Abou Diaby : le temps te donnera raison

J’ai découvert Abou Diaby en 2002 grâce à ce reportage mythique diffusé sur Canal + “A la Clairefontaine” où la chaîne suivait alors des jeunes espoirs français promis pour certains à un grand avenir. Abou avait alors 15 ans et était accompagné dans ce reportage par de nombreux joueurs qui feront carrière par la suite, par des joueurs qui ne feront pas une carrière florissante et surtout par un certain Hatem Ben Arfa. Déjà, les 2 joueurs semblaient être sur une autre planète.

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L'appel de Londres

Lorsqu’il fait ses premiers pas en Ligue 1 avec l'AJ Auxerre, je ne m’aperçois pas encore du potentiel très prometteur de ce joueur, alors dès que j’apprends sa signature à Arsenal en 2006, je suis très sceptique de voir partir un jeune français si tôt, à une époque où l’exode des jeunes pousses françaises vers l’étranger n’est pas encore aussi développé qu’aujourd’hui.

Surtout qu’à ce moment-là, l’effectif d’Arsenal est redoutable, avec notamment un milieu de terrain très relevé et qui comprend en son sein le meilleur milieu de terrain -défensif- du monde : Patrick Vieira. Ceci ne laisse donc pas la possibilité à Diaby de se positionner en temps que titulaire… Pourtant, quelques mois plus tard, Vieira quitte le navire londonien pour rejoindre la Juventus et laisse le champ libre à Abou pour construire son destin.

Les trois premières saisons sont très encourageantes lorsque Diaby est sur le terrain. Malheureusement, ce n’est pas souvent le cas puisque ses pépins physiques commencent alors à faire surface : genoux, cheville, dos... Le joueur ne parvient pas à réaliser une saison pleine et voit sa progression s’arrêter à chaque fois que les espoirs commençaient à renaitre. L’impression de revivre des éternels recommencements à chaque retour de blessure, à chaque rechute. Malgré cela, les matchs qu'il dispute vont permettre au public d'entrapercevoir des qualités footballistiques très prometteuses chez l'ancien joueur de l'AJA.

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2008 - 2010 : Les saisons de l’explosion

Accompagné au milieu par Fabregas, Nasri, Song ou encore Rosicky, Abou Diaby réalise alors ses 2 meilleures saisons sous le maillot des Gunners qui malgré une équipe talentueuse et joueuse ne parviendront pas à remporter un seul trophée durant cette période.

D’une facilité technique déconcertante, d’une capacité d’élimination fantastique, d’une grande qualité de passe et d’une activité défensive importante, le natif d’Aubervilliers crève littéralement l’écran et s’installe aux yeux de Wenger et des supporters comme l’héritier de Captain Vieira. Il faut dire que la relève est difficile tant l'ancien capitaine des rouges et blancs a laissé une empreinte indélébile en marquant durablement l'histoire de ce club. Mais Diaby se montre à la hauteur et sa relation avec Van Persie n'est pas sans rappeler la merveilleuse entente Vieira - Henry sans les trophées.

Fort logiquement appelé par Raymond Domenech pour la Coupe du Monde 2010, il participe malheureusement au naufrage des français dans ce triste épisode désormais célèbre. Petit clin d'oeil "À la Clairefontaine", Raymond Domenech décide d'écarter au dernier moment…Hatem Ben Arfa.

La France en pointillé

La suite sera compliquée pour Abou. Déjà peu épargné par les blessures au début de son aventure londonienne, il rechute à de très nombreuses reprises, n’arrivant jamais à s’installer dans une équipe à laquelle il manque cruellement. Preuve de la confiance aveugle et de l’admiration qu’Arsène Wenger lui porte, il lui fera signer un contrat longue durée et ne cessera de lui apporter son soutien à chaque rechute.

Diaby a toujours cristallisé les espoirs de voir enfin la relève de Vieira et Makélélé éclater au grand jour. Les sélectionneurs Blanc et Deschamps ne s’en sont jamais cachés, ils sont inconditionnellement fans d’Abou Diaby et n’ont pas hésité une seule seconde à la sélectionner même quelques jours seulement après être revenu de blessure, s’attirant à chaque fois les foudres de Wenger.

Cette attente importante vient simplement du fait que le potentiel du joueur est formidable ! Les avis sont unanimes, Diaby au top de sa forme serait un titulaire indiscutable de l'Equipe de France. Depuis l’arrêt de carrière de Vieira et Makélélé, il est le chainon manquant du milieu de terrain français qui n’a pas été capable de trouver la solution à l’absence de ces 2 monstres sacrés.

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2015 : Le début d’une nouvelle histoire ?

Nous l’espérons tous. Je l’espère sincèrement parce que le joueur le mérite. Je l’espère aussi parce que l’OM a l’audace de tenter un pari que peu de clubs auraient été prêts à tenter. On peut mettre ça sur le crédit de la santé financière fragile de l’OM mais ce n’est pas entièrement vrai. En effet, l’OM aurait très bien pu prendre moins de risques en recrutant un autre joueur présentant plus de sécurité. Diaby, lui, aurait pu rester en Angleterre où il aurait surement profité d’un salaire plus élevé, il a choisi de rejoindre le Sud de la France, félicitons-le pour cela.

Qu’on aime ou pas ce joueur, qu’on aime ou pas l’OM, je pense que l’on ne peut que lui souhaiter de retrouver une santé « normale » et d’enfin montrer de quoi il est capable sur au moins 20 matchs dans une saison. De quoi lui permettre de laisser un meilleur souvenir à Marseille qu'un certain…Hatem Ben Arfa. Destins croisés. De quoi permettre également aux français de se rendre enfin compte que le pays possède un joueur d'exception que beaucoup n'ont que trop rarement vu jouer.

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Si je m'enthousiasme autant pour cette signature, c’est que j’ai toujours été un très grand fan de Diaby et que depuis de nombreuses années je partage un réel regret de ne pas le voir évoluer au niveau qui devrait être le sien, c’est à dire au sommet de la pyramide des meilleurs milieux de terrain du monde. Cela peut paraître disproportionné vu de l’extérieur mais il suffit d’imaginer la signature dans son club de cœur d’un joueur que l’on a commencé à suivre alors qu'il n'avait que 15 ans, que l’on a toujours soutenu, qui pratique un football qu'on aime délicieusement et pour qui on a une réelle affection. C’est exactement mon cas avec Abou Diaby.

Après avoir lu cet article, il faut comprendre une chose : en aucun cas je ne m’emballe sur l’avenir de Diaby à l’OM, je ne prétends pas qu’il va permettre au club d’être champion de France et qu’il sera élu Ballon d’Or. Je suis simplement HEUREUX de voir signer un joueur que j’ai toujours admiré et même s’il ne joue que 3 matchs sous le maillot marseillais, j'aurai été comblé de l’avoir vu porter ce maillot que j’aime tant.

Romeo est tombé amoureux de Juliette dès qu’il l’a aperçue. Moi je n’ai pas attendu qu’Abou Diaby signe à l’OM pour l’aimer.

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