « Heidi » (encore la Suisse). Pour autant, ce replâtrage ne suffit pas à nous faire oublier que la mécanique de jeu reste exactement similaire. Plus grave encore est l’impression de tristesse et de malaise qui résulte de l’introduction des logiques mercantilistes et libre-échangistes dans un univers supposément enfantin.

Un tableau de monnaies

Comme dans « Where in the world… », les phase de négociations bénéficient d’une gestion très précise des différentes monnaies mondiales. Le choix est tout aussi vaste et exotique que pour les destinations. C’est à se demander si les concepteurs ne sont pas meilleurs dans le domaine de la transaction financière que dans celui de la création de jeu.

Ce luxe de détails revêt même un caractère obsessionnel, avec la présence de monnaies disparues (deutschemark, sesterce…) ou carrément imaginaires (rouble-sterling, yuan-suisse). Admettons-le, il y a quelque chose de jouissif à négocier le transfert de Rabillard en écus d’or. Mais l’on voit assez mal ce que cela vient faire dans un titre prétendument destiné aux plus jeunes. Sauf à considérer que les programmeurs n’ont pas changé le logiciel.

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Ceux qui m’aiment prendront le bug

Outre les replâtrages déjà évoqués et l’emballage chatoyant de la jaquette, le seul apport de « Doria l’exploratrice » est l’introduction du renard Jean Michel. Sorte de tutoriel animé, ce personnage trouble et ambiguë est censé conseiller la petite Doria dans ses choix de carrière. Mais très vite, ses suggestions se révèlent bizarrement orientées. On remarque par exemple une forte propension à s’intéresser aux jeunes footballeurs brésiliens. Sans parler de sa tendance à sauter dès qu’il le peut sur un joueur de l’OM, et ce même s’il s’agit d’une chèvre.

Il est rageant de constater que les erreurs de programmation affectent la seule innovation du jeu. Extrêmement prévisible, le renard Jean Michel est le genre d’ami qui vous dispense d’avoir des ennemis, et qui est susceptible de vous conduire au gibet. Au final, le tutoriel incite paradoxalement le joueur à ne pas suivre ses propres conseils. Ce défaut symbolise à lui seul la faiblesse des jeux proposés par « Margarita Vision », dont la devise pourrait être «droit aux bugs».

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D’autres sorties pour la rentrée ?

En dépit de leur piètre qualité, les titres de "Margarita Vision" demeurent les meilleurs disponibles sur la NintendOM, pour la simple raison qu'ils sont les seuls. Le public attend malgré tout mieux de la portable insupportable, et espère qu'un jeu d'action sera bientôt disponible.

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