FCGB - OM : UNE RIVALITÉ À SENS UNIQUE

Dans quelques heures, Bordeaux aura l'occasion de sceller une invincibilité à Chaban qui dure depuis trente ou deux cent ans, une stat dont tout le monde se fout comme d'un attentat au Kenya, et qui est la plus grande fierté de la ville depuis le commerce triangulaire.

 

J'écris l'histoire dans ma baignoire

Les Girondins sont comme les nazis : j'ai appris à les haïr dans les livres d'histoire. Le faux souvenir d'une double défaite en finale de Coupe de France, les passes d'armes Tapie-Bez, le camouflet du transfert de Giresse, des confrontations passionnées et des débats houleux, you name it.

Et comme les nazis, un simple examen des faits les rend bien plus sympathiques : la rivalité bricolée de deux clubs qui auront échoué à faire croire que leur popularité était autre chose que régionale, Giresse comme ersatz de l'affaire Carnus/Bosquier, et des matches oubliés à force d'être oubliables.

2015, je me fous bien des nazis et des girondins.

Un devoir de mémoire ?

Le marseillais en moi aurait pourtant de bonnes raisons de haïr ce club. Les saisons 1998/1999 et 2008/2009 en tête, quelques défaites qu'on dit humiliantes, des banderoles facétieuses, et même une belle-famille qui supporte le my-thique FCGéBé et qui de manière presque rituelle évoque ses souvenirs du « fameux » PSG-Bordeaux, comme on se rappelle de ce que l'on faisait le 11 Septembre 2001.

Ce « fameux » PSG-Bordeaux, dont on raconte qu'il aurait traumatisé des générations de supporters de l'OM, qui quinze ans après crient encore au match arrangé (leur sixième sens d'araignée sans doute). Un moment de l'histoire personnelle de tout supporter bordelais qui se respecte, l'expérience du miracle et l'espoir qu'il se reproduise, une joie indescriptible surtout, brillante et robuste comme le plus fier des diamants, le genre de trucs qu'on emporte dans sa tombe et qui nourrira les rêves des violeurs de cadavres archéologues d'après demain.

OK les mecs. Sinon pour moi, c'était un Samedi.

Et j'ai plutôt bonne mémoire, y'a pourtant rien à faire, j'oublie toujours de vous haïr. Les moustiques me piquent mais ne laissent aucune cicatrice.

Une pierre dans le jardin de Versailles

Il faut comprendre le bordelais, il faut se mettre à sa place. Le supporter olympien se désole de la désespérante inconstance du club de son coeur en même temps qu'il s'en enorgueillit. A cent à l'heure toujours au bord du précipice, la tête dans les étoiles et les pieds dans la merde, OM-Milan et OM-Forbach, « c'est ça l'OM », son tissu fictionnel (largement surjoué, mais c'est une autre histoire).

Le FCGB n'a pas cette chance.

J'ai travaillé quelques temps à Issy-Les-Moulineaux. Voyageant depuis l'Est parisien, il m'arrivait de descendre à Corentin Celton (ligne 12), à Balard (ligne 8) et pour la blague il m'est même arrivé de prendre le RER C. Les saisons bordelaises sont faites du même suspense insipide : cette année, par où va-t-on passer pour finir sixième ?

De cet océan de certitudes la venue de l'OM est l'unique vague, le navire que l'on va réussir à aborder, le butin qui nourrira l'équipage jusqu'à l'année prochaine. Et le vaisseau Olympien de poursuivre sa route, certes un peu contrarié de s'être fait taxer sa bouffe, mais maintient le cap puisque son objectif est de découvrir l'Amérique.

La rivalité Bordeaux/OM n'est pas autre chose : les premiers sont les mouches du festin des seconds, et que l'on savoure du caviar ou que l'on dévore des keftas sauce blanche, vous ne mangerez jamais que notre vieille merde.

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