Lettre à Basile Boli : maintenant ça suffit !

Salut Basile,

Je me permets de t'appeler Basile et de te tutoyer parce qu'on a vécu tellement de choses ensemble, des choses qui marquent une vie, surtout à un âge où on est tellement impressionnable. Bon, en effet, il est plus que probable que tu ne me connaisses pas, et que notre relation a eu tendance à être un peu à sens unique, un peu à l'image d'un stalker et de sa victime. Enfin, passons.

Je serai pour toujours reconnaissant au joueur Boli de sa réaction à Bari, de son but contre Milan et de son but contre le PSG. Et en fait, je ne sais même pas si je n'ai pas encore été plus marqué par tes larmes à Bari. J'avais 13 ans, j'étais désespéré et particulièrement touché de voir un joueur partager ma détresse.

La suite de ta carrière reste totalement anecdotique pour moi. Et du coup, ton aura est restée intacte, un peu comme un super héros de mon enfance, jusqu'à un sombre jour de novembre 2003, à l'occasion de l’affiche OM-Real.

Tout excité par mon premier match de LDC au Vél depuis plusieurs années, je descendais de Paris dans le TGV Med, juste à la sortie du boulot. Un peu assoiffé, je décide alors de me préparer pour la soirée en allant dans la voiture bar. Et c'est alors que je te vois, Basile, en train de discuter avec Rocheteau et un vieux type (que je ne connais pas) en buvant du café. Je ne suis plus un gamin, j'ai 25 ans, mais je te regarde quand même avec des étoiles dans les yeux. Je n'ose pas te parler, te dire merci pour tout, mais je laisse traîner une oreille pour écouter vos échanges. Voici un petit verbatim de ce que j'ai alors entendu.

Vieux à Boli : Alors Basile, ça doit être particulier pour toi de retourner au Vélodrome ?
Boli : oui oui c'est un stade magique bla bla bla
(quelques minutes après, je ne me souviens plus comment le sujet arrive sur le tapis)
Boli : Oui, en plus mes fils sont supporters à fond du PSG !
(éclats de rire de tout le monde)
Rocheteau : Et toi, Basile, supporter de l'OM ?
Boli : Ouais, tu sais j'ai joué dans tellement de clubs, alors si je devais être supporter de chacun d'eux. À la limite s'il y en a un de particulier pour moi, ce serait Auxerre où j'ai été formé.

Mon sang s'est glacé, littéralement glacé. C'est comme si je venais d'apprendre à 6 ans que le Père Noël n'existait pas ou qu'il y avait un mec dans Casimir. Hagard, je suis retourné à ma place et j'ai pensé à autre chose. Mais depuis, je ne peux m'empêcher de repenser à cette conversation à chaque fois que je te vois. Mais objectivement, le coupable c'est plutôt moi, de t'avoir idéalisé, d'avoir cru que tu avais l'amour du club.

Les années ont passé, on a plus parlé de toi pour des raisons judiciaires que sportives, mais mon amour ayant disparu, cela ne provoquait qu'une certaine indifférence, un peu comme quand j'ai eu des nouvelles de Jean-Christophe Thomas.

À vrai dire, je t'ai même défendu sur Twitter (preuve que je ne suis pas SI rancunier) quand plusieurs sites et twittos ont remonté tes déclarations anti-Labrune, datant de l'époque où la soupe était moins bonne. Je t'ai trouvé peu juste dans tes déclarations depuis que tu es "ambassadeur de l'OM", ayant tendance à surjouer ton personnage d'idole du club de son cœur (et malheureusement je sais à quel point c'est un rôle de composition), mais je n'ai pas relevé. Tu es un être humain en fait (je l'ai finalement compris) et tu as besoin de gagner ta vie. Je comprends et je respecte.

Mais Basile, tes déclarations sur Bielsa m'ont définitivement fait basculer de l'autre côté. Tu sais, on peut être loyal à son employeur sans être servile, on peut défendre ses collègues sans salir d'autres personnes. La mesquinerie ne grandit pas celui qui la commet.

Donc je t'en prie Basile, s'il te reste un peu d'honneur et d'intégrité, reprends toi et sois digne. Sois digne et sois digne de l'admiration que te porte encore une partie importante des supporters de l'OM.