L'AFFAIRE DORIA, OU LE PREMIER JALON DE LA MÉTHODE BIELSA

AMBIANCE | La sortie de Marcelo Bielsa aura fait couler beaucoup d'encre. Comme en témoigne le recrutement de Doria, la direction semble avoir tout fait pour déclencher son courroux.

 

Bien sûr, la forme est critiquable. Bien sûr, le linge sale se lave en famille. Bien sûr, s'en prendre publiquement sa direction déstabilise plus souvent un destin qu'il ne le remet en selle. On peut estimer que Bielsa a fait passer ses intérêts avant ceux du club avec cette explosion télévisée.

Mais les révélations hallucinantes faites à cette occasion, les errances de management qu'elles suggèrent, font de cette conférence un moment important de la saison, qui installe le personnage Bielsa en L1. Un mec qui n'hésite pas à mettre des coups de pied dans la fourmilière, qui ne ferme pas sa gueule quand quelque chose ne lui convient pas, quand rien ne se passe comme prévu.

 

Et il semblerait que rien ne se passe comme prévu.

 

DORIA, L'AÇAI DE LA DISCORDE ?

 

Quand on a décidé de donner les clés à Bielsa, on savait à quoi s'attendre. Lui-même revendique marcher aux principes, prône la réflexion absolue dans les décisions et quand on lui promet quelque chose qu'il n'obtient pas, il s'insurge. Mais rien de plus normal, il a l'impression d'avoir été mené en bateau durant ce mercato.

L'arrivée de Doria en dernière minute est la goutte qui a fait déborder le vase, et ce qui ressort de sa conférence de presse, c'est qu'elle va à l'encontre de la feuille de route établie, et de la philosophie Bielsa :

 

  • Doria arrive au détriment d'un joueur installé. On sait que Bielsa privilégie la cohésion du groupe plutôt que la collection d'individualités. Et il estimait certainement qu'à l'échelle de la saison, Mendes aurait été plus performant que Doria.
  • Doria est un jeune joueur brésilien, peu connu, basé en Amérique du Sud, recruté sur son potentiel plus que sur son profil. Et l'on apprend ensuite que Labrune avait précisé à Bielsa qu'il n'aurait les moyens de recruter qu'en France ...
  • Doria arrive à la dernière minute du mercato, sans même que Bielsa ne soit au courant.
  • Doria n'est pas du tout un défenseur adapté au système Bielsa. Avec Bilbao comme avec la sélection chilienne, il n'a jamais apprécié ce type de défenseurs, athlétiques et rugueux.
  • Doria ne s'inscrit pas dans une vision à moyen terme à l'OM. La stratégie de Labrune avec cette recrue s'assimile à celle de Porto. On recrute un fort potentiel dans l'espoir de le revendre quatre à cinq fois son prix d'ici un an ou deux. Bielsa l'a dit plusieurs fois : il est totalement contre le recrutement de joueurs qui viennent profiter du maillot de l'OM comme un tremplin vers de plus grands clubs.
  • Doria appartient à un fond d'investissement, il est le symbole du football-business que Bielsa abhorre. On apprend aussi que Doria était à deux doigts de signer dans un club au Moyen-Orient avant que Labrune ne le récupère. Voilà qui en dit long sur le personnage.

 

Pas besoin d'être "loco" quand on nous donne autant de raisons de péter un cable. En citant les noms de 12 joueurs qu'il avait proposé à Labrune, il montre ce sur quoi il avait vraiment travaillé, quelles étaient ses réelles pistes et surtout quels postes devaient être comblés. Bielsa voulait un arrière droit, il obtient la réintégration de Fanni. Il voulait un défenseur central supplémentaire, il y en a un qui arrive et un autre qui part...

Ses demandes n'ont clairement pas été respectées et il a tout à fait raison de le faire savoir !

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