OM et Coupe de France : l'OM des Parisiens (1924-27)[1]

OMForum HISTOIRE | L'Olympique de Marseille entretient depuis presque 100 ans une belle histoire d'amour avec la Coupe de France. Et comme dans toutes les histoires d'amour, il y a eu des bons moments (10 victoires) et presque autant de moins bons (finaliste à 8 reprises).

A l'aide de l'ouvrage L'histoire de l'Olympique de Marseille dirigé par Florian Sanchez (textes de Jérôme Andréacchio, Emmanuel Jean et Frédéric Rostain), OMForum t'emmène faire une petite virée au cœur du plus beau palmarès de France. Une manière comme une autre de se mettre dans l'ambiance avant la 19e finale de l'histoire du club, qui aura lieu au Stade de France le 21 mai contre le PSG. Mais tu le sais déjà, ça.


L'OM des Parisiens (1924-1927)

Le goût de la défaite (1934-1954)

Le retour des belles années (1969-1976)

La "décima" et c'est tout (1986-1991)

La fin d'une mauvaise série ? (2006-2016)

Bonus : l'histoire de l'OM en Coupe de France en 5 infographies


Même les plus âgés d'entre nous n'ont pas entendu parler de cet OM. Peut-être les noms de Crut, Boyer ou Dewaquez sont-ils familiers chez les plus avertis des anciens. Il n'empêche que sans ces attaquants... parisiens, l'histoire de l'OM ne serait pas la même. Dans les années 25, l'OM se laissait dominer pour contre-attaquer, grâce à ses 5 attaquants, le plus rapidement possible : c'était ça "jouer à la marseillaise", aller "droit au but". Et ça fonctionnait puisque l'OM a remporté trois Coupes en 4 ans ! A l'époque, le championnat de France n'existait pas et la Coupe de France sacrait le meilleur club de France.

1924 : la première

La Coupe de France est née en 1918. Pendant six ans, seuls des clubs parisiens réussissent à la remporter (dont le Red Star trois fois de suite entre 1921 et 1923) au grand dam de Paul Le Cesne, président de l'OM. Il décide donc de recruter Édouard Crut, une frappe du gauche de brute, et Jean Boyer (vainqueur en 1919 et international français, buteur lors de la première victoire française face à l'Angleterre), qui ne jouait qu'un quart d'heure par match, mais un quart d'heure de folie.  Avec ces deux recrues de choix, il espère enfin ramener le trophée aux Marseillais.

Le parcours de l'OM est impressionnant : 9-0 face à Gap en 32e de finale puis 4-1 contre Mulhouse et Dieppe. En quart, un match nul oblige l'OM et le Stade Français à disputer un "match d'appui". L'OM l'emporte 3-2 grâce à Crut. En demi, l'OM se qualifie pour sa première finale, en sortant Rouen qui l'avait éliminé 2 ans avant, sur le score de 3-1.

La finale a lieu le 13 avril au Stade Pershing à Paris devant 20 à 25 000 spectateurs. L'OM affronte un club de province, c'est une première, le FC Cette (Sète), qui domine le football méridional grâce à ses nombreux internationaux. L'OM n'est pas favori. Pourtant, dès la 3e minute Crut ouvre le score sur une passe de Subrini. Mais, 10 minutes plus tard, Cazal égalise pour Cette suite à une erreur de Robert Van Ruymbeke (15e). Boyer donne l'avantage à l'OM juste avant la pause (42e). Malheureusement, Torta marque contre son camp et offre la prolongation à Cette. L'équipe héraultaise domine mais l'OM défend avec passion. Et obtient même un coup franc bien placé à 30m des buts d'Henric, Crut s'en charge et envoie un boulet de canon du gauche (100e). L'arbitre siffle la fin du match. L'OM remporte sa première Coupe de France, ce qui en fait le meilleur club de France, et met un terme à trois années de domination du Red Star. Le Cesne (1909-1921) n'est plus président, Marino Dallaporta non plus (1921-1924) c'est Gabriel Dard (1924-1935) qui récolte les fruits du travail de ses prédécesseurs.

