Rolando, vraiment une imposture ?

BILLET | Rolando concentre sur sa personne un grand nombre des frustrations des supporters de l'OM, en ce début de saison catastrophique. Le Professeur Urbain le défend.

Identifié comme un cadeau de l'OM à Doyen Sports, chacune des apparitions de Rolando sous le maillot de l'OM fait l'objet de moqueries et de lazzis. Je citerais pour illustrer un supporter/auteur/compositeur de grand talent (avec qui je suis habituellement d'accord) :

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"C'est le pire défenseur que j'ai vu jouer pour l'OM"

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Je suis sûr que si on était à Privas, Ardèche ou à Salem, Massachussets, il y a 300 ans, on aurait brûlé Rolando sur un bûcher pour le punir d'avoir provoqué des inondations à Nice et sa banlieue. Essayons de comprendre s'il faut remettre en fonction ces bons vieux bûchers ou si le supporter de l'OM moyen est un peu, un tout petit peu dans l'outrance (ce qui serait bien la première fois).

C'est qui ce Rolando ?

Rolando n'est pas un inconnu, sans référence, ni même un éternel remplaçant latéral gauche qui n'a jamais rien prouvé ou presque. Défenseur central axe droit de 30 ans, le solide international portugais (19 sélections) d'origine cap-verdienne, se caractérise par un jeu dur mais efficace. Puissant et rapide (quand il est en forme), c'est également un excellent joueur de tête qui marque de nombreux buts sur coups de pied arrêtés, un stoppeur à l'ancienne quoi.

Après deux ans de très haut niveau sous le maillot du FC Porto, sa carrière est devenue un symbole des dérives du marché actuel des transferts. Joueur plus côté que Hulk à l'époque, Porto flaire le bon coup et lui fait signer une clause libératoire de 30 millions d'euros, en attendant qu'un gros club aligne le cash. Problème, 30 millions d'euros c'était un chouïa trop, et personne ne se presse au comptoir pour lever l'option. Et en 2012, alors que la saison précédente Liverpool et Manchester United se battaient pour le faire signer, frustré par ses non-départs, il rentre en conflit pour obtenir son transfert. C'est le début de la fin pour lui à Porto car Pinto da Costa ne tolère pas l'insubordination.

Le plus haut fait d'armes de Rolando à Porto restera sa saison 2010-2011 et notamment la campagne de l'UEFA 2011 que Porto a gagné, réalisant un quadruplé hallucinant, quand le capverdien d'origine était un des meilleurs joueurs d'une équipe qui alignait Otamendi, James, Moutinho, Falcao, Hulk, entre autres (Guarin, Fernando, Pereira, Belluschi...)

Par la suite, après une première saison blanche, il a été prêté en Italie pour gagner de l'exposition, d'abord à Naples (expérience plutôt ratée) puis à l'Inter lors de la saison 2013-2014 (très bonne saison et le club milanais aurait aimé le garder). Malheureusement pour lui et alors qu'il faisant d'un retour en Italie sa priorité, l'Inter a proposé seulement 3,5 millions d'euros alors que Porto en demandait 5. Il est resté à quai et a refusé de prolonger son contrat. Il a donc été finalement blacklisté, n'a pas joué un seul match, et a été prêté contre son gré le dernier jour du mercato d'hiver à Anderlecht, contre des options prioritaires de recrutement pour Praet et Tielemans. Arrivé blessé et très peu motivé, son prêt sera un échec total et Anderlecht ne lèvera pas l'option de 4 millions associée au prêt payant de 500 000 euros.

Mais alors pourquoi est-il la tête de turc ?

Trois raisons majeures à ce sentiment de frustration qui habite les supporters marseillais et qui expliquent pourquoi le capverdien d'origine est devenu la tête de turc de tout le monde : le timing de son recrutement, Doyen et son état de forme.

Le timing de son recrutement a été abominable. Alors que tout le monde attendait désespérément un attaquant remplaçant et que les supporters marseillais étaient plongés dans une profonde perplexité devant la frénésie de Labrune, aux manettes d'une partie de Football manager IRL, l'arrivée le dernier jour du mercato d'un joueur placardisé à Porto a eu un goût amer. De plus, cette arrivée venait barrer la route au minot Sparagna, si prometteur pendant la préparation.

Deuxième élément majeur de rejet, l'arrivée du joueur a été assimilée à un cadeau effectué à Doyen Sports, aux dépends de l'intérêt de l'OM. Cette théorie ne semble pas la plus probable tant on a du mal à comprendre l'intérêt pour Doyen de placer à l'OM, gratuitement ou presque, un joueur de plus de 30 ans, qui ne rapportera très certainement plus aucune commission de transfert. Non, c'est peut-être douloureux à entendre mais c'est Doyen qui a fait un cadeau à l'OM en lui trouvant en urgence un défenseur central à peu de frais pour compenser le prêt de Dória à Grenade.

Dernier point qui joue contre lui, son état de forme. Faisant suite à une saison presque blanche l'année dernière, son arrivée lors des dernières minutes du mercato, sans avoir suivi de préparation et à un poste très spécifique qui nécessite beaucoup d'automatismes, laissait fortement supposer qu'il lui faudrait a minima deux ou trois mois avant d'être compétitif. C'est effectivement ce qui se produit et ses prestations actuelles sont au mieux médiocres.

Finalement, bonne affaire ou non ? 

Probablement détenteur d'un salaire de 80 000 à 100 000 euros par mois (il touchait 50 000 euros par mois à Porto), l'OM a semble-t-il payé 1,5 million d'euros pour racheter sa dernière année de contrat. Il s'agit donc d'une opération très peu coûteuse pour l'OM, qui était à la recherche d'un défenseur central d'expérience pour accompagner Rekik et NKoulou, à la demande de Michel.

Rolando a gâché sa carrière en entrant en affrontement avec Pinto da Costa et il sait, à 30 ans, que l'OM constitue sa dernière chance. Sur sa valeur intrinsèque c'est un excellent joueur, en revanche, c'est un nouveau pari pour l'OM vu sa saison dernière totalement ratée pour des motifs extrasportifs. À noter qu'il parle français, ce qui va beaucoup faciliter son intégration.

Souvent abusivement assimilé au médiocre de Ceglie, Rolando s'apparente selon moi plus à Diarra ou Diaby, soit un joueur international de 30 ans, qui à son apogée, était du niveau d'un très grand club, mais qui sort d'une saison blanche et qui joue ses dernières cartes. Diarra est une franche réussite, Diaby une inconnue, il reste à donner un peu de temps à Rolando avant de tirer des conclusions sur ce qu'il peut apporter à l'OM.

On finira l'article avec une citation d'Eliaquim Mangala tirée de l'excellent portrait que lui a consacré Nicolas Vilas sur Eurosport.fr.

"Il a une très bonne relance, il est très intelligent. Tactiquement, il est très bon. Il sait replacer sa défense, c’est un vrai leader sur le terrain, un compétiteur qui va apporter son expérience."

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