FIFA 16 ou la révélation.

Comme vous le savez si vous suivez les PoF-Art, j’ai acheté FIFA 16. Qu’est ce que j’en pense ?

Encore un FIFA ? T’en as pas marre ?

Cet article commencera par une longue série de disclamers que je me dois de mettre en œuvre sous peine d’être taxé de facilités journalistiques ou de malhonnêteté intellectuelle, ce qui serait d’une injustice sans borne.

Sachez tout d’abord que je n’achète au mieux qu’un FIFA sur 2 depuis quelques années, nul besoin de vous dire pourquoi, vous devez probablement être au fait de la série dont l’épisode suivant n’est souvent qu’une mise à jour ou un patch correctif de la version précédente, certaines années à un tel point qu’on pourrait presque employer le mot « arnaque » pour qualifier les méthodes d’EA Sports. Toutes les comparaisons que je serai amené à faire dans cet article concerneront donc FIFA 14.

Je vous informe également que cet article n’est PAS un test, c’est simplement mon ressenti après quelques heures de jeu. En outre, je ne parlerai quasiment que du Gameplay et d’Ultimate Team, la raison en est simple : Je ne joue qu’en ligne.

Année après année, je me suis lassé de jouer contre le CPU, exercice qui m’ennuie plus qu’autre chose, non pas parce que « LOL L’ORDINATEUR EST TROP NUL » (Je suis nul aussi) mais surtout parce que jouer contre un autre être humain est autrement plus gratifiant et fort en sensations que de jouer contre l’ordinateur. En fait, depuis FIFA 14, je ne joue qu’à Ultimate Team qui est encore le seul mode en ligne comportant un intérêt hors Gameplay. Les « saisons » en ligne sont vides de sens, il n’y a aucune carotte, aucun intérêt autre que faire des matchs alors que la volonté de gagner des crédits, de vendre ses cartes et de composer une équipe cohérente est bien plus intéressante.

Enfin, je vous prierai de ne pas me rétorquer en commentaires : « Tu dis tout ça parce qu’en fait, t’es nul ! » Oui, je suis nul à FIFA, mais j'aime le foot et les jeux vidéos, je suis la cible parfaite pour EA Sports. Que je sois nul ou pas n’entre pas en considération. La seule considération acceptable est : « Nul ou pas, est-ce que je m’amuse ? »

Voila, normalement, j’en ai fini avec les disclamers, si vous trouvez que ma démarche est journalistiquement déplacée ou incongrue, vous pouvez bien aller…

 

D’ACCORD, D’ACCORD ! Alors, c’est bien ou quoi ?

Les années se suivent et se ressemblent pour FIFA, si je me souviens bien, la dernière grosse évolution de Gameplay a été l’introduction des 2 touches « pression défensive » et « intervention » qui mit fin à la « défense facile » au sein de laquelle il suffisait de rester appuyé sur une touche et d’attendre que votre joueur prenne le ballon à l’adversaire.

fifa-16-demo-6

Depuis ce changement, j’ai beau réfléchir, je ne vois aucune amélioration de Gameplay notable… La gestion des contacts a été améliorée (j’y reviendrai), des dribbles et des animations de contrôle de balle ont été rajoutés, d’interminables tutoriels de création de tactique aussi mais tout ça ne sert à rien ou pour être plus précis, tous ces points ne sont que des améliorations ponctuelles que n’importe quel éditeur aurait introduit sous forme de patch correctif améliorant peu à peu la qualité de leur jeu, pas en vendant un opus tous les ans à 70 euros, mais ça, on le sait tous.

Comme d’habitude, il convient de préciser que nonobstant toute comparaison avec un opus précédent et en prenant FIFA 16 pour ce qu’il est, c’est une excellente simulation de foot, surement la meilleure de tous les temps (Bien que PES revienne en force), mais là où tous les journalistes arrêtent de parler du jeu « seul » et embrayent sur les comparaisons et améliorations par rapport à l’opus précédent, j’ai envie de m’étendre sur FIFA en tant que jeu vidéo.

WOAH PoF, QUEL COURAGE !

Et pourquoi j’ai envie de faire ça ? Tout simplement parce qu’à force de jouer, j’ai fini par me rendre compte de quelque chose de gênant : FIFA, c’est pas très amusant.

Et vous lisez ça de la part de quelqu’un qui joue à FIFA depuis le 96 et qui avant ça jouait déjà à Super Soccer, à Kick Off ou à Sensible, le problème ne vient donc pas du fait que je ne serais pas bon public pour un jeu de foot, non.

Le problème vient du désir de réalisme à outrance dont fait preuve EA depuis leur retour à la simulation et l’abandon de l’arcade. Cette espèce d’obsession du « toujours plus réaliste » a complètement tué le fun du jeu si bien qu’on finit par y jouer machinalement en espérant un jour retrouver le fun d’antan, de la même manière qu’un drogué continue à se shooter pour retrouver l’ivresse de son premier fix.

Avec une probabilité de blessure de 82% à chaque action d'Abou Diaby, le réalisme a été poussé à l'extrême.