24OMSete

OM 3-2 FC Cette (après prolongation)  
Source : OM4ever.com

1926 : la deuxième

En 1925, l'OM, tenant du titre, a été éliminé sur la plus petite des marges en quart de finale par l'Olympique de Paris. Fort de l'expérience de cet échec, l'OM 1926 ne fait qu'une bouchée de ses adversaires en inscrivant 29 buts en 5 matchs. Lyon (8-2), Sélestat (8-2), Quevilly (4-0), Tourcoing (4-2) et la Stade Français (5-0) sont étrillés. Les recrues "Julot" Dewaquez, international français et vainqueur de la Coupe de France en 25 avec un club parisien, et Maurice Gallay ne sont pas pour rien dans la grande forme offensive olympienne. Le style de jeu de l'OM non plus. Les joueurs s'échangeaient la balle par des passes "courtes, rapides, en demi-volée, style auquel on donna bientôt le nom de 'style coupe'." Le but étant de trouver Boyer et Crut le plus vite possible.

Contrairement à sa première finale en 1924, l'OM est cette fois le favori. L'AS Valentigney est une équipe d'amateurs composée d'employés des usines Peugeot. Consciente de sa faiblesse, l'équipe franc-comtoise fait appel à un ancien capitaine des Bleus, Lucien Gamblin, pour préparer intensivement son match pendant 8 jours. Mais rien n'y fait. A la 33e Boyer inscrit déjà le but du 3-0. Dewaquez (16e) s'était chargé d'ouvrir le score tandis que Van Ruymbeke (26e) avait aggravé la marque. En fin de match, Dewaquez inscrira même un doublé (80e), Chavey avait sauvé l'honneur des siens juste avant la mi-temps (40e).

Les 18 000 à 30 000 spectateurs du stade Yves-du-Manoir de Colombes assistent au deuxième sacre du club marseillais. En ce 9 mai, Jules Rimet, le président de la Fédération française de football remet la Coupe au capitaine Boyer. Parmi les joueurs olympiens, il en est un qui savoure tout particulièrement ce trophée, c'est le gardien Paul Seitz. En effet, lors de la première finale il était... défenseur ! Une blessure au genou l'ayant handicapé, il avait été déclaré définitivement inapte à la pratique du foot... sauf au but.

26OMValentigney

OM 4-1 AS Valentigney
Source : OM4ever.com

1927 : jamais deux sans trois

Malgré la stabilité de l'effectif (renforcé par le jeune marseillais Raymond Durand), l'OM ne domine pas vraiment la compétition comme en 1926 mais dispose d'un excellent gardien de but (de métier !) en la personne de Charles Allé.

Marseille se retrouve en demi-finale sans trop forcer après avoir éliminé Levallois (2-0), Cette (2-0) et l'Olympique Lillois (1-0) mais concède un résultat nul 1-1 face au CA Paris. Frayeur passagère puisque le club olympien explose Paris 6-0 lors du match d'appui grâce aux triplés de Crut et Dewaquez.

De retour au Stade Yves-du-Manoir un mois de mai, le 6 cette année, Marseille n'est pas dépaysé. Durand (34e) et Gallay (36e) règlent les affaires courantes en deux minutes. Quevilly encaissera même un 3e but, par l'inévitable Dewaquez à la 89e. Le président de la République est présent pour la première fois de l'histoire de la Coupe de France, heureux hasard, Gaston Doumergue est un Méridional. Le capitaine olympien Ernest Clère est ainsi le premier joueur à recevoir le trophée des mains d'un président. Toutefois, un évènement tragique perturbe cette journée victorieuse puisque les aviateurs Nungesser (qui donnera son nom au stade de Valenciennes en 1930) et Coli (Marseillais et amateur de football) sont portés disparus. Ils s'étaient envolés du Bourget pour une traversée de l'Atlantique jusqu'à New-York.

Cette victoire scelle la fin d'une nette domination de cet "OM parisien" même si le record de 3 victoires d'affilée du Red Star ne sera pas battu. Il faudra attendre le milieu des années 30 pour voir l'OM brandir à nouveau la Coupe.

1927 images

OM 3-0 Quevilly
Source : OM4ever.com

 

Accéder à la suite : Le goût de la défaite (1934-1954)

Leave a reply