Comment expliquer l'amour que l'on porte à un club de foot ?

Comment expliquer à une personne qui n’aime pas le sport, qui n’aime pas le foot ou qui ne supporte aucune équipe le fait qu’on puisse aimer à en mourir un club de football ?

Cette question me perturbe depuis pas mal de temps, depuis que je tente d’expliquer à mes amis de la faculté, à mes collègues de travail ou à ma famille à quel point j’aime l’Olympique de Marseille. Comme des millions de personnes, j’aime un club d’un amour qu’il est difficile d’expliquer, d’un amour qu’il est presque impossible de comparer avec un autre, d’un amour qui est pour la plupart du temps incompris par la personne à qui je le décris.

L’OM m’a apporté des centaines de joies indescriptibles, souvent de la peine qu’il est compliqué de cacher et quelques fois des crises d’énervement que seul lui peut me faire ressentir. Ces sentiments, je peux les raconter et dire qu’ils me rendent heureux ou triste. Mais je suis incapable d’évaluer à quel point ils sont si différents d’un autre amour, je suis incapable de dire pourquoi l’amour de l’OM peut me mettre dans une rage folle moi qui suis souvent détaché, par exemple dans mes relations amicales. Si un ami me trahi, ma réaction sera de couper les ponts et de le sortir totalement de ma vie. Simplement, sans grosses engueulades, sans tensions extrêmes et surtout sans que cela engendre chez moi un sentiment de colère. À l’inverse, concernant mon club, la situation est diamétralement opposée. Premièrement, il m’est impossible de renier l’OM ou de le laisser de côté, j’ai déjà essayé de m’en détacher c’est impossible. Deuxièmement, quand ce club me trahit, cela m’angoisse, cela me préoccupe et parfois cela m’entraine dans une colère importante. Pourtant je ressens un amour très fort pour mes amis, mais alors pourquoi je réagis de manière plus démonstrative quand l’OM entre en jeu ? Pourquoi à la vue de cette comparaison cela semble si disproportionné en faveur de l’OM alors que mes amis sont également totalement indispensables à ma vie ?

J’aime ma mère, j’aime mon père, j’aime ma petite amie, j’aime ma sœur, j’aime ma famille mais ces amours ne sont pas identiques à celui que je porte à l’OM. Evidemment les premiers cités passent avant mon club mais l’amour est différent et je suis dans l’incapacité de l’expliquer clairement. Plutôt, je n’arrive pas à l’expliquer aux gens qui n’éprouvent pas cet amour ou même à des personnes qui l’éprouvent d’une manière bien moins forte et puissante. En fait, j’éprouve des difficultés à mettre des mots clairs et précis sur la teneur réelle de cet amour et pour décrire ce qu’il représente vraiment. Aimer une personne c’est facile et très compréhensible, cela arrive à -presque- tout le monde sur cette planète, cela fait partie de la vie donc il est inutile de mettre des mots pour décrire ce sentiment. Mais aimer un club, ça a quelle valeur par rapport à l’amour que l’on porte à une personne ? Ça a quelle valeur par rapport à l’amour que l’on porte à sa famille ? Ça à quelle valeur par rapport à l’amour que l’on porte à un animal de compagnie ?

Je peux admettre aisément que l’on ne comprenne ou que l’on ne ressente pas le même amour pour une « simple » entité sportive. On ne peut pas dire ce qu’on a jamais entendu rappait Shurik’n à propos de l’amour, c’est d’une justesse implacable. Comment dire je t’aime, comment ressentir le besoin de dire je t’aime quand on ne l’a jamais entendu ? Comment comprendre qu’une personne puisse autant aimer une équipe de football alors que l’on ne saisit pas qu’il puisse y avoir une once de beauté dans ce sport que l’on considère comme un divertissement ? Être au stade m’apporte un bonheur que seuls les amoureux passionnels de ce sport peuvent comprendre, mais comment l’expliquer aux autres ? Comment leur faire comprendre qu’un match en virage à passer son temps à soutenir son équipe c’est l’une des plus belles choses qu’on puisse vivre ? Je réponds souvent qu’il faut le vivre pour le ressentir, mais pour le ressentir de la même façon que nous, il faudrait qu’ils puissent comme nous aimer un club du plus profond de leur cœur.

- Toute ma vie je me souviendrais de cette finale de Coupe de France perdue contre le PSG, j’étais au Stade de France dans le virage marseillais, j’ai observé la remise de la coupe, le regard dans le vide, sonné, désemparé... Je ne sais pas si tu peux imaginer la peine que j’ai ressentie ce soir là.

- Ça va Lino il n’y a pas mort d’homme ce n’est qu’un match de foot...

- Non ce n’est pas qu’un matc... Laisse tomber.

Au final, je crois simplement qu’il n’existe aucune comparaison possible dans nos différents amours et que chacun aura sa propre explication. Surtout je pense qu'il est quasiment impossible de trouver une définition rationnelle de cet amour envers un club de foot tant il varie selon les personnes. Un jockey va aimer son cheval d’une manière différente d’un supporter qui va aimer son club. Chacun d’eux n’arrivera peut-être pas à comprendre l’amour de l’autre mais ils s’entendront sur le fait que c’est amour est magnifique et qu’il leur est indispensable.

J’aime l’Olympique de Marseille d’un amour que je ne sais toujours pas expliquer même après ces quelques lignes. Mais ce que je sais par contre expliquer c’est que cet amour me suivra jusqu’à ma mort.

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