OMFORUM DÉCRYPTE | L'OM en 2016, la vente ou la médiocrité

OMForum décrypte | Une rumeur différente par jour, non pas de nouveau joueur, mais d'acheteur potentiel, des joueurs en plein doute, un président et un entraineur contestés, un directeur général démissionné, un mystérieux audit en cours. Sans parler d'un Vélodrome qui sonne incroyablement vide, une ferveur disparue et des caisses exsangues. L'OM est clairement en crise, et à la croisée des chemins, la vente du club apparaissant à beaucoup comme le dernier espoir de compétitivité. Tentative d'éclairage apportée par deux suiveurs de longue date de l'OM, votre dévoué Professeur urbain et Dominique Rousseau, envoyé spécial de l'Équipe pour l'OM pendant plus de 20 ans, qui tient désormais un excellent blog sur le foot business.

Une situation financière précaire

Le dossier consacré à MLD dans La Provence contient une portion assez importante consacrée aux finances de l'OM. Si vous êtes un lecteur régulier d'OMForum, vous n'avez rien appris de plus que ce qui était écrit dans notre dossier. L'OM est effectivement dans une situation précaire, les mauvais résultats sportifs, les charges qui n'ont pas diminué aussi rapidement que prévu, l'exécrable gestion de la masse salariale entre 2008 et 2014, tout cela a contribué à transformer un club redevenu rentable en 2007-2008 et 2008-2009 en une machine à perdre de l'argent.

Un OM en vente ?

Il est clair que la rénovation du Vélodrome a généré un déficit de revenus important pendant deux saisons, obligeant MLD à combler les pertes, mais cette excuse ne tient plus désormais. L'OM est face à une situation qui semble sans issue : les deux premières places sont verrouillées et ce sont les seules donnant droit au jackpot de la LDC (la troisième place étant de plus en plus un piège), les clubs anglais sont en train de récupérer tous les bons joueurs de L1 à prix d'or (tuant dans l'œuf le projet Dortmund) et les revenus marchands de l'OM (stade, sponsors, merchandising) ne sont pas suffisants.

Si l'on revient sur la saison 2014-2015, de nombreuses erreurs ont été relayées dans la presse ou sur les médias sociaux, parfois volontairement de la part des relais de Labrune ou de ses opposants féroces. Tout d'abord, ce n'était pas la LDC qui a été budgetée. Déjà parce que les revenus sont principalement attendus l'année d'après (donc pour la saison 2015-2016), l'écart entre une 2e et une 5ème place en L1 étant inférieur à 10 millions d'euros de droits TV. C'était probablement une 4e ou 5ème place qui a été effectivement budgetée, comme annoncé par Labrune un peu partout et notamment devant les groupes de supporters. L'OM s'attendait donc à un exercice très difficile mais ce sont les faux départs de Payet et d'Ayew, sans parler de ceux difficiles d'Amalfitano ou de Cheyrou, qui ont créé une partie importante du déficit d'exploitation, en maintenant une masse salariale très élevée.

L'OM devait donc absolument vendre en 2014-2015, mais Labrune espérait pouvoir équilibrer son budget sans faire appel à MLD (qui a quand même remis 20 millions en juin 2015), et surtout bénéficier de la manne de la LDC pour réinvestir en juillet 2015.

La faiblesse des revenus marchands de l'OM et des droits TV français, condamne l'OM à garder un effectif moyen (peu coûteux à l'achat et en masse salariale) ou à 3 solutions : budgeter la deuxième place (et vendre ses meilleurs joueurs en cas d'échec - Lyon 2016), être très performant sur le marché des transferts en recrutant peu cher et en revendant cher (à la façon de l'ASM, un défi pour l'OM qui nous a plutôt habitué au contraire) ou enfin avoir un actionnaire qui finance un déficit structurel de 30 ou 40 millions pour avoir une équipe du calibre de celles de 2008 à 2012.

Un effectif composé de joueurs de passage

Margarita Louis-Dreyfus a-t-elle regardé OM-Saint Etienne à la télé ? Peu probable, mais elle aurait dû. Car c’était l’illustration parfaite de la gestion qu’elle souhaite voir appliquer au club. Coût total du onze titulaire de l’OM contre les Verts ? 11,5 M€. Peanuts rapporté au budget du club, ses ambitions et ses rivaux potentiels. Sur les onze titulaires : cinq prêtés (Isla, Manquillo, Thauvin, Cabella, Fletcher), deux joueurs en fin de contrat (Nkoulou et Romao). Certes Cabella et sans doute Isla seront tous les deux officiellement transférés à l’OM cet été, mais le statut précaire de ce onze titulaire dit tout de la politique actuelle de l’OM.

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Contre Saint Etienne c’était donc l’équipe 100 % compatible MLD. Celle d’après l’année de la grande vente. Entre août 2014 et août 2015, l’OM a provoqué le départ de sept joueurs pour 80 M€. 80 M€ de ventes égale youpi ? Pas du tout. Une absolue nécessité afin d’éviter la banqueroute. Et il faudra très probablement vendre Batshuayi afin de rester dans les clous pour la DNCG à la fin de la saison (même si La Provence exagère quand elle ajoute Mendy et Diarra pour les départs nécessaires afin d'équilibrer les comptes).

