FINANCES DE L'OM | De 2002 à 2009, la fin de la gabegie et le remboursement de RLD

OMFORUM DÉCRYPTE | L'analyse des résultats de l'OM, à partir des comptes détaillés publiés au greffe, et des rapports de la DNCG, permet de constater que le club marseillais a connu des années très contrastées. Nous vous avons proposé une analyse et un bilan financier de ces différents résultats, en découpant les années selon les présidents en fonction. Voici une série d'articles analysant et identifiant les apports de la famille Louis-Dreyfus à l'OM depuis 1996, pour que la vérité soit établie une fois pour toute.



Quand l'ancien journaliste Christophe Bouchet est nommé PDG d'Eric Soccer en avril 2002, il sait que le chantier qui l'attend comme président de l'OM est gigantesque, en raison de plusieurs saisons catastrophiques financièrement et sportivement.

Un redressement qui prendra plusieurs années

La saison 2002-2003 est celle du grand chantier, avec le départ de nombreux joueurs surpayés issus de la période Tapie 2.

Le club arrive finalement à terminer sur le podium avec une équipe très médiocre. Financièrement, le budget est encore déficitaire, malgré les efforts très importants de rationalisation des coûts et l'augmentation des revenus et RLD doit à nouveau mettre au pot 9 millions d'euros sous forme d'abandon de créance pour équilibrer le budget.

Le budget 2003-2004 est construit sans qualification en LDC, étant donné que l'OM devait passer par un tour préliminaire.
Grâce à la qualification en LDC et au fait que les charges restent contrôlées, l'OM dégage un bénéfice d'exploitation de 13 millions d'euros, qui sera totalement utilisé par des charges exceptionnelles (dont 6 millions pour tenir compte de la baisse de valeur de joueurs sous contrat).

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Arrivé comme manager sportif de l'OM en juin 2004, Pape Diouf, l'ancien agent de joueurs devient le nouveau président de l'OM en janvier 2005, suite au départ de Christophe Bouchet et à l'audit effectué par Louis Acariès. A la lutte pour le titre pendant plusieurs semaines, sous la houlette de Philippe Troussier, le club craque complètement avec une série de 9 matchs sans victoire et termine la saison 2004-2005 à la 5ème place. Le club boucle l'année avec un déficit d'exploitation avoisinant 30 millions d'euros.

Les transferts effectués à l'intersaison de Drogba, Mido et Van Buyten permettent de faire entrer plus de 50 millions d'euros dans les comptes, ramenés à 27,5 millions suite à la déduction de la valeur nette comptable. Le chiffre incroyable de 7 millions d'euros pour indemnités de licenciements et de résiliation de contrat (Tuzzio, Runje, entre autres) explique une importante partie des charges qui ramènent le revenu exceptionnel à 18 millions d'euros. RLD effectue également un abandon de créance à hauteur d'un million d'euros.
L'OM finit donc la saison avec un déficit de 10 millions d'euros. Contrairement à la croyance populaire, la vente de Drogba n'a donc pas servi à rembourser RLD.

La saison 2005-2006 ressemble beaucoup à la précédente, avec un OM qui termine 5ème pour la deuxième année consécutive, cette fois-ci en étant entraîné par Jean Fernandez.
Le résultat d'exploitation passe donc d'un déficit de 31 millions à un déficit de 8 millions. RLD procède alors à un nouvel abandon de créance de 12,5 millions d'euros, pour équilibrer le budget et renflouer le capital social du club.

Les années de remboursement de l'actionnaire

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Lorsque la saison 2006-2007, malgré un départ catastrophique, l'extraordinaire deuxième partie de saison permet une qualification directe en LDC pour la première fois depuis 1998.

Néanmoins, malgré ces excellents résultats, la forte augmentation de la masse salariale, notamment en raison des primes liées à la deuxième place, a comme impact de créer un déficit d'exploitation de 8 millions d'euros.
La vente de Ribéry au Bayern à la fin de la saison permet de dégager un bénéfice de 22 millions d'euros. Il reste donc un résultat final positif de 14 millions d'euros, qui sera utilisé pour épurer les déficits des années précédentes, générer un fond de roulement additionnel et une augmentation de capital de 4,4 millions d'euros pour l'année suivante.

