Urotsukidoji, quand Dragon Ball rencontre la bite de Cthulhu

Manga | Retour sur Urotsukidoji, une des premières incursions du hentai en France. 

Mes premières heures sur Internet m'ont permis d'écumer un certain nombre de frustrations adolescentes (je vous épargne les plus évidentes) : forums de supporters de l'OM, films de kung-fu, RPGs cultes de la Super Nintendo, exégèse(s) d'Evangelion, etc.

(D'ailleurs, si vous avez 15 ans et que vous êtes arrivés sur cette page en googlant "exégèse d'Evangelion", la voici : )

 

urotsukidoji1

 

Mais pour une raison qui m'échappe, il m'aura fallu 20 ans avant de me dire : "eh, et si je regardais la fin de Urotsukidoji ?"

 

L'ATTENTE ACCULE

 

La VHS du frère d'un pote, un emploi du temps et des hormones de collégien, une grosse envie de ne pas faire ses devoirs : voilà pour le contexte de mon premier contact avec le porno (car oui, mon premier porno était un hentai. Un problème de société que la télévision française n'a jamais eu le courage d'affronter).

Les ravages de l'âge bête, et par âge bête, j'entends "suffisamment bête pour avoir envie de jouer à Mortal Kombat". Laissant notre visionnage en suspens (une scène qui voyait le futur antagoniste du héros se faire humilier par une des filles les plus populaires du lycée, l'obligeant à lécher ses pieds sales), nous avions fini l'après-midi à faire s'étriper SubZero et Liu Kang. Tel Cthulhu, mes envies de tentacle porn resteront souterraines pendant presque deux décennies.

 

J'ÉCRIS TON NOM PUBERTÉ

 

Urotsukidoji donc, un manga de Toshio Maeda, adapté ensuite en OAV (pour Original Animation Video), version qui nous intéresse aujourd'hui (à supposer que les histoires de lycéennes qui partouzent avec des poulpes d'une autre dimension intéressent grand-monde sur un site de foot). Un cocktail chelou porn/action/humour qui ressemble à un cas limite de pitch généré par ordinateur : c'est à dire que côté cul mis à part, les codes sont exactement ceux du shonen : de la baston grand-spectacle, de la gaudriole, un héros maladroit, une petite amie (a priori) fade et ingénue, une créature sidekick-kawaii rigolol façon Oolong avec une bite, bref tout ce à quoi un adolescent des 80s/90s aspire.

Alors je ne sais pas comment fonctionnent les interdictions à la vente au Japon, mais l'idée d'une surcouche porno, toute lumineuse qu'elle soit d'un point de vue artistique, ressemble à une équation sans solution d'un point de vue commercial : créer la fiction adolescente absolue, qu'aucun ado n'aura jamais le droit d'acheter. Comme si les auteurs, se souvenant que l'adolescence est une transgression #FRANCOISEDOLTO avaient décidé que la réputation de l'anime se ferait sous le manteau, comme pour les meilleurs films d'horreur de videoclub.

Ou bien ils avaient tout simplement pigé que l'adolescence allait devenir cette période qui s'étend de 12 à 45 ans.

 

LE COLLÈGE FOU FOU FOU

 

Le pitch est assez simple : notre monde est divisé en trois royaumes. Le royaume des démons, le royaume des bêtes, et le royaume de ces gros benêts d'humains qui, évidemment, ignorent jusqu'à l'existence des deux autres. Outre une furieuse tendance à baiser dès que l'occasion se présente, ces trois espèces partagent une prophétie qui annonce que tous les 3 000 ans ressuscite le Chojin, un être élu qui s'incarne dans un humain. Pour les bêtes, il a pour mission d'unir les trois royaumes vers un idéal commun, alors que pour les démons il est l'annonce de la fin du monde. On ne saura jamais trop ce qu'il s'est produit lors des précédentes appararitions du Chojin, question qui n'intéresse visiblement pas grand monde.