Pour faire plus réaliste, EA a rajouté des animations. Par exemple, quand on reçoit le ballon et qu’on veut se retourner, tout est plus détaillé, donc plus lent, donc plus frustrant, moins dynamique et moins fun.

« Oui, mais c’est plus réaliste ! »

 

Pour faire plus réaliste, EA nous empêche de contrôler les joueurs une fois que le jeu est arrêté. Moi, j’aimais bien tirer sur l’arbitre ou faire un gros tacle bien énervé pour rigoler alors que la mi-temps a été sifflée. C’était inutile, mais rigolo. Maintenant, on ne peut plus faire ça.

« Oui, mais c’est plus réaliste ! »

 

Pour faire plus réaliste, EA a bridé les tacles glissés pour qu’ils ne touchent quasiment plus jamais les adversaires. Moi, j’aimais bien défoncer des mecs à coups de gros tacles par énervement, c’était marrant. Maintenant, on ne peut plus faire ça... On ne peut même plus tacler le gardien quand il a le ballon dans les mains...

« Oui, mais c’est plus réaliste ! »

 

Pour faire plus réaliste, EA a modifié les collisions et la physique des joueurs, ce qui est plutôt sympa mais qui donne lieu à des situations complètement ridicules. Par exemple, un joueur est au sol, un autre avance vers lui, l’effleure et fait un double salto avant à la Valbuena… Par contre, l’arbitrage n’a pas été « mis à l’échelle » de ces contacts, par conséquent, il est fréquent que la situation que je décris là donne lieu… à un penalty/carton rouge contre le joueur au sol.

« Oui, mais c’est plus…Ah, mais non en fait ! »

 

Et on touche au véritable problème de FIFA : La surenchère de réalisme entraîne de l’irréalisme parce qu’on ne peut pas imiter parfaitement la réalité avec des ordinateurs. Par conséquent, cette volonté de coller le plus possible à la réalité nous donne un jeu qui s’en éloigne de plus en plus. Les matchs et les joueurs sont lents, les joueurs mettent beaucoup trop de temps à se retourner, les collisions sont tellement réalistes qu’elles en deviennent ridicules et hors-sujet et surtout : Le fun a disparu.

Je ne m’amuse plus en jouant à FIFA, j’ai l’impression de jouer à un jeu de gestion chiant où tout est géré par des probabilités… « Mon joueur a 85 en tir, sachant que le gardien a 80 en « arrêt », que je suis sur mon mauvais pied et à 25 mètres des cages et en tenant compte du script FUT (héhé) et aussi du fait que je suis mené 1-0 et qu’on est à la 85ème minute , j’ai donc 5% de chance de marquer, 55% d’obtenir un corner et 40% de tirer au dessus ou à côté. »

C'est le moment ou jamais d'appuer 2 fois sur X et de prier !

Et à cette impression d’être prisonnier des probabilités (dont certaines sont très injustement réduites par l’ordinateur), il faut ajouter l’impossibilité totale de faire un match correct avec une autre équipe que le Barça, le Real ou 2-3 autres équipes.

Les équipes plus « modestes » te donnent l’impression qu’elles ne sont même pas composées de joueurs de foot capables de marquer d’une frappe en dehors de la surface. Pourtant, en D2, ça arrive, non ?

Voila une autre limite au réalisme… L’utilisation à outrance des probabilités rend le jeu complètement stupide… Essayez de marquer un but à l’extérieur de la surface avec Michy, vous comprendrez de quoi je parle.

TU MARONNES, C’EST TOUT !!

Le pire, dans tout ça, c’est qu’après avoir écrit cet article, je vais retourner jouer, certes en étant de moins en moins dupe et en sachant pertinemment que je ne vais pas m’amuser, mais je vais y retourner quand-même et c’est là la force de FIFA. Arriver à te faire t’accrocher au jeu alors que tu ne t’y amuses plus... Ma conclusion est donc tout simplement que FIFA 16 est une très bonne simulation de foot, mais un mauvais jeu vidéo.

En tout cas, je pense que cette fois, on ne m’y reprendra plus et que sauf grosse révolution de Gameplay, FIFA 16 sera mon dernier FIFA.

 

Disclaimer (encore) : les jolis screenshots de cet article sont issus de Google Images. Si cela pose problème à certains, qu’ils le disent et je les enlèverai en grommelant un peu.

 

 

 

6 comments

  1. Anonyme 12 octobre, 2015 at 22:48

    Fifa fonctionne car EA en a fait un jeu qui permet à tout le monde de s’y retrouver, (mode carrière, Mode fut, draft, clubs pro, en ligne). La plupart des gens que je côtoient ne s’intéresse qu’à un mode de jeu. Ce qui a fait le succès de fifa c’est le mode fut, pouvoir avoir Messi et Ronaldo dans la même équipe tout le monde en rêve.

    Quant au gameplay il y a 2 visions qui s’affrontent ceux qui veulent faire un jeu à la barcelonaise (qui peuvent le faire sur cet opus) et ceux qui veulent s’amuser.

