FINANCES DE L'OM | Malgré Bielsa et les ventes, 22 millions de pertes pour 2014-2015 !!!

OMFORUM DÉCRYPTE | L'analyse des résultats de l'OM, à partir des comptes détaillés publiés au greffe, et des rapports de la DNCG, permet de constater que le club marseillais a connu des années très contrastées. Nous allons vous proposer une analyse et un bilan financier de ces différents résultats, en découpant les années selon les présidents en fonction. Cette série est consacrée aux années Labrune, le règne de l'austérité.



La saison 2014-2015 s'annonce comme celle du retour des ambitions avec le nouveau stade qui est enfin livré, un entraineur charismatique qui permet à l'équipe de jouer extrêmement bien, tout en attirant les foules dans le stade. Si on ajoute à cela, des transferts plutôt raisonnables pendant l'été et plusieurs ventes majeures, tous les supporters se sont attendus (et nous les premiers) à une saison très lucrative pour l'actionnaire.

Et pourtant, c'est tout le contraire qui s'est produit, l'OM connaissant même un déficit d'exploitation record, de 55 millions avant les ventes, ce qui a obligé le club à vendre dans l'urgence Imbula et Payet, et à l'actionnaire à remettre 20 millions sous forme d'abandon de créance.

Essayons de décrypter ce qui s'est produit.

Une explosion de la masse salariale

Pour rappel, les défis étaient grands à l'orée de la saison 2014-2015, avec la nécessité de composer avec les promesses faites à Bielsa quant au recrutement (une enveloppe de 35 M€, grâce notamment aux ventes des plus gros salaires de l'équipe), tout en produisant un budget équilibré, sachant que la taxe à 75% allait avoir cette saison-là un dernier impact de 2,5 millions d'euros, payable en mai 2015.

L'effectif de l'OM a connu moins de bouleversements que prévu l'été dernier avec 11 départs (Amalfitano, J. Ayew, Bracigliano, Cheyrou, Diawara, Kadir, Khlifa, Mendes, Raspentino, Sougou, Valbuena) pour 4 arrivées (Alessandrini, Batshuayi, Barrada, Doria). Nous avions évalué à partir des éléments à notre disposition que cela représentait une baisse de 14% de la masse salariale. C'est au contraire un bond important qui a été constaté avec une masse salariale chargée qui remonte au niveau de 2010 en atteignant 91 millions d'euros, soit une augmentation de 11,5 millions d'euros.

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Le rapport des comptes explique cette augmentation par le nouveau staff et les arrivées de nouveaux joueurs. Même si on suppose un impact d'environ 6 millions d'euros additionnels pour Bielsa et son staff, le compte est loin d'être bon. La seule hypothèse pouvant être admissible serait celle de primes importantes versées aux joueurs, et on repense alors à l'article de France Football qui parlait de primes à la signature supérieures à 3 millions d'euros (chacune !) consenties à Barrada, Michy, Dória et Alessandrini pour permettre de maintenir des salaires accessibles et faciliter leur revente éventuelle. On repense également à Amalfitano et Cheyrou qui ont dû bien monnayer leur dernière année de contrat.

Les dotations liées aux transferts connaissent également une forte croissance, en passant de 16 à 21 millions d'euros, en raison des achats effectués (les ventes ne concernant que des joueurs n'ayant rien coûté, ou presque, au club). Cela représente une croissance supérieure à 30% pour ce poste.

Les charges externes ont également augmenté de 7 millions d'euros. Cette augmentation est essentiellement imputable à l'augmentation du loyer du stade qui fait passer les frais d'organisation de matchs de 5 à 9 millions d'euros, à une augmentation des honoraires et commissions de 1,5 millions d'euros probablement liée aux frais d'agents et à une incompréhensible augmentation de 1,3 millions d'euros des frais de déplacement, alors que le club n'a pas disputé de compétition internationale et s'est fait sortir au premier tour des deux coupes nationales.

Cet impact est un peu atténué par son regroupement à l'intérieur du gros poste autres charges.