Ce coup-ci, le Chojin va s'incarner en la personne de Tatsuo Nagumo, un lycéen un peu nerdy qui s'astique en espionnant le vestiaire des filles. Il est surveillé par Amano Jyaku, une bête qui le recherche depuis 300 ans. Le lycée est également infesté de démons qui sentent sa présence et en profitent pour violer des gamines avec leurs multiples bites.

 

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Genre là, dans sa bouche, c'est une bite. Avec un oeil qui te fixe avant de te jouir son sperme rose dans la gueule.

Ce démon n'est autre que l'infirmière du lycée, en train de violer Akemi Itō, fuck love interest du futur Chojin. Amano Jyaku la sauve (si on suppose qu'on sauve quelqu'un en intervenant après qu'elle se soit fait prendre par tous les trous. J'insiste : tous les trous), puis disparaît, laissant croire à Akemi que Tatsuo est son sauveur. Elle qui le méprisait accepte alors de sortir avec lui (!). Elle accepte aussi les cunni derrière un buisson au premier rendez-vous, sachez-le.
Les choses se gâtent lorsqu'intervient la soeur d'Amano Jyaku, véritable obsédée qui se faisait du bien dans le buisson d'à côté. Jalouse, Akemi s'enfuit, Tatsuo la poursuit puis se fait renverser puis meurt à l'hopital puis se réveille en Chojin puis gang-bangue un infirmière ("délicieuse petite chatte", punchline du siècle) puis détruit l'hôpital.
S'ensuivent 1h40 d'explosions géantes, de combats ultra-gores et de baises tentaculaires.

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Premier truc chelou. Le Chojin a très exactement cette gueule, et il faut attendre 108 minutes avant que quelqu'un ne se demande si, des fois, ce serait pas un gros enculé qui nous veut du mal. Dans l'intervalle, le Chojin aura violé, éventré, englouti des gens dans sa bite mais eh, si ça se trouve sa conscience nous dépasse.

 

MÉPHISTOPHALLUS

 

Ensuite, j'avais dû à l'époque accéder à une version censurée du truc, car mes vagues souvenirs s'articulaient autour des scènes les plus extrêmes de la première demi-heure : le viol à l'infirmerie, quelques uns de ces "combats ultra-gores", et ce foot-licking mentionné plus haut. Or, les péripéties qui mènent à cette dernière scène sont a priori nettement plus mémorables que la scène elle-même, et méritent d'être détaillés.

Ledit lécheur de pieds s'appelle Yūichi Niki, rival tout aussi puceau et coincé que Tatsuo, et tout aussi amoureux d'Akemi. Jaloux de leur couple, il voit dans ce pacte faustien d'un nouveau genre que lui propose un démon l'occasion de dépasser ses faiblesses, et de séduire Akemi (un bel exemple de hentai logic). Rien de plus facile, il suffit de 1/tuer des gens qui te sont proches 2/ te couper la bite 3/ la remplacer par cette bite démoniaque grise flasque et bubonique que je te tends.

Donc ouais, le mec tue ses parents, les découpe et les range dans le congélo, change de bite, lèche des pieds et se tape trois camarades jusqu'à ce qu'elles en meurent. C'est un tout petit peu différent de dedans mes souvenirs. J'avais 10 ans, je pense que j'aurais gardé ça en mémoire (Pour info, je suis le genre de mecs qui flippait devant le Muppet Show).

Je n'ai vu que les trois OAV initiaux, plus ou moins basés sur le manga d'origine. Depuis, de nombreux autres épisodes ont été édités, s'autorisant semble-t-il de plus en plus de libertés narratives, chaque nouvelle itération étant plus controversée que la précédente. Jusqu'au reboot intervenu en 2002, et qui selon wikipedia n'a retenu de la série que son ultra-violence, au détriment de son background.

Et de chercher à compléter cette épisode adolescent m'aura aidé à comprendre combien j'avais mûri : à aucun moment je n'ai pensé à acheter Mortal Kombat X.

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