Michy est un des derniers joueurs « bankables » de l’effectif. Qui d’autre que lui ? Lassana Diarra évidemment. Et vu son niveau, difficile d’imaginer le voir rester une saison de plus. Sur la liste des départs probables à la fin de la saison : Nkoulou, Romao (fin de contrat), Manquillo, Lucas Silva, De Ceglie, Thauvin, Fletcher (fin de prêt), Batshuayi (transfert pour regonfler les finances) et Lass Diarra (choix sportif).

Une rude saignée. Il ne restera éventuellement plus que deux milieux défensifs, soit Isla et Abou Diaby (dans le meilleur des cas pour les deux), plus du tout d’attaquant de pointe. Et si Lass Diarra part effectivement, il ne restera plus que Nkoudou et Mendy à forte plus value potentielle dans l’effectif.

L'OM de l'année prochaine, hors transferts et si Mandanda ne finit pas par partir pourrait ressembler à celui-là : Mandanda - Dja Djédjé, Rolando, Rekik, Mendy - Isla, Diaby ou Barrada - Nkoudou, Cabella, Alessandrini - X. Et le banc est très très léger pour la Ligue 1 : Pelé / Samba / Escales / Fabri - Aloé, Dória, Sparagna, Andonian - Lopez, Zambo Anguissa - Sarr, Boutobba, Porsan-Clemente - X.

La vente ou la médiocrité ? 

Il existe trois cas de figure pour l’OM : le statu quo, l’entrée d’un ou des investisseurs dans le capital, et la vente du club. Le tout dans un environnement très compliqué : un Paris SG à des années lumière financièrement grâce aux Qataris, l'AS Monaco qui bénéficie d’avantages énormes (fiscalité inexistante pour les joueurs étrangers, charges patronales réduites pour les joueurs français) et sans doute aussi de joueurs en TPO et Lyon qui certes s’est endetté mais bénéficie d'un des meilleurs centres de formation d'Europe et de ressources potentiellement beaucoup plus importantes avec son nouveau stade.

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Quel serait l'avenir de l’OM dans les trois cas de figure ?

Le statu quo : cela serait un scénario catastrophe pour les supporters de l'OM avec un accès quasiment impossible à la Ligue des Champions et un baisse de statut inévitable. L’OM bataillerait dans ce cas avec St-Etienne, Rennes, Bordeaux et Lille, dont la survie financière passe obligatoirement par la vente de joueurs et avec une capacité d’achat très réduite. Les supporters marseillais sont-ils prêts à devenir des supporters de Rennes ?

L’arrivée d’un ou des investisseurs : une augmentation de capital permettrait de recréer un capital joueurs intéressant. Par contre, les contraintes d'équilibre de budget vont rester, avec notamment des faibles droits TV et l'équipe ne pourra de toute façon pas garder durablement un effectif de qualité, sauf à rajouter régulièrement du capital, ce que MLD ne veut pas faire. De plus, le caractère de MLD, démontré par la sortie brutale de Jacques Veyrat du groupe, sa hantise de voir rentrer à l'OM des profiteurs, comme elle l'a constaté pour RLD, rendent cette option improbable.

La vente du club : puisque sa propriétaire ne veut plus investir, c’est le seul cas de figure où l’OM peut imaginer postuler comme « avant » à la Ligue des Champions et avoir de plus grandes ambitions. Les conditions sont réunies. Le club a récupéré les abonnements dans les virages, la masse salariale est une des plus basses de ces dernières années (38 M€ non chargée) et le statut précaire de l’effectif est favorable à la vente. L’éventuel nouveau propriétaire pourrait de ce fait plus facilement se constituer « son » effectif .

L’Olympique de Marseille est donc à un tournant de son histoire. Soit il est vendu d’ici à cet été à un acheteur en mesure de lutter avec l'AS Monaco et Lyon afin de viser de manière durable le deuxième rang de la L1, soit le club bascule la saison prochaine dans une dimension inconnue pour lui depuis 20 ans, dès le début de saison regarder le bas du classement et non plus le haut. Et à la différence du « romantique » RLD, MLD la « pragmatique » saurait s’en accommoder, ce qui serait un scénario cauchemardesque pour des supporters marseillais qui souffrent déjà d'une passion qui s'éteint.

2 comments

  1. y 24 février, 2016 at 02:07

    Article super précis comme rarement.Si on débute la saison prochaine avec le cas de figure « statu quo » et l’équipe que vous avez fait dans l’article, je pense que n’importe quelle supporter comprendra que au mieux l’om jouera le ventre mou la saison prochaine,La question que je me pose c’est comment labrune va t-il pouvoir faire sa campagne d’abonnement ? cet fois ci y’aura plus l’argument « bielsa » ou « équipe tres competitif ».

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