Le montant total des charges d'exploitation s'élève donc à 162 millions d'euros, soit une croissance incroyable de 20 millions d'euros par rapport à la saison précédente.

Des produits d'exploitation en forte baisse

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Le nouveau stade et les importants taux de remplissage liés à l'engouement autour de Bielsa ont permis de générer d'importants revenus additionnels. Les deux postes de revenus liés au nouveau stade ont connu une forte augmentation, soit la billetterie (+4M d'euros) et partenariat-sponsors (+7,5M d'euros). Ce dernier poste inclut notamment une part non négligeable des loges.

Par contre, ils ont logiquement été très loin de compenser la non-participation à la LDC, avec une baisse terrible des droits TV, qui passent de 78 millions à 45 millions d'euros.

Les autres revenus étant relativement stables, on constate donc une diminution importante des produits d'exploitation, qui baissent donc de 22 millions d'euros pour atteindre un total de 107 millions d'euros.

Le calcul est donc rapide, le déficit d'exploitation s'est donc creusé de 42 millions d'euros pour atteindre un montant ahurissant de 55 millions d'euros pour la saison 2014-2015.

Un club sauvé par les transferts...

Heureusement pour l'OM et son actionnaire principal, cette saison a aussi été marquée par des ventes record, avec 7 transferts qui auront rapporté au net, 35 millions d'euros.

En effet, les départs en début de saison de Jordan Ayew pour 4 millions d'euros, Valbuena pour 7 millions d'euros, d'Amalfitano pour rien et de Mendes pour 4 millions, et à la fin de la saison de Kadir, Payet pour 14 millions et Imbula pour 20 millions auront permis de faire rentrer 49 millions d'euros dans les caisses, qui lorsque sont déduits les 11 millions d'euros de valeur comptable nette, et les 3 millions d'intéressement reversés à Guingamp sur le transfert d'Imbula laissent donc un résultat positif et salvateur de 35 millions d'euros.

Malgré ces transferts records, le résultat net est donc déficitaire d'environ 20 millions d'euros.

...et par son actionnaire

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Une nouvelle fois depuis sa prise en charge du club, MLD a été obligée d'injecter de nouveau de l'argent sous la forme d'un abandon de créance de 20 millions d'euros. Cet abandon de créance s'est fait en deux étapes, tout d'abord en renonçant au prêt de 18 millions d'euros sur compte courant qui restait à rembourser, et en diminuant le prêt lié à la Commanderie, de 2 millions d'euros.

Si on ajoute les éléments financiers et plusieurs charges exceptionnelles, il reste encore un déficit final qui crée un déficit final de 2,5 millions d'euros. Ce déficit a été porté au compte Report à nouveau, qui atteint désormais un montant négatif de presque 40 millions d'euros, qu'il va falloir payer avant d'activer les clauses de retour à meilleure fortune.

 

En conclusion, si ces résultats nous ont laissé en état de choc, ils permettent d'expliquer pourquoi l'OM a eu du mal à effectuer ses paiements l'été dernier, pourquoi le club a vendu dans la panique totale Payet et Imbula, et une bonne partie de la stratégie du mercato dernier, celle d'un club aux abois. Contrairement à ce que tout le monde supposait, nous les premiers, MLD ne s'est absolument pas remboursée, elle a au contraire de nouveau dû remettre au pot.

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12 comments

  1. Latche 15 décembre, 2015 at 15:07

    Mon dieu, quelle raclée financière!!
    En gros la direction tablait fortement sur une qualif en C1 pour pouvoir rendre des comptes potables, hélas cette stratégie s’avère suicidaire!

    Urbain comme toi je suis choqué!^^

  2. Pict'OM86 13 décembre, 2015 at 04:09

    On ne te le dira jamais assez Urba mais merci beaucoup. On a vraiment de la chance de t’avoir. Tu nous expliques beaucoup de choses. :-).
    C’est juste triste que ce soit toi qui nous l’explique tandis que la direction nous prend ouvertement pour des imbéciles :s

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