En ce qui concerne la saison 2007-2008, la campagne européenne est positive, même si le club finit 3ème de sa poule en LDC et la troisième place arrachée miraculeusement permet à l'OM de faire, pour la première fois de l'ère RLD, un résultat d'exploitation positif, à hauteur de 12,4 millions d'euros. Ce résultat positif active alors pour la première fois la clause de retour à meilleure fortune, et RLD se rembourse donc pour 12,1 millions d'euros. La trésorerie disponible du club s'élève à 25 millions d'euros.

En termes de gouvernance, cette saison est marquée par deux changements majeurs. Le remplacement de de la Brosse par Antoine Veyrat à la direction générale du club, et l'arrivée de Vincent Labrune en Janvier comme président du conseil de surveillance de l'OM. Lors de la fin de la saison, RLD demande de réduire absolument la masse salariale avec un dégraissage majeur de l'effectif, et exige les ventes de Nasri et Cissé.

Malgré la vente de Nasri à Arsenal et suite aux deux premiers matchs de Cissé sur le banc, RLD exige le départ du plus gros salaire de l'effectif, mais la masse salariale poursuit son augmentation avec les recrutements de Hilton, Koné et Ben Arfa, et atteint désormais 73 millions d'euros.
L'OM se qualifie heureusement pour les poules de Ligue des Champions en passant le tour préliminaire contre Brann Bergen.

La saison est une nouvelle fois particulièrement chaotique en coulisses, marquée par le psychodrame RLD/Diouf/Gerets qui aboutit au départ du lion de Rekem pour le Golfe et surtout par les conflits de gouvernance entre Vincent Labrune et Pape Diouf. Mécontent de voir que Diouf ne tient pas compte de ses exigences, RLD nomme Labrune président d'Eric Soccer en plus de ses fonctions de président du comité de surveillance. Diouf continuera à se braquer et ne survivra pas à ce conflit en étant remercié par un RLD pratiquement sur son lit de mort.

Sportivement, et malgré tous ces écueils, l'OM échoue de très peu dans sa quête du titre en terminant à trois points d'un Bordeaux qui gagne ses 11 derniers matchs, porté par un Gourcuff stratosphérique.
L'OM a pris des risques pour cette saison 2008-2009 en budgetant visiblement une deuxième place en championnat afin de pouvoir investir en transferts. Heureusement, le classement final est compatible avec celui qui avait été budgeté et l'OM réussit à équilibrer presque parfaitement son budget. La qualification pour la phase de poules de LDC permet de dégager un bénéfice égal aux ventes effectuées durant l'exercice, notamment celle de Nasri et de 4 autres joueurs portant les revenus nets à 13 millions d'euros. Cela permet à nouveau à Eric Soccer de ponctionner pour RLD 13,1 millions d'euros.

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Cette saison est surtout marquée, du point de vue de l'actionnaire, par le décès de RLD en juin 2009, qui laisse donc la propriété du club à son épouse Margarita Louis-Dreyfus.

Cette seconde partie de l'ère RLD aura donc été marquée par le recours à un nouveau mode de financement de l'OM. Terminés les apports en capitaux, depuis 2001, RLD finance les déficits en effectuant uniquement des abandons de créance avec clause de retour à meilleure fortune. Ce mécanisme lui aura permis de récupérer 25 des 53 millions d'euros qu'il a prêté à l'OM depuis 2001, et sur cette période son bilan est même positif puisqu'il se sera remboursé au final 12 millions d'euros.

En dehors de ces abandons de créances, le club est en très bonne santé financière, avec des capitaux propres de 26 millions d'euros.

 

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2 comments

  1. Professeur Urbain 2 décembre, 2015 at 12:37

    Merci ! Je vais corriger.

    Pour ton deuxième point, le montant du transfert est amorti sur les années de contrat. Si en cours de route, on se rend compte que les joueurs valent finalement beaucoup moins que ce qu’on les a payé, pour garder un véritable portrait des actifs, on peut procéder à un artifice comptable en diminuant leur valeur dans les comptes. C’est ce qui s’est passé.

    Ce sera fait dans le dernier article de la série, de manière qualitative par contre.

  2. Latche 2 décembre, 2015 at 10:32

    Toujours un régal de lire ce dossier!
    Petite rectification, Bordeaux en 2008-2009 c’est 11 victoires de rang, pas 14.

    Ps: Professeur Urbain, qu’entends tu par « 6 millions pour tenir compte de la baisse de valeur de joueurs sous contrat »?

    Ps2: Y’aurait-il possibilité de faire un article mettant en perspective l’investissement des LD et l’argent qu’ils ont récupéré grâce au support publicitaire que représente le club (avec direct énergie et neuf par exemple)?

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