La Compagnie noire : annales et la Dame

Le cycle de la Compagnie noire écrit par Glen Cook est une des séries les plus intéressantes de la fantasy. Les fans de fantasy étant un peu comme les fans de métal (et les collectionneurs de trucs bizarres ou les écologistes français), ils ont besoin de définir des sous-sous-styles d'une faction particulière. Il s'agit donc de Dark fantasy. Particulièrement atypique par ailleurs car racontée à la première personne, du point de vue du narrateur qui collige les faits et ses impressions.

Si vous aimez la fantasy, que vous n'avez pas besoin que le monde soit noir ou blanc, mais que vous appréciez aussi le gris, et que vous n'avez pas lu cette série, arrêtez tout de suite votre lecture de cet article et filez télécharger acheter les bouquins (ou les emprunter à la bibliothèque). Vous reviendrez finir votre lecture plus tard car ce qui suit "dévoile vraiment, mais alors vraiment, des éléments clés de l'intrigue" (en plus, cela fera 2 vues au lieu d'une et mon graal de 50 visites pourra alors être atteint).

Si par contre, vous ne comptez pas lire de la fantasy, ce sous-genre de littérature réservé à des geeks boutonneux, ou que vous trouvez que Blanche Neige est bien effrontée pour une princesse, ou enfin que vous avez déjà lu ces livres, cet article vous attend avec ses bras chaleureux.

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Ne nous mentons pas, les 100 ou 200 premières pages d'un cycle de fantasy sont souvent difficiles à lire, car il faut entrer dans le monde et dans l'ambiance, comprendre les personnages... Le cycle de la Compagnie noire n'échappe pas à ce problème, et il est facile de décrocher en lisant une histoire d'un groupe de mercenaires se faire attaquer puis enrôler par un personnage étrange, dans une ville neutre, alors qu'ils effectuaient une mission pour quelqu'un sans importance.

Mais comme souvent et comme le répète justement le MEDEF, ce sont les plus travailleurs qui sont récompensés, et pour ceux qui auront eu le courage de s'accrocher, c'est une histoire passionnante qui va se dérouler devant leurs yeux éberlués. Un monde très complexe, une relation de passion, terreur et manipulation entre Toubib (le conteur de l'histoire, docteur et rédacteur des annales de la Compagnie noire - non ce n'est pas un porno gay) et la Dame (figure maléfique qui dirige le Nord), et une guerre acharnée entre l'Empire et les rebelles, vont rythmer le premier volet de cette série.

Cette guerre est très bien racontée et tient en haleine le lecteur fébrile, jusqu'à son climax et l'improbable alliance entre l'Empire et les rebelles contre l'ex-mari de la Dame. Et c'est à ce moment-là, que le cycle devient vraiment une œuvre totalement à part dans le monde de la fantasy, car Toubib et la Dame (qui a perdu ses pouvoirs) décident alors vivre leur amour sans contrainte et partent de leur côté, bras dessus, bras dessous, avec ce qui reste de la Compagnie noire. C'est un peu comme si l'Empereur et Leïa finissaient en couple dans Star Wars ou Sauron et Frodon commençant une relation libre et assumée.

La Compagnie noire de Madame

La descente vers le Sud et le Khatovar, terre promise de la Compagnie noire, sera l'occasion de nouvelles aventures picaresques, mais c'est réellement lors de la guerre contre les maîtres des ombres, puis de l'exploration de la plaine scintillante, que le récit prend toute sa puissance. La Dame, devenue Madame, sa sœur maléfique Volesprit, sa fille devenue une réincarnation d'une déesse maudite, son mari Toubib devenu un général de légende, vivent alors de nombreux rebondissements, avant une fin plutôt réussie vue l'ambition de l'œuvre.

La Dame / Madame est pour moi le personnage le plus complexe et intéressant de la Fantasy, fascinante dans ses évolutions, et elle mériterait à elle seule de lire cette saga. Aucun manichéisme, peu de temps morts, des personnages très creusés, et un rythme constant. C'est un gros oui. Oui, la Compagnie noire est une des œuvres majeures de la fantasy, incontournable.

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