JEUX VIDÉO : LES CHEVALIERS DE BAPHOMET, LA MALÉDICTION DU SERPENT

Rétro Jeux vidéo : retour sur le cinquième volet de Broken Sword, plus connu sous le nom des chevaliers de Baphomet.

 

Les Chevaliers de Baphomet : La Malédiction du Serpent

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Sorti en 2013 et issu d'une longue et illustre lignée (il s'agit du 5ème épisode d'une série commencée en 96 (!) sur PC et PS1), le dernier volet des chevaliers de Baphomet (en bon franchouillard, je préfèrerai ici le titre français) arrive un peu de nulle part.

 

Je préfère vous prévenir, je vais faire comme si les 3ème et 4ème opus de la série n'existaient pas. Ce sont certes des point&clic, mais des point&clic qui ont cédé à la mode du tout-3D de l'époque et ce sont tout simplement de mauvais jeux. (le 3 étant clairement un TRÈS mauvais jeu, avec carrément des phases de plate-formes pourries et plus d'être hors-sujet). D'ailleurs, ce nouvel opus fait également mine d'oublier ces deux épisodes-là, qu'il cite à peine alors que les références aux deux premiers pullulent ... Même le génial Charles Cecil, créateur de la série, semble les renier comme s'ils étaient ses enfants handicapés.

 

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Et puisqu'on est au rayon disclaimer, il faut que vous sachiez que mon avis va être fortement conditionné par la nostalgie et l'amour insondable que j'ai pour la série et surtout son deuxième épisode (Les boucliers de Quetzalcoatl) qui fut mon tout premier point&clic, avant même que je découvre Monkey Island et compagnie - huez-moi. La mauvaise foi risque donc d'être de mise, mais j'assumerai. De plus, les quelques personnes qui ont connu les premiers épisodes sauront de quoi je parle.

 

Curious George

 

Dès le début du jeu, on s'aperçoit avec soulagement d'une chose : Les doubleurs français emblématiques de la série ont repris du service et la magie opère instantanément. Entendre George Stobbart (2 B, 2 T) avec son accent "américain" (un peu anglais aussi, dans les faits) est une véritable madeleine de Proust qui m'a complètement replongé en enfance, quand je jouais aux anciens jeux sur PS1, en cachette la nuit dans ma chambre.

 

Le doublage de George est d'une telle qualité et colle tellement bien au personnage et à son caractère un peu "innocent mais malin" qu'il te fait le jeu à lui tout seul. C'est assez rare pour être souligné, le doublage du personnage principal (en français, en plus !!) est l'un des, sinon le gros point fort du jeu.

Les personnages principaux des point&clic ont souvent tous le même caractère, caractère qui correspond très bien au style de jeu. Ce sont souvent des persos en apparence un peu naïfs, mais qui sauront faire preuve d'ingéniosité, d'humour et souvent d'ironie (George ressemble en ça au Guybrush des Monkey Island, ou au héros de Runaway) mais George obtient un bonus-charisme hallucinant de part sa voix, sa façon de parler et l'écriture géniale de ses lignes de dialogue.

 

Ok, George est cool. Et le jeu, alors ? Je sais pas moi, y'a une musique par exemple ?

 

Dans la lignée des dialogues et des voix, la musique contribue aussi au côté "madeleine de Proust" puisqu'on retrouve cette ambiance sonore très caractéristique de la série. Des petites mélodies très courtes, souvent au piano, à base de notes longues qui jouent quand on débarque sur un nouveau décor... Sans être inoubliables, les musiques servent très bien la narration, notamment lorsqu'il faut faire monter la pression et signifier que quelque chose d'important est sur le point de se produire.

 

C'est un point&clic quand-même, ça a intérêt à être beau, non ?

 

De manière générale, j'ai tendance à ignorer les graphismes, et je considèrerai toujours que le gameplay sera prépondérant. Ceci dit, dans un point&clic où l'on passe tout son temps à examiner des images fixes pour trouver des trucs, c'est un peu différent, les graphismes deviennent primordiaux.

 

Le jeu opte donc pour de bons vieux graphismes en 2D à l'ancienne, avec les sprites des personnages en "fausse 2D". Ceux-ci sont très bien modélisés, le "cel shading sans contours" fonctionne bien et n'est pas agressif pour un sou. Les persos ne jurent pas avec les décors comme dans certains jeux du genre. C'est très bien foutu de ce côté-là et les animations sont globalement très réussies, ainsi que les scènes cinématiques.

