Lettre à Marcelo Bielsa

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Cher Marcelo,

Il est très tard et je n’arrive pas à dormir. Pas du fait de cette cruelle défaite contre cette équipe caennaise décidemment coutumière du fait mais parce que je suis encore abasourdi (pour reprendre les mots de Vincent Labrune) par ta décision soudaine de quitter le club.

Mon premier sentiment est la tristesse. Comme je l’écrivais il y a quelques mois, j’étais déjà triste à cette époque rien qu’à l’idée de te voir un jour quitter l’OM. Aujourd’hui ce jour est arrivé et je n’avais clairement pas imaginé qu’il se déroulerait ainsi. Je suis triste parce qu’encore une fois mon club adoré se ridiculise aux yeux du monde, je suis triste car j’étais plein d’espoir pour cette saison qui dès la première journée s’enlise. J’aime profondément l’OM et avec une telle histoire, je crois que je l’aime encore plus. Et forcément ça me rend triste car je sais que dans quelques temps il se passera un énième phénomène de la sorte qui me rendra encore plus triste.

Mon second sentiment est l’incompréhension. Même si j’ai beaucoup lu sur toi, sur ton parcours et que je savais que tu pouvais claquer la porte du jour au lendemain, je n’imaginais pas que tu puisses le faire à l’OM à ce moment là de la saison alors que tout semblait aller pour le mieux. À la fois pour toi et pour le club. Je ne comprends pas pourquoi tu as choisi ce moment, je ne comprends pas pourquoi tu ne l’as pas fait plus tôt et je ne comprends pas pourquoi je n’ai pas su anticiper cette situation.

Mon troisième sentiment est la déception. Je suis déçu de ne plus te voir sur le banc de l’OM et je suis déçu par la manière dont tu es parti. Certains insulteront ton choix, certains diront que tu fais preuve d’une liberté incroyable en clamant haut et fort tes valeurs. Pour ma part, je n’éprouve aucun des 2 sentiments, je suis simplement et copieusement déçu car l’entité OM comme tu te plaisais à l’appeler se trouve désormais bafouée par cette situation ubuesque.

Mon quatrième sentiment est la colère. La colère car une part de moi se sent trahie par une personne que j’ai profondément aimé. L’amour est ainsi, ce sont les personnes que l’on aime le plus qui nous font souffrir, mais je pense sincèrement que tu aurais pu atténuer cette peine en ne choisissant pas de nous quitter si tôt et de cette façon. Je suis en colère car avec tout l’amour que l’on t’a donné, tu aurais pu le prendre en considération au moment de ta décision.

Je ne regrette pas la façon dont je t’ai souvent défendu, je ne regrette pas la façon dont je t’ai aimé, je regrette de m’être mis des œillères qui m’ont fait oublier à quel point ton attitude de « Loco » pouvait surgir à n’importe quel moment. Mais tu sais on est comme ça nous aussi, on est fou quand on aime, on ne compte pas et on aime toujours dans l’excès, c’est ce qui nous caractérise.

Même si tu n’as gagné aucun titre avec l’OM, je ne te cracherai pas dessus comme je n’ai pas craché sur Deschamps quand il est parti. Je refuse de retourner totalement ma veste tant le bonheur que tu m’as apporté est grand mais sache malgré tout que la trace indélébile que tu auras laissé en moi sera à jamais maculée par ces sentiments de tristesse, d’incompréhension, de déception et de colère qui auront suivi ta décision de quitter le club de mon cœur. Malgré tout l’amour que j’ai eu pour toi, je me sens désormais trahi parce que même si c'est - peut-être - de la faute de MLD, tu aurais pu agir différemment... La tristesse durera toujours.

Au revoir Marcelo, merci pour ce que tu nous as apporté, pas merci pour la fin de l’histoire et bonne route à toi même si le cœur ne le pense qu’à moitié. J'ai envie de ne retenir que le positif de ton passage à l'OM mais je pense que je n'en suis pas capable aujourd'hui, il me faudra en effet quelques mois pour digérer tout cela et peut-être alors que ce sentiment de tristesse de ne plus te voir sur le banc de l'OM rejaillira.

 

Lino T.

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