    Ea gagne énormément d’argent grâce au mode Fut combien de personnes autour de vous sont prêt à mettre 10 euros pour ouvrir des packs. Vous imaginez en plus de payer 70 euros sur la vente du jeu, le panier moyen d’un joueur fut par rapport à un joueur de gta ou autres et sans commune mesure.

    Je reste un fan de fifa mais il est vrai que j’aimerais que les choses évoluent par rapport à l’argent qu’il y a autour. Il est quasiment impossible pour une personne lambda qui ne met pas d’argent d’avoir une star dans son équipe comme messi ou ronaldo en fin de jeu.

    • PoF 13 octobre, 2015 at 16:23

      Exact.

      Je n’ai jamais mis un centime dans FUT et au bout d’un moment, on se retrouve un peu perdu à la frontière entre les très bons joueurs et les « top joueurs » dont on a l’impression qu’ils seront à jamais inaccessibles.

      Et on ne m’enlèvera pas de l’esprit qu’il se passe plein de choses très bizarres dans FUT. Quand tes joueurs se mettent inexplicablement à faire n’importe quoi jusqu’à ce que t’achètes un pack et change un joueur et que tout revient à la normale, je veux bien que les marseillais comme moi soient paranos, mais parfois, on commence vraiment à se demander…

      Sinon, j’ai essayé de faire un match normal en ligne avec le Barça (Par « pur hasard », mon adversaire avait le Barça aussi) et effectivement, le jeu est beaucoup mieux quand on joue hors FUT et avec une top-équipe. Ça va plus vite, les passes arrivent mieux, les joueurs contrôlés par l’IA se placent mieux… Le jeu est meilleur et c’est vraiment vraiment fatigant de se dire qu’on ne peut pas prendre de plaisir avec son équipe préférée.

  2. Anonyme 12 octobre, 2015 at 13:34

    Une lecture qui fait bien plaisir, qui rappelle en quoi FIFA (mais c’est une tendance amorcée il y a plus de 10 ans) est une imposture : car ce n’est pas une simulation sportive, mais une simulation de RETRANSMISSION sportive. Les codes ne sont pas ceux du foot, mais ceux du match du Dimanche soir sur Canal +. C’est ce réalisme-là qui est visé, depuis les pubs sur le bord du terrain jusqu’aux cut-scenes d’engueulades avec l’arbitre.

    D’autant que le réalisme se limite à un réalisme du modèle physique, et que le jeu de foot « de simu » échoue encore et toujours à recréer l’essence tactique du match de foot : la recherche de l’espace, et du décalage. Idéalement, dans un jeu de foot réaliste, tu devrais contrôler TOUT LE MONDE sauf le porteur du ballon. Et pas faire la passe au joueur démarqué par le jeu des scripts et du hasard.

    Et en fait, un jeu de foot devrait être comme un jeu de baston : un set réduit d’équipes, chacune avec une identité bien définie, voire même des coups spéciaux, de sorte de faire s’affronter des styles de jeu, pas des feuilles de stats. Au lieu de proposer 400 clubs pour qu’au final, tout le monde joue avec les cinq mêmes.

    Ce n’est pas le réalisme d’ISS Pro Evolution qui en a fait une date importante : c’est qu’il offrait au joueur un contrôle suffisant pour résoudre les défis proposés. Une grammaire simplifiée (une/deux, frappe de loin, passe en profondeur, dribbles chaloupés) pour déstabiliser un adversaire, qui devait s’adapter et trouver les parades. Aujourd’hui, la grammaire s’est enrichie mais le jeu n’exige même pas que l’on s’en serve, et les matches sont gagnés ou perdus au gré de situations sur lesquelles on n’a qu’une prise très limitée : FIFA n’est même pas vraiment un jeu vidéo. Ce qui n’est pas si grave, puisque ce n’est pas aux amateurs de jeu vidéo qu’il s’adresse.

    • PoF 12 octobre, 2015 at 14:42

      EA Sports et Konami s’éloignent de plus en plus du fun vers une guerre du réalisme hors-sujet qui n’en sera jamais… Et à la limite, on ne peut pas leur en vouloir puisqu’il y a un énorme public pour ça et que leurs jeux sont « bien emballés ».

      J’en veux juste aux autres éditeurs/boites de dev de pas tenter le coup avec un jeu de foot « différent ».

      Si j’étais patron d’un studio de JV, je sais d’avance ce qui aurait un succès monstrueux.

      Un jeu de foot modeste, en ligne uniquement avec du 5v5 (Voire du 11v11 à terme) où chacun contrôle UN SEUL joueur. Des graphismes un peu cartoon, des coups spéciaux (Pas trop abusés) et du fun à outrance.

      Psyonix a absolument tout compris avec Rocket League : Quand on fait un jeu, on pense au FUN qu’il va apporter et ensuite, on habille ce fun avec du Gameplay, des Graphismes et compagnie.

      • Fred_TLSMF 19 octobre, 2015 at 13:23

        Bah joue à Mario Smash Football sur gamecube alors c’est exactement ce que tu demandes (sauf que le mode en ligne est remplacé par 4 manettes…)

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