 

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Et les décors alors, c'est important, non ? C'est là qu'on va s'emmerder à chercher des objets pour les combiner n'importe comment...

 

Les décors sont somptueux, et c'est un dessinateur qui le dit. Ce n'est pas le seul point&clic à proposer des décors magnifiques -la série des Runaway proposait très souvent des décors très très propres - mais ce Broken Sword a quelque chose pour lui, quelque chose en plus. Du caractère. Une qualité de dessin suffisante pour se permettre de petites erreurs de perspective. Un peu comme quand un grand guitariste genre Alvin Lee te fait un solo de fou et fait oublier par son charisme et son talent toute une bardée de fausses notes, au point de te faire croire qu'il a fait exprès. Et ça passe.

(Ou quand un entraîneur est tellement génial que lorsqu'il démissionne en catastrophe et part comme un voleur, c'est forcément pour de bonnes raisons)

De plus, il y a cet espèce de style qui donne parfois l'impression qu'il n'y a même pas d'encrage, que les couleurs sont faites directement sur le crayonné. C'est impressionnant de maitrise et de style.

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Et le scénar alors ?

Comme d'hab, on suit les aventures de George (reconverti en agent d'assurances) et Nico (toujours journaliste) et comme d'habitude, le cheminement est un grand classique des Broken Sword : un meurtre, une enquête sur fond de religion/mythologie qui va mener à une fin un peu fantastique/mystique en apothéose.

 

C'est comme à chaque fois excellemment scénarisé, très bien écrit, le scénario est prenant, on a toujours envie de connaitre le fin mot de l'histoire, le background avec les gnostiques est très intéressant et le "fond de vérité" qui se dégage de l'ensemble, toujours basé sur des mythologies ayant existé, et faisant référence à des personnages historiques ou bibliques, fonctionne à merveille, sans oublier ces dialogues qui encore une fois sont parmi ce qui se fait de mieux dans le jeu vidéo. C'est vraiment très marrant.

 

MAIS POF, ÇA M'A L'AIR GÉANTISSIMO !! Mais je te vois venir, y a des défauts....

 

En fait, y en a qu'un seul... Mais c'est un défaut très problématique. Le jeu est facile. Et franchement, j'emploie le mot facile parce que j'ai pas de mot plus fort dans mon vocabulaire. Tout ce qu'on doit faire est guidé : on a besoin d'un fil électrique ? On fouille les décombres à 2 mètres et MIRACLE, DES FILS ÉLECTRIQUES ! Le jeu prend le soin de ne jamais embrouiller le joueur. Par exemple, quand dans les anciens opus on pouvait se balader sur 4 ou 5 écrans de jeu, le jeu ne permet en général pas de changer d'écran pour la recherche : "Oh non, je ne vais pas partir maintenant, j'ai encore des choses à faire ici !"

 

Ça rend la résolution des puzzles et énigmes bien trop évidente et c'est parfois très frustrant. On ne réfléchit pas. On fait ce qui nous passe par la tête et ça passe. On a un canif ? Cool, il va ouvrir la moitié des portes/coffres fermés du jeu. Tout ce dont on a besoin se trouve en général dans notre poche ou à quelques mètres bien en évidence par terre.

La difficulté monte en flèche sur la fin, mais c'est trop brusque, et trop tard. Pour tout dire, j'ai été bloqué 2 fois dans le jeu (contre plus d'une dizaine de fois par jeu habituellement), et par "bloqué", j'entends "j'ai dû passer plus de 10 minutes à trouver la solution" ... La majorité des énigmes du jeu se résolvent instinctivement (et donc du premier coup).

 

Ceci dit, la narration est si fluide que je ne peux pas en tenir rigueur au jeu. L'histoire et le charisme des personnages (secondaires aussi !) sont tels que je lui pardonne tout. Oubliez un instant vos blockbuster et vos CALOF, jouez à "La malédiction du serpent", vous ne ne regretterez pas.

 

P.S. : Les épisodes 1 et 2 ont été remastérisés depuis le temps et ça vaut le coup de s'y replonger, je dis ça je dis rien. Tous sont disponibles à la vente, par exemple sur gog.com.

3 comments

  1. Michaël 11 novembre, 2017 at 01:15

    Les épisodes 1,2 et 5 sont vraiment les meilleurs. J’adore leur doublage et leurs musiques. Si cela intéresse, en voici le casting :

    (Les Chevaliers de Baphomet 1)
    Bande originale : Barrington Pheloung, Miles Gilderdale, Jade Herbert

    Voix françaises :
    Emmanuel Curtil
    Nathanièle Esther
    Pierre Hatet
    Philippe Peythieu
    Danièle Hazan
    Gérard Dessalles
    Christian Mulot
    Françoise Cadol
    Martial Le Minoux
    Michel Le Royer
    François Jaubert
    Kris Bénard
    Pierre Prévost
    Jérôme Keen
    Marie-Dominique Bayle
    Laurence Lefèvre
    Philippe Bozo
    Sophie Cristobal

    (Les Chevaliers de Baphomet 2)
    Bande originale : Barrington Pheloung, Don Black, Bob Sekar

    Voix françaises :
    Emmanuel Curtil : George Stobbart
    Nathanièle Esther : Nico
    Gilbert Levy : Tabtic, Glease, shaman, Titipoco, employé 2, guitariste, Robert Foster
    Pierre Hatet : Karzac, Père Hubert
    Patrick Borg : André Lobineau, employé 1, Haïku Mc Ewan, Joe
    Françoise Cadol : Pearl Anderson, Concha Garcia, jeune japonaise 1, marchande 4, Fleecy
    Régine Teyssot : Frost Ketch, Emily Ketch, Sharon Kowalski, Rio
    Danièle Hazan : Mina Ketch, la Présidenta, jeune japonaise 2, marchande 3
    Jean-Claude Sachot : Professeur Bertrand Oubier, garde barrière, Bert Savage, Sacco
    Martin Brieu : marchand 1
    Christian Mulot : Duane Anderson, Flash, garde pyramide, batteur
    Patrice Baudrier : Pablo, Général Raoul Grasiento, Hector Laine, Teezac, employé 4
    Pierre-François Pistorio : Miguel, serveur, Carlton Hawks, marchand 2
    Yves Barsacq : gardien musée, Bronson, gendarme, Rénaldo, employé 3

    (Les Chevaliers de Baphomet 5)
    Bande originale : Barrington Pheloung, Miles Gilderdale

    Voix françaises :
    Emmanuel Curtil : George Stobbart, chèvre
    Nathanièle Esther : Nico
    Olivier Peissel : soldat des années 1930, Gehnen, Marques, interlocuteur radio, soldat
    Gabriel Bismuth : Adam, Bassam, Hernandez
    Odile Schmitt : Annette
    Pascale Chemin : Bijou
    Coralie Coscas : Eva, Kat, téléphone, Sofia, Tannoy, interlocutrice radio
    Marie-Laure Beneston : Fleur
    Hervé Caradec : Henri, souris, Moue
    Thierry Kazazian : Hobbs, Waterloo, interlocuteur radio
    Stéphane Ronchewski : Joey, Navet, Ramon (jeune)
    Patrice Baudrier : Hector Laine
    Sébastien Desjours : Langham, interlocuteur radio
    Frédéric Souterelle : Medovsky
    Virginie Ledieu : Piermont
    Pierre Laurent : Ramon (vieux), Père Siméon, interlocuteur radio
    Christian Pelissier : Rickenbacker
    Martial Le Minoux : Ronnie, Xavier
    David Krüger : Shears
    Tom Rabat : Tiago
    Xavier Fagnon : garçon de café
    Patrick Borg : Boris, interlocuteur radio
    Christian Mulot : interlocuteur radio, Duane Anderson
    Eric Peter : interlocuteur radio, Sergei
    Gilbert Levy : interlocuteur radio, Vlad
    Céline Melloul : Pearl Anderson

  2. PoF 18 août, 2015 at 10:27

    Bédé : Merci pour la mise en forme ! Par contre, y avait un screen de Runaway au milieu des screens de Broken Sword et le dernier screen que t’as mis n’est pas tiré du 5, mais plutôt du remastering du 1.

    Je les ai virés.

    (Bien joué l’ajout de la référence à Bielsa :D)

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