PNL parle le marseillais

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J'vous ai pas encore parlé de PNL, ovni du rap français que j'ai découvert en mars de cette année et que j'ai écouté au moins 1 fois tous les jours depuis (si si je vous jure). Le groupe a sorti un album le 30 octobre (Le Monde Chico) et je vous le dis tout de suite, je considère cet album comme étant un véritable bijou. Mais si j'écris cet article ce n'est pas pour en faire la chronique mais simplement parce que durant l'une de mes innombrables écoutes, j'ai pensé très souvent à l'OM lorsque les morceaux s'enchainaient… À chaque fois, instinctivement, une référence à mon club de coeur faisait surface comme si au fond, le rap de PNL était écrit pour nous, supporter marseillais. La preuve.

 

Les larmes de la misère ont l'goût de ma haine
À bout de souffle, ma haine me redonne de l'oxygène

La haine. L'essence même du supporter marseillais chez qui il va trouver du réconfort pour oublier les déboires de son club chéri. Il y a des années où l'OM ne nous fait pas rêver, alors on se réfugie dans les défaites des ennemis, comme un alcoolique noierait sa peine avec des fonds de bouteille. On se réfugie également dans la haine de la direction, dans la haine d'Anigo… Cela nous permet au moins de nous redonner espoir.

 

J'me défonce pour me rappeler
J'me défonce pour oublier
Salut, salut, j'me défonce dans l'obscurité
Parce qu'on aime voir l'ombre briller

On s'défonce pour se rappeler Bielsa, pour se rappeler Lucho, pour se rappeler Cana, pour se rappeler Ravanelli, pour se rappeler Basile Boli. Bref, pour se rappeler le bon temps. Mais on s'défonce pour oublier ce club instable, pour oublier les malheurs actuels, pour oublier Fiorèse, pour oublier Anigo, pour oublier Carquefou. Bref, pour oublier ce dont on n'a plus envie de se rappeler.

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Pas changé, toujours pas d'amis
Ceux qui manquent sont déjà partis

Ils sont nombreux à manquer et à être partis, des entraîneurs comme Marcelo ou Raymond, des joueurs comme Lorik ou Mamadou et des supporters comme Depé.

 

Élevé par un bandit, ouais, papa apprends-moi à tuer
Écoute le cri de Mowgli, ouais, la hess m'a appris à muer 

Le bandit chez nous, il s'appelle Bernard Tapie et il nous a élevé à la gagne, il nous a apporté la sensation de toute puissance et le bonheur que cela engendre. Mais après cette merveilleuse époque est venu le temps de la hess, le temps de la crise qui nous a fait grandir pour passer du rêve à la réalité. Et cette réalité est difficile à voir.

 

Chaque jour c'dans c’monde de putes que j’vis
Chaque jour j’rêve qu’c’est sur la Lune qu’j’me tire

Ce monde de putes est ici caractérisé par le board marseillais, de Vincent Labrune à Margarita en passant par Igor Levin. Chaque jour on rêve de les voir partir, on rêve de partir le plus loin possible pour ne plus les voir mais comme les hyènes face à une carcasse, ces bêtes ne partent jamais sans avoir tout consommé.

 

Y’a rien à voir et ma rétine se tourne les pouces
Donc j’ferme les yeux, et l’obscurité j’épouse

Viens au Vélodrome voir un match de l'OM de Michel et tu vas comprendre pourquoi il n'y a rien à voir et pourquoi on s'ennuie. Et encore ce n'est rien à côté de ce qu'on a vu dans un -pas si- lointain passé où il valait clairement mieux fermer les yeux parce que l'obscurité était bien plus belle à voir que la noirceur du rectangle vert.

 

Je suis pas Madame Soleil, l'avenir est dark
Igo, les miens ont faim, j'tape pas des barres

Nul besoin d'être devin, l'avenir est sombre à Marseille, l'avenir pue vraiment la merde pour être vulgaire. Mais le problème chez nous c'est qu'on a très faim, surement trop faim mais on est comme ça on en demande beaucoup… Et forcément quand ça va mal, on a pas trop envie de rigoler.

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Tu m’dis qu’tu m’aimes
Pour le buzz t’fous pas d’ma gueule

Celle-ci elle est pour Vincent et Margarita qui nous bassinent depuis des années qu'ils aiment le club alors qu'on sait pertinemment qu'ils sont là par opportunisme. Evidemment ils se foutent bien de la gueule du supporter marseillais qu'ils arrivent encore à embobiner en lui faisant croire au projet Bayern, au projet Dortmund ou au projet Porto.

 

J’ai moins peur d’être pauvre
Que d’finir riche seul

Se faire racheter oui, se faire racheter pour jouer la Ligue 1 tout seul sans adversité et perdre toutes valeurs, supporters et ambiance, non merci. Alors autant rester ""pauvre"" et ne rien gagner, on aura au moins le sentiment de rester dignes.

 

Donc toi viens pas m'dire que j'fais la gueule pour rien
J'oublie pas qu'c'est : un jour t'as tout, demain t'as plus rien

L'histoire marseillaise s'est bâtie sur ce schéma : t'as tout puis t'as plus rien. 1993 t'as tout, 1994 t'as plus rien. 2010 t'as tout, 2013 t'as plus rien. 2014 t'as presque tout, 2015 t'as plus rien. Alors ne venez pas nous faire chier en disant qu'on se plaint tout le temps parce que cette situation là, même à mon pire ennemi je ne la souhaite pas.

 

Ouais on est pas comme eux
Pas comme eux
Pas comme eux

Non, on est pas comme eux. Pas comme Labrune, pas comme MLD, pas comme tous ces opportunistes incapables de construire quelque chose de durable pour l'OM. Définitivement, nous, simples amoureux de ce club, nous ne sommes pas comme eux.

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Igo j’ai la dalle, et ma haine m’ouvre l’appétit
On a grandi à poil avec le M sur la tétine

On a faim, on en veut toujours plus : "Dans la France, l'OM ; Dans l'Europe, l'OM ; Dans le monde, l'OM ; Allez les marseillais" ; dès le début de saison ce chant est lancé comme un cri du coeur. Les ambitions sont grandes, partout, malgré notre désamour de la direction on y croit toujours. À jamais. Quoi de plus logique, on est né et on a grandi avec un M dans le coeur, un M qui évoque l'amour, un M qui nous suivra jusqu'à la mort.

 

J'sais pas c'qu'on sera dans 10 ans

À Marseille, on est très loin de le savoir. C'était ma conclusion.

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