Lettre écrite avec le sang du cœur à toi, joueur de l’Olympique de Marseille.

Car, sache-le, mon cœur saigne… et mes yeux aussi ! Journée après journée je vois mon club s’enfoncer toujours plus bas, au classement d’abord mais bizarrement c’est loin d’être le plus grave. Non, ce qui l’est bien plus c’est que le club s’enfonce lentement mais sûrement, en silence et sans remous, dans un marasme qui touche toutes les strates de l’institution.

Mais aujourd’hui on ne parlera pas des décideurs, des haut placés, des ronds de cuir, elle est où la caméra ? parce que nous en avons déjà bien trop parlé et que nous n’en attendons plus rien. Aujourd’hui nous parlons de toi qui portes si bien le short et les chaussettes sur le rectangle vert. Non, pas le maillot, ça on ne peut pas dire que tu le portes bien ! Car que tu le veuilles ou non (mais si tu es là c’est que tu le veux un peu), c’est toi qui es en première ligne, dans la tranchée, fusil à la main et qui te retrouves le premier dans le collimateur quand ça va mal. Alors je sais bien que cette année c’est peut-être un peu plus difficile, que le début de saison ça a été le Total Kheops… mais je pense que nous avons été largement assez patients jusque là.

« Mon enfant… »

Si je m’adresse à toi particulièrement c’est pour te demander plusieurs choses et t’en dire d’autres. D’abord, je voudrais te rappeler de jeter un coup d’œil à tous ces gars dont tu vois les jolis minois sur les murs avant d’entrer sur la pelouse, ça donne pas envie ? Je suis sûr que oui ! Allez, avoue que quand tu jouais sur les stabilisés boueux ou sur les « pelousés » parsemés de spigaous et de pissenlits tu te prenais pour eux… c’était trop bien pas vrai ? Mais s’ils sont là ce n’est pas pour rien, je te laisse réviser tes cours d’Histoire Olympienne et t’invite à en être digne, au moins par le comportement. Je sais très bien que tu n’as pas le niveau de tes glorieux aînés et je ne te demande pas de l’avoir, je te demande juste de jouer à TON niveau. Car je t’ai vu, tu choisis tes matchs petit canaillou, ne me fais pas croire que tu ne sais pas faire contre les « petits » ce que tu fais contre les gros, d’ailleurs personne n’est gros, peut-être un peu enveloppé.

« C'est en grandissant qu'on devient moins petit »

Ensuite, je vais te demander de grandir. Je suis certain que tu t’es bien enfilé des bols de soupe, les coudes bien tanqués dans la table (et sur ces putain de miettes de pain) pour faire pousser tes jambes, mais là je te demande de te faire un peu violence pour affronter les difficultés. Tel le petit garçon qu’on envoie acheter sa première baguette tout seul avec sa pièce de cinq francs en poche, tu penses ta tâche insurmontable. Oui, tu es tout seul, il n’y a personne pour te guider et te dire quoi faire, ou alors on t’explique tellement mal des choses simples que tu fais n’importe quoi, mais je suis sûr que tu sais les faire, alors prends-toi z’en main. C’est ton destin, et aussi celui de tes camarades, vous êtes plusieurs sur le terrain, et c’est mon prochain point.

« Ensemble, on est plus…ieurs »

Tu l’as sans doute remarqué, y’a d’autres gars qui ont les mêmes habits que toi. Et si tu étais une fille tu les traiterais de tous les noms, sans dec… mais t’es un gars, ouaip, un vrai ! Et tes copains sont là pour jouer avec toi, si si je te jure ! Alors maintenant que tu le sais, tu vas essayer de leur passer un peu le ballon, de faire des efforts pour rattraper leurs conneries, d’être solidaire, de montrer de la cohésion… ah si t’avais connu les joies du Service ! Mais bon, je sais pas si dans ta classe vous avez déjà appris la Philosophie (de jeu), l’harmonie, les systèmes, bref la culture (tactique). Je sais que vous en êtes aux problèmes pour l’instant mais ça viendra, apprends à faire simple avant de vouloir faire compliqué !

Voilà mon grand, je sais que j’ai oublié plein de choses, mais j’espère encore avoir le temps de te les dire. Tu sais, si je te crie dessus un peu fort des fois c’est parce que je veux que tu entendes, et que j’ai envie que tu fasses bien. Si je te punis, c’est pas parce que je t’aime pas, c’est pour pas que tu recommences… tu es de la famille, tu es le sang qui coule dans nos veines et qui fait battre nos cœurs !

Et au fait, va ranger ta chambre petit con !

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