OMFORUM DÉCRYPTE | Mercato de prêts, Mercato au rabais ?

OMForum décrypte | Le dernier mercato d'été a été vu par beaucoup comme un mercato au rabais, symbole d'un manque d'ambition généralisé de la part de l'OM, afin, pour certains de rendre la mariée plus belle pour une éventuelle vente, pour d'autres, afin de permettre à Margarita Louis-Dreyfus de se rembourser, et enfin pour les derniers, mercato d'opportunités, réalisé sans ligne directrice.

Cet article n'a pas pour but de répondre à ce débat (par définition, personne n'a de réponse) mais plutôt de traiter de la question des prêts, qui ont concentré une partie importante des critiques.

Lors de ce mercato d'été 2015-2016, l'OM a effectué 5 transferts "classiques" (Ocampos, Rekik, Sarr, NKoudou, Rolando), a fait signer 3 joueurs libres (Pelé, Diarra, Diaby) et a effectué un nombre record de 5 prêts : un avec option d'achat obligatoire (Cabella), deux avec option d'achat (Manquillo, Isla) et deux sans option d'achat (Lucas Silva, de Ceglie). Et encore, Denayer, le 9 remplaçant dont l'absence est tellement critiquée et Lamela auraient également pu arriver en prêt.

Chacun de ces types de prêt est tellement différent qu'il faut les aborder séparément pour mieux comprendre les mouvements effectués lors du dernier mercato.

Le prêt avec option d'achat obligatoire

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Comme l'expliquait très bien Dominique Rousseau dans son papier sur les cahiers du football, le prêt avec option d'achat obligatoire est une création très récente, mais qui s'est multiplié comme des petits pains depuis deux intersaisons. Ce transfert déguisé permet essentiellement d'imputer comptablement, sous réserve de clauses parfois baroques, un transfert sur l'exercice suivant. Il est surtout utilisé par les clubs souhaitant rester dans les clous du fair-play financier.

Dans le cas de l'OM, en plus de retarder le premier paiement du transfert de Cabella, à un moment où le club manquait de liquidités, le prêt avec option d'achat obligatoire a surtout permis à Newcastle d'assumer une partie importante du salaire de Cabella pendant une saison, permettant à ce dernier de toucher encore un an son confortable salaire, tout en respectant le salary cap de l'OM. Il s'agit donc d'un artifice comptable et financier, mais nous sommes clairement devant un transfert.

Le prêt avec option d'achat

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Un prêt avec une option d'achat abordable constitue un mouvement presque idéal pour le club acheteur, qui bénéficie d'un joueur pendant un an et qui peut l'acheter au prix convenu avec le club vendeur, s'il donne satisfaction. Le prêt avec option d'achat c'est un genre de satisfait ou remboursé appliqué au marché des transferts, sauf qu'en plus tu bénéficies d'un an sans payer de traites. Encore mieux que Darty !

Le cas Manquillo est une illustration très intéressante des mutations du marché de transferts. Le jeune latéral droit, grande promesse espagnole à ce poste, a perdu sa place sur une grave blessure et par la suite a été barré à l'Atletico par l'excellent Juanfran. Le club croyant tout de même beaucoup en lui a refusé une offre de transfert de 15 millions d'euros en janvier 2014, avant de finalement le prêter deux ans avec une option d'achat plutôt basse à Liverpool (de l'ordre de 6 millions d'euros). Cette option d'achat contenait une clause de rachat prioritaire pour l'Atletico, activable seulement en cas de qualification en Ligue des Champions. Liverpool a finalement mis fin au prêt au bout d'un an, mais les conditions sont probablement du même ordre pour l'OM. Du coup, il est extrêmement compliqué de savoir si les termes du prêt sont favorables ou non à l'OM, cela dépend du montant de l'option d'achat et celle de la clause éventuelle de rachat.

Pour le cas Isla, la Juventus a essayé d'en tirer un montant important suite à son excellente Copa America, ce qui a abouti à l'arrêt des discussions avec Séville qui avait proposé 8 millions d'euros en Juillet. Le fait de le prêter gratuitement avec en plus une option d'achat évaluée à 7 millions d'euros est clairement lié au transfert de Lemina. Et si l'opportunité de cette signature peut se poser, l'OM ayant déjà deux très bons latéraux droits, les conditions de l'opération sont trés bonnes pour l'OM.

Le prêt sans option d'achat

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Le dernier bloc est constitué des prêts sans option d'achat, et il s'agit des opérations les plus intrigantes pour l'observateur de l'OM. Pour la première fois, l'OM accepte de recevoir un joueur en prêt sans possibilité de l'acquérir. Si le prêt de Denayer ne s'est pas concrétisé, le jeune belge préférant la Ligue des champions et Galatasaray, en revanche, le brésilien Lucas Silva est lui arrivé pour un prêt d'un an.

De prime abord, l'intérêt pour le club d'accueil semble très limité, car il va valoriser un actif qui ne lui appartient pas. On peut ainsi se demander pourquoi l'ASM et ses 7 autres milieux offensifs a fait le choix d'accueillir Pasalic sans option d'achat (même si ce dernier est plutôt un relayeur). Du côté de l'OM, Lucas Silva est un choix de Michel qui l'a préféré à de Guzman. Lucas Silva va jouer probablement un an pour l'OM, avec un salaire de 120 000 euros par mois. Il n'y a a priori aucun intermédiaire qui a été rémunéré par le club phocéen. De Guzman aurait coûté 5 millions d'euros, à 27 ans, pour un contrat de deux ans si on en croit la presse italienne, et avec un salaire probablement aux alentours de 170 000 euros par mois. Il faut ajouter les primes aux intermédiaires dans l'opération.

S'il reproduit l'opération l'été prochain avec Lucas Silva ou un autre, l'OM aura donc été largement gagnant financièrement. Reste à savoir si sportivement cela sera également le cas. On pourra donc vraiment juger la pertinence de l'opération à la fin de la saison prochaine. Dans ce cas précis, c'est plus notre orgueil de supporter qui est touché, nous ne supportons pas (à juste titre pour moi) d'être réduit à être un super Rennes ou un super Getafe.

Le prêt de de Ceglie est quant à lui totalement anecdotique, étant a priori 100% payé par la Juventus, pour un remplaçant, et constituant clairement une contrepartie additionnelle pour le transfert de Lemina. Il restera un an de contrat au joueur italien en juin 2016, à 29 ans, une option d'achat n'est donc pas nécessaire.

Que faut-il donc en conclure ?

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Les critiques concernant le fait que l'OM a surtout réalisé des prêts plutôt que des transferts semblent donc plutôt déplacées. En dehors du prêt de Lucas Silva, il s'agit plutôt de conditions de transferts très favorables et il semble difficile de reprocher à Labrune d'avoir bien négocié ces dossiers.

En revanche, cela ne remet pas en question les doutes sur l'opportunité de changer 75% de l'effectif, et sur les profils des joueurs qui sont arrivés, notamment en l'absence d'un attaquant remplaçant.

Comme à chaque intersaison, ce sont les résultats en championnat qui détermineront ou non si le mercato a été réussi, pas les modalités de paiement des transferts.

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