COMMENT TWITTER RÉVOLUTIONNE LA VIE DES SUPPORTERS DE L'OM

Cette semaine, OMFORUM revient sur le mercato 2014, ses tendances fortes et ses spécificités. Aujourd'hui, comment Twitter a révolutionné le relai médiatique des transferts.

UNE PRESSE DE PLUS EN PLUS PRESSÉE

Souvenez-vous. C'était aux temps jadis, bien avant les Internets ou quand l'autoroute de l'information était limitée à 56k, l'histoire du marché des transferts s'écrivait dans l'Equipe du jour pour les plus importants d'entre eux - on se souvient de l'arrivée en grande pompe de Ravanelli - et pour le reste via le fameux tableau hebdomadaire des transferts de France Football.
Le mercato numérique se fit d'abord via ces mêmes sources dans leur version online, les sites officiels de l'Équipe et de FF se contentant de relayer les informations fournies dans leur dernier numéro. Avant que n'émergent sites spécialisés (tels foot-mercato ou maxifoot) d'abord conçus comme surcouches aux news de l'Équipe et de la presse quotidienne régionale dont ils compilent les brèves, et qui intègreront ensuite la presse étrangère (notamment leurs confrères).
C'est en utilisant Internet pour ce qu'il est (un réseau diffusant sa propre vérité, plutôt qu'une version numérique de la "vraie vie") que ces sites trouveront leur réelle vocation : en supprimant les intermédiaires, en devenant le mégaphone des agents de joueurs et de leurs intérêts, ils ont remonté le cours du buzz pour se situer en amont de celui-ci, alimentant en news pas toujours fiables les sites dont ils dépendaient hier.
Néanmoins, utilisés avec le recul nécessaire, après un travail de recoupage en en sachant reconnaître la parole d'un agent cachée dans une brève quelconque, ces sites constituaient la masse principales des infos transferts, éventuellement complétée par un Google Actualités correctement configuré pour les polyglottes.

TWITTER MOINS LE QUART AVANT JÉSUS-CHRIST

Mais l'émergence de Twitter, et son statut de catalyseur du temps internet, aura changé la donne, faisant du site spécialisé le dernier maillon à sauter, le dernier intermédiaire entre la source de l'information et ses destinataires. Lieu privilégié permettant aux journalistes spécialisés de réagir en live, aux joueurs et à leurs agents de communiquer directement, et aux passionnés du monde entier de faire suivre des nouvelles très fraîches de manière virale, sa rapidité naturelle n'est pas son seul atout.
De par son architecture et sa mécanique, et presque par accident, Twitter fournit une information en moyenne plus fiable que celle des sites spécialisés (que l'on sait adepte du racolage et des titres click bait) malgré son absence de rigueur journalistique.
Le hashtag permet de réguler le chaos polyphonique qui est la soupe primordiale du réseau social, permet une pré-centralisation de l'information, qui y circule en entonnoir jusqu'aux comptes les plus fiables. C'est que Twitter est un réseau d'influences avant d'être une communauté, où le nombre de followers fait office de mémoire et de déontologie, et garantit que plus une information est sûre, plus elle ira "loin" (comprendre : jusqu'aux comptes ayant pignon sur rue). Il y a là une curieuse inversion : une information n'est pas certifiée par la personne qui l'émet, mais par celle qui l'écoute.

TWITTER, LE TUBE DIGESTIF DE L'ÉTÉ ?

L'évolution du métier peut se satisfaire de la parabole suivante : là où le journaliste agissait en nutritionniste avisé, s'assurant de n'avoir à son menu que des aliments sains et conforme aux besoins alimentaires de son client, Twitter est un véritable appareil digestif, les organes seront alimentés, et le superflu éliminé.
Le premier modèle est théoriquement plus efficace, mais nécessite des aliments de premier choix, qui se raréfient puisqu'Internet fonctionne en cycle court et se finance au clic, favorisant ainsi les informations sucrées et les titres appétissants, sans égard pour l'esprit qui doit être nourri.
Tandis qu'indépendamment de ce qu'on lui fournit en entrée, le tube digestif assurera toujours le bon fonctionnement de l'organisme, quitte à produire énormément de merde. Quelque part, Twitter assainit la course au sensationnel à force de la banaliser, et la qualité de l'information redevient son seul vaisseau.
Si bien que pendant que les media traditionnels se répandaient en rumeurs plus ou moins fondées, sagas journalistiques durant parfois plus d'une semaine (le dossier Stambouli par exemple) et ne reposant parfois sur pas grand chose, il ne se sera écoulé qu'une demi-journée entre la naissance de la rumeur Doria sur Twitter et sa signature.
Preuve de ce nouveau mode de diffusion de l'information, OMFORUM aura été le premier media francophone à fournir une information complète et suivie sur Doria, malgré son absence de relais dans le